LES EFFETS DIRECTS

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Au début, je n'ai pas eu le sentiment de "subir" beaucoup de choses. Je savais que je perdais du poids car je commençais à "flotter" dans mes vêtements, ce qui peut arriver à tout le monde par périodes, mais ça s'arrêtait là.

Puis, au fur et à mesure, j'ai commencé à faire des malaises. Enfin, au début c'était plus des ... comment dire, commme des baisses de régime, je ne tombais pas "dans les pommes", je me sentais juste mal.

Mais au bout de quelques mois, j'ai commencé à vraiment perdre connaissance pendant mes malaises. Ces malaises étaient provoqués par la faim, mais plus je perdais du poids, et plus le moindre choc me faisait perdre conscience. Je me rappelle notamment d'une fois où, alors que je faisais la queue pour la cantine, des gens s'amusaient à me bousculer. Sauf qu'à un moment j'ai heurté une poignée de porte au niveau des côtes, une putain de poignée, et je suis tombée dans les pommes, genre, direct.

Ensuite, à force de manger de moins en moins, mon estomac a commencé à rétrécir, petit à petit, mais me coupant de plus en plus l'appétit. Ainsi, est arrivé un moment où, même quand j'appréciais ce que je mangeais, il m'était impossible d'avaler plus que ce que mon corps pouvait supporter. Le moindre repas de famille, ou chez des amis de la famille était un véritable supplice. Quand tout le monde n'en était qu'à l'entrée, mon estomac me criait déjà "STOP". L'idée même d'aller au restaurant, ou dans un fastfood me donnait envie de pleurer, car je savais que je devrais affronter mon père et l'éternel : "J'ai payé, alors maintenant tu manges, même si on doit y passer trois heures".

Les plats que j'adorais sont devenus un cauchemar pour moi. Ma maladie n'étant pas tolérée chez mes parents, je devais toujours trouver des astuces pour ne pas devoir finir mon repas et me rendre malade à vomir.
Prétexter un besoin pressant d'aller aux toilettes en plein repas au risque de me faire engueuler, cracher la moitié de ce que je mangeais dans ma serviette et la rouler en boule en espérant ne pas être repérée ... Et croyez-moi, même les anorexiques dont la maladie est "acceptée" finissent par en arriver à ces extrémités. A partit d'un moment, même un yaourt nature était compliqué à finir.

Puis est venu l'épuisement physique.

Au début, quand on perd du poids, on ne perd que de la graisse. Mais arrive un moment où le corps n'a plus assez de graisse pour s'approvisionner, alors il commence à taper dans les muscles, et la moindre calorie compte. Mais voyez-vous, quand on n'avale pas plus de 500 calories par jour, le corps a un peu de mal à fonctionner.

Au début j'étais juste épuisée par le sport puis au fil du temps, ça a été le fait de monter les escaliers, de faire de la marche, de danser ... Jusque là ça va encore ... Mais au bout d'un moment, même le fait de prendre une simple douche me faisait perdre connaissance. Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis réveillée toute endorlorie sur le sol de la salle de bain, ou même sur les toilettes, à me demander ce qu'il s'était passé.

J'ai donc été interdite de TOUTE activitée sportive. A un moment j'ai voulu me mettre à la plongée, mais le médecin ne l'autorisait qu'en bassin, car en mer il y avait trop de risque que je meure lors d'un malaise.

J'ai commencé à avoir des problèmes cardiaques vers les 15 ans. Eeeet oui, le coeur est un muscle, et mon corps tapait également dedans pour survivre. Je n'étais plus seulement essouflée et tremblante pendant un effort, mais également au bord du malaise cardiaque. Et quand je parlais de séquelles physiques au début de ce "témoignage", et bien je parlais de problèmes cardiaques. Je souffre de tachycardie depuis désormais presque 6 ans, alors que je suis sortie de l'anorexie depuis 4 ans. Il m'arrivait même, et il m'arrive encore, de me réveiller en plein de milieu de la nuit le coeur battant comme si je sortais d'un marathon, tremblante et bord du malaise, et sans aucune raison.

Alors, toujours aussi glamour ? Et je n'ai pas fini.

Ana, ma chère AnaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant