JeudiMarc était assis au volant d'un gigantesque cabriolet Bradford d'un rouge étincelant. On aurait pu croire que la voiture sortait d'un carton de Noël.
Les chromes brillaient comme des miroirs, les roues étaient d'un noir d'encre impeccable et l'intérieur semblait comme neuf. Marc avait décapoté la voiture, à la demande de son client. Celui-ci venait de Paris et il lui semblait impensable de se cacher du soleil, ne serait-ce qu'un instant.Armé d'un stylo bille, Marc sélectionnait les offres d'emploi susceptible de lui convenir, dans le journal du matin. Malgré un optimisme et une confiance en soi inébranlables qui ne le faisaient pas reculer devant des emplois de directeur, les annonces soulignées d'un trait de stylo bille était rares...
La porte de l'ascenseur communiquant avec l'hôtel s'ouvrit et Sophie, la fille à la Datsun, se dirigea vers lui, dans un claquement de hauts talons.
-Salut, Marc ! Ma voiture est prête ?
Elle ne s'arrêta pas pour attendre sa réponse et rejoignit directement sa voiture. Marc s'empressa de quitter son siège et courut presque pour la rattraper.
-Elle est prête depuis hier ! Vous pouvez la prendre quand vous voulez.
La Datsun 280 ZX brillait de tous ses feux. Sophie caressa lentement l'aile et le pare-brise et se retourna vers Marc.
-Elle est superbe, bravo ! Je passerai la prendre cet après-midi.
Marc se dandinait d'un pied sur l'autre et souriait, sans trouver quelque chose d'intelligent à dire. Sophie remarqua le journal qu'il tenait encore à la main.
-Tu cherches du boulot ? demanda-t-elle en désignant la page des petites annonces.
Marc opina
-Je crois que mon patron cherche quelqu'un pour une de ses usines... Qu'est ce que tu sais faire, à part laver les voitures ?
-J'écris ! répondit-il précipitamment.
-Parfait ! Je crois qu'il cherche justement quelqu'un pour le journal d'entreprise !
Marc sourit un peu plus, son cœur se gonfla un peu plus sous le coup de l'émotion et il fut encore plus incapable de parler, si cela était possible...
-Tu n'as qu'à passer tout de suite ! conclut Sophie d'un air insouciant. Chambre 1414...
Marc regarda ses vêtements, un peu dépassé par les événements. Il n'était vêtu que d'un jeans coupé en short, d'un T-shirt noir et de chaussures de tennis.
-Vous ne croyez pas que je devrais...
-Je suis pressée, l'interrompit-elle en tournant les talons et en repartant vers l'ascenseur.
-A tout de suite !
Marc resta immobile de nombreuses secondes après que ses portes se soit refermées. Il se réveilla brusquement et bondit jusqu'au lavabo du garage pour se laver les mains et se donner un coup de peigne.
Il s'engouffra dans l'ascenseur le cœur battant. Les quatorze étages furent avalés en une vingtaine de secondes.
Marc fut surpris par la clarté du couloir et l'épaisseur de sa moquette. Une femme de chambre d'un certain âge, vêtue comme une soubrette française, lui adressa un sourire professionnel, nullement étonnée de sa tenue. Il faillit tout d'abord lui dire qu'il travaillait lui aussi pour l'hôtel puis se ravisa, préférant passer pour un client. Il était ainsi plus facile de négliger les traces de cambouis laissées par ses chaussures sur la moquette de l'ascenseur...
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L' Affrontement (En Cours)
Narrativa generaleHenri Keach vit seul avec son fils Marc depuis la mort de sa femme. Du jour au lendemain, de graves troubles de la vue lui font perdre son emploi... à cinquante ans. Henri est d'un seul coup projeté dans la vieillesse, la maladie et l'inaction. En...