1. Sièges miteux et vitre embrumée.

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Andréa, 27 juin 2016

Tout ce qui était en mon possible pour éviter son regard je l'avais déjà fait, mon téléphone portable n'avait plus beaucoup de batterie, et je n'étais pas désespérée au point de sortir le livre au fond de mon sac que ma mère m'avait obligé à amener. J'avais protesté de nombreuses fois disant que c'était inutile, que je ne le lirai très certainement pas en insistant sur le "très", mais elle m'avait eu avec sa phrase préférée qu'elle me répétait tous les jours "Andréa il faut que tu lise, tu vas entrer en première L
". J'avais mis le livre dans mon sac déjà bien remplis, sachant pertinemment que je ne le lirai pas.
J'ai jamais réellement aimé lire, la seule saga que j'avais fini était Harry Potter et j'avais mis près d'un an pour la terminer. Alors je me contentais de simplement me tenir droite sur ce siège ce qui était en réalité plus dur que ce qu'on pouvait imaginer, il était vieux et usé, j'avais la désagréable intuition que rester assise ici serait tout sauf confortable. Comme bien souvent en cas d'ennuie mon regard était attiré par toute chose susceptible de me distraire, en l'occurrence les gouttes d'eaux glissant le long de la vitre se trouvant à ma gauche. Cela me rappelait les voyage que je faisais avec mes parents étant plus petite. Nous nous rendions, la plupart du temps, dans la maison de mes grands parents dans les Vosges, mon père mettait alors un vieux groupe comme les Pink Floyd ou les Rolling Stones, à l'arrière, ma jumelle et moi tentions de chanter les paroles mais ce n'était que du charabia. A l'avant, nos parents riaient, ma mère qui conduisait nous lançait parfois des coups d'œil furtifs dans le rétroviseurs et notre père lui se retournait souvent pour nous adresser des clins d'œil que nous tentions d'imiter, vainement. Quand nous roulions la nuit, nous admirions les étoiles par le toit panoramique, notre père nous les désignait du doigt, Illeana restait éveillée, alors que je m'endormais très rapidement. Je crois que ma mère avait toujours apprécié ces voyages, après réflexion, je crois que ce qu'elle appréciait surtout c'était voir ce sourire si spécial gravé sur nos lèvres qui n'apparaissaient qu'à l'époque des vacances.

Mais le voyage d'aujourd'hui n'avait rien à voir avec les autres, nous n'allions pas rendre visite à mes grands parents, nous étions cette fois ci en route pour Paris, ce n'était plus notre voiture familiale mais un covoiturage. Les étoiles avaient laissé place à une forte pluie d'été, la musique des années 60 avait été remplacé par des titres à la mode passant à la radio, je n'étais pas sur la banquette arrière à coté d'Illeana, qui d'ailleurs n'était pas présente. Cette fois ci je devais me contenter des sièges amovibles dans le coffres avec à, ma droite, Amandine.

Quand ma mère m'avait proposé de partir en vacances, j'avais d'abord été sceptique, nous n'étions jamais parties ensemble depuis le divorce de mes parents il y a six ans, j'avais à l'époque dix ans. Les relations avec ma mère s'était dégradées il y à un peu plus de deux ans. On dit qu'à l'adolescence les relations mère-fille se compliquent, j'étais peut-être le cliché parfait de l'ado en crise. Désormais nous évitions d'avoir à nous parler plus de cinq minutes, nous savions comment finissaient nos échanges, le plus souvent en disputes. La seule raison pour laquelle j'avais accepté c'était que j'avais pu choisir la destination, j'avais immédiatement décidé de partir à Paris. Ce n'était guère original mais c'était surtout là que ma meilleure amie virtuelle que je connaissais depuis près de deux ans vivait. Par chance, elle partait dans une semaine, j'avais convaincu ma mère de me la laisser la rencontrer après multiples supplications, c'était la seule fois où j'avais demandé quelque chose à ma mère, souvent j'évitais, mais cette fois ci, j'y tenais plus que tout, je suppose qu'elle avait finit par intégrer que c'était important pour moi.

Quand ma mère m'avait demandé si je préférais partir en covoiturage ou en bus j'avais haussé les sourcils comme pour lui demander si elle était sérieuse, mais à son expression de visage on voyait qu'elle ne plaisantait pas, ça me paraissait bizarre étant donné que nous partions toujours en train, je suppose que tout change. En posant la question je redoutais une dispute, j'avais rapidement répondu « covoiturage », à présent je regrettais.

Nous étions des héros Où les histoires vivent. Découvrez maintenant