Already Torn [Tome 2]

Chapitre 9

Lundi 4 mai 2010
17h20  
La sonnerie retentit annonçant la fin de journée des lycéens de Nantes. Fatiguée par son week-end, Emma ramassa ses affaires qu'elle enfourna dans son sac sans cérémonie. Elle rejoint Gabrielle à l'étage inférieur, qui discutait avec un ami de Gaspard. Ils s'étaient vus durant le week-end et visiblement, ça c'était tellement bien passé qu'ils avaient décidés de se revoir en début de semaine. Emma suivait les aventures sentimentales de sa meilleure amie avec attention ces derniers temps, réciproquement d'ailleurs. Comme à leur habitude, elles s'étaient vues pour travailler chez Gabrielle le dimanche après-midi (après une bonne nuit de sommeil pour Emma) prétextant qu'Emma avait oublié quelque chose chez-elle pour y retourner (elle était censé y avoir passé la soirée). L'adolescente lui avait raconté ce que Lucas lui avait fait ou plutôt, ce qu'il ne lui avait pas fait et la blonde avait été outrée par son comportement, se confortant dans l'idée que le brun ténébreux était un « vrai connard de première » et à cette comparaison, Emma ne pouvait qu'être du même avis.
 
_ On décolle Gab's ? J'ai envie de rentrer.
_ Oh, um... déjà Emma, je te présente Manu, le meilleur ami de Gaspard
_ Enchantée, sourit Emma en lui faisant une accolade.
_ On va aller boire un pot tous les deux, tu te joins à nous ? lança le garçon de Première
 
Gabrielle lança à la jeune fille un regard désolé. Elle n'avait pas eu le temps de la prévenir.
 
_ Ah, d'accord ! Non non non, allez-y tous les deux, je vais rentrer, pas de soucis. Bonne fin d'après-midi,sourit-elle avant de disparaître.
 
Elle se dirigea vers son casier en pensant que peut-être Gabrielle jouait un jeu dangereux à voir les deux meilleurs amis en même temps... avant de se rendre compte que ce qu'elle faisait était pire puisque pour elle, il s'agissait de deux frères, de surcroît âgés de 4 et 6 ans de plus.
 
Elle déposa toutes ses affaires de cours dans son casier, ne récupérant que son livre de physique pour s'avancer un peu le soir même en vu du prochain devoir surveillé de la semaine qui arrivait. Elle remonta l'allée et s'engouffra dans l'entrée principale du lycée où des petits groupes d'ados s'étaient formés à la sortie, se grillant des clopes -ou pire- et où tout le monde se disait aurevoir. Avec un sourire elle se dirigea vers ses amis avant de voir quelques mètres plus loin dans la rue une Mercedes noire garée.
 
Délaissant ses amis, elle marcha dans cette direction et arriva au niveau de la berline où Lucas était sorti et où il l'attendait, nonchalament adossé contre sa précieuse voiture.
 
_ Barre toi.
_ Bonjour? s'amusa-t-il, essayant de l'embrasser mais elle recula comme s'il était un lépreux.
_ Qu'est ce que tu fous là ?
_ Je voulais savoir si tu étais disponible pour une répétition là, tout de suite.
_ Nan.
 
Elle fit demi-tour mais il la rattrapa, marchant à côté d'elle.
 
_ Emma, on t'as aussi choisi pour tes disponibilités. Ça serait dommage de faire revenir Noémie à ta place, tu crois pas ?
_ Tu peux pas me balancer Noémie à chaques fois d'accord ? Les menaces tu peux te les mettre où je pense.
_ Et quel est l'endroit auquel tu penses ? murmura-t-il avec amusement dans son oreille, ce qui eut pour effet de la faire se stopper immédiatement.
 
Elle lui lança un regard lourd de sous entendus, ce qui arracha au Drew un petit sourire.
 
_ Allez Em, monte. dit-il en ouvrant la portière dans laquelle elle se glissa, regardant ostensiblement sa fenêtre pour ne pas croiser les prunelles bleues.
_ Tu peux arrêter de bouder ? lança-t-il après de longues minutes de lourd silence.
_ J'ai pas envie de parler avec toi.
_ Pourquoi ça ? demanda-t-il en s'engageant dans un virage serré, ce qui obligea Emma à se pencher légèrement vers lui.
_ Tu oses me demander pourquoi ?
_ Je serais bien curieux de savoir.
_ Petit 1) : tu m'as fais la peur de ma vie alors que tu sais très bien que suis terrorisée par Devon.
Petit 2) : tu m'as fais fumer un pétard en profitant du fait que je n'avais jamais fumé de cigarette pour reconnaître le goût.
Petit 3) : tu m'as arrachée des bras de Jeremy pour danser avec moi
Petit 4) : tu m'as chauffé pour me laisser en plan.
_ Pourquoi est-ce que tu m'en veux, pour l'ensemble de ces trucs ou juste pour le Petit 4) ?
_ Ta gueule.
 
Il sourit.
 
_ J'ai pas à la fermer Emma. Je vais m'expliquer, et c'est rare que je donne de bonnes raisons pour ce que je fais alors ne me fais pas répéter.
_ Wow, le privilège, souffla ironiquement l'adolescente en descendant de la voiture.
 
Il lui lança un regard noir et commença :
 
_ J'ai renvoyé Devon le soir même où il a voulu abuser de toi. On est pas partis en mauvais termes mais, il sait qu'il n'a pas intérêt à revenir avant que tu ne lui en donnes l'autorisation ce qui, je pense, n'arrivera jamais. Je voulais juste te faire peur, c'était amusant et je ne regrette pas. Le pétard c'était pour te détendre. J'ai eu envie de danser avec toi, et j'ai eu envie de coucher avec toi aussi mais, j'ai trouvé que ce serait plus amusant de te faire attendre un peu.
_ Je compte pas recoucher avec toi ! s'écria Emma en ouvrant la porte avec son propre jeu de clé que les garçons lui avaient cérémonieusement offert quelques jours plus tôt.
_ Il y a ce que tu dis, ce que tu penses et ce dont tu as envie, Tinkinwinki.
_ Arrête de m'appeller comme ça, soupira-t-elle.
_ Un bel exemple. Tu adores que je t'appelle comme ça mais, tu dis le contraire parce que tu sais très bien que si tu m'interdis de le faire, je continuerais.
 
Elle leva les yeux au ciel et se dirigea vers la dépendance mais Lucas l'arrêta avant.
 
_ Le pire c'est que tu ne m'as même pas contredis, petite.
_ C'est peut-être parce que tu as raison, souffla-t-elle avec un regard brûlant, avant de s'engouffrer dans la petite maison où le reste du groupe patientait à l'étage.
 
  ♕  
 
 
_ T'as un couvre feu ce soir ? demanda Jeremy derrière le bar de la maison, faisant la vaisselle qui restait de la soirée de samedi soir.
_ Non, ma mère et mon grand père sont encore partis à Paris. Enfin, je crois, je sais pas trop. Ils me disent plus grand chose, on se croise maintenant, on ne se parle plus.
_ Pourquoi ?
_ J'imagine qu'on a plus le temps de se parler, moi avec mes cours, eux avec leurs histoires... et puis le groupe me prends beaucoup de temps aussi.
 
Le châtain hocha la tête avant de lui passer un nouveau verre qu'elle essuya avec un torchon. Elle était assise en face de lui sur une des chaises du bar. Tout le monde était parti à la fin de la répétition, même Lucas avait eu une course à faire et ils s'étaient retrouvés seuls.
 
_ Tu ne m'as jamais dis dans quelle fac t'étudiais, lança-t-elle
_ Je fais des études de commerce, au début de l'année scolaire j'ai décidé de déménager en France avec ma fac, c'était possible.
_ Pourquoi t'as voulu partir de l'Angleterre ?
 
Il évita son regard et elle changea instantanément de sujet.
 
_ T'as pas un dossier à me raconter sur Lucas ? Que je me venge la prochaine fois qu'il m'embète.
_ Voyons voir... réfléchit-t-il, avant de répondre avec un plaisir malsain : quand il était petit, il avait un cheveux sur la langue.
_ Sérieux ?
_ Ouais, il était pas crédible ! Et puis avec l'adolescence et sa voix qui a muée, il a perdu cette... particularité.
_ Enorme !
_ Tu l'as dis, rigola le Drew. Mais j'échange cette information contre une autre sur toi.  
_ Eh, tu me mets devant le fait accompli ! C'est dégueu, rigola-t-elle. Bon eh bien... un jour pour rigoler, j'ai enfilé la veste en cuir de ma mère, un superbe perfecto noir et je suis allée danser sous la pluie avec. Quand je suis rentrée je m'étais faite déchirer parce que le cuir était très sensible à l'eau et la veste était foutue.
_ D'ailleurs j'ai remarqué que t'adores les vestes en cuir, non ?
_ Tellement ! Il y en a ce sont les jeans Diesel ou alors les Louboutins bah moi, c'est les perfectos en cuir. Je pense que mon grand amour pour eux à commencé à partir du jour ou j'ai détruis celui de ma mère, sourit-elle. Bon, a ton tour !
_ Ma vie n'est pas très intéressante Soul...
_ Dis moi un truc sur toi, s'il te plaaaaait !
_ Je te jures que...
_ Jeremy !
 
Il soupira.
 
_ Mon fantasme serait de rencontrer un jour Scarlet Johanson et d'avoir une aventure avec elle, le temps d'au moins une soirée.
_ Wow...
_ Et je pense qui si tu me plais autant, c'est que t'as un air d'elle, sourit-il.
 
La jeune fille explosa de rire. Personne ne lui avait jamais dis qu'elle ressemblait à la célèbre actrice. Une fois la vaisselle terminée, la jeune fille et le garçon allèrent se poser sur le canapé où elle s'allongea dessus, la tête reposant sur ses jambes devant un match de basket. Il lui caressait avec lenteur les cheveux et elle commençait presque à s'endormir lorsqu'il coupa la télévision.
 
_ Em ?
_ Mh ? marmona-t-elle, encore endormie.
_ J'ai le droit de te poser une question ?
_ Je t'en donne l'autorisation, souffla-t-elle en souriant.
_ Trop gentille.
 
Il continua a passer sa main dans ses boucles défaîtes.
 
_ Tu parles jamais de ton père.
_ C'est pas une question ça, dit-elle en se relevant.
_ Tu vois très bien ce que je veux dire.
 
La jeune fille se mit en tailleur sur le canapé, aux trois quart tournée vers lui.
 
_ C'est parce que je n'en ai pas.
_ Oh, je suis désolé.
_ Ne le soit pas. Quand on a jamais eu quelque chose, ça ne peut pas nous manquer tu sais.
_ Donc tu vis avec ta mère et ton grand père ?
_ Papy Joe, ouais, souffla Emma, les yeux dans le vague. J'ai toujours cru qu'il y avait une sorte de malédiction sur notre famille.
_ Genre ?
_ Genre... Ma grand-mère est morte en couche, Papy Joe a élevé ma mère seul. Mon père est mort une semaine à peu près avant que ma mère n'apprenne qu'elle était enceinte de moi. Je sais pas, je me dis, ça a fait ça durant deux générations, ça peut s'étendre à la troisième...
_ Ou ça ne peut être que des coïncidences.
_ Ou pas. Jeremy, je vais te dire un truc mais tu ne dois le répéter à personne, d'accord ?
_ Tu me fais peur là, dit-il en fronçant les sourcils.
_ Quand... quand Lucas et moi on a couché ensemble... il... il a pas mis de préservatif.
_ QUOI ?!
 
Il s'était levé d'un bon et son cri avait surgit dans le silence comme un claquement sinistre.
 
_ Tu déconnes ? s'exclama-t-il.
_ Calme toi ! J'ai eu peur à ce moment là, tu sais pourquoi ? Parce que j'aurais pû tomber enceinte et là, ça aurait fait continuer l'espèce de malédiction.
_ Je te suis pas.
_ Je n'aurais jamais avoué à Lucas que j'attendais un enfant de lui. Mon bébé aurait grandi sans son père.
_ Pourquoi tu me racontes ça, siffla-t-il entre ses dents, furieux.
_ Je hum... je sais pas, répondit-elle, prise au dépourvu. Faut que je me justifie quand je parle maintenant ?
 
Il secoua la tête, se passant une main dans les cheveux et disparu dans une autre pièce. C'était un moment assez étrange pour Emma qui venait de s'ouvrir et qui venait de constater que ses aveux avaient mit le Drew dans une colère folle. Elle était déçue de la réaction du jeune adulte mais était surtout en état de choc.
 
Pourquoi est-ce qu'il réagissait comme ça ? C'était quoi son problème exactement ? En quoi ce qu'elle venait d'avouer avait un rapport avec lui ? Qu'est-ce qui pouvait le mettre aussi en colère ?
 
Plus les minutes défilaient dans cette pièce où elle était seule et plus elle se sentait conne, misérable. Elle sortit son Blackberry de sa poche : aucun message. C'est ce genre de moment où, les gens ont besoin de lire que quelqu'un pense à vous. Et là, il n'y avait personne.
 
A : Gaby Hey Gab's, j'espère que ton rendez-vous c'est bien passé ?