Chapitre 1

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 Je sentis l'air entrer et sortir de mes poumons. Mes doigts touchèrent un tissu soyeux. Je me sentais revivre mais en même temps vide ... J'avais du mal à bouger, comme si mon corps était courbaturé de partout. J'ouvrai difficilement mes paupières, je ne voyais plus rien, juste du noir. Progressivement, mes yeux s'adaptèrent à la lumière, ma vision floue devint doucement plus nette. J'aperçu le plafond gris clair. Je tournai douloureusement ma tête de côté, je remarquai après plusieurs minutes que je connaissais cette pièce. J'étais dans la chambre d'amis de la maison des Fanzi.

Difficilement, j'arrivai à me redresser et à m'asseoir au bord du lit. Personne. J'avais l'impression d'être seule. Mais qu'est-ce que je faisait là ? J'essayai de chercher dans ma mémoire.

La réussite du bac. La soirée avec les autres. On dansait. Oui on dansait, j'étais surement un peu trop bourrée et je ne me souvenais plus du reste, j'avais dû m'endormir. Les garçons n'avaient peut-être pas réussi à me réveiller, qui sait ? Et donc ils m'avaient emmenée ici pour que je finisse ma nuit.

Je regardai le réveil qui se tenait sur la table de chevet. On était au milieu d'après-midi, j'espérais que je n'étais pas une énorme épave hier. Je fixai plus attentivement le réveil, je pense qu'il y a un problème avec la date. On était début Juillet, pas milieu Août. Ce devait être pareil pour l'heure finalement.

J'avais l'impression que la douleur qui me prenait tous les muscles et les os diminuait petit à petit. Quand elle devint supportable, je décidai de me lever. Peut-être trop vite. Ma tête tourna, ma vision se voila et mes jambes eurent du mal à supporter mon poids. C'était comme si cela faisait des années que je n'avais été debout. Je me tins au mur quelques instants, le temps que je retrouve mon équilibre.

Je m'observai dans le miroir à pied en face de moi. En fait, j'étais réellement une épave, mais pourtant je n'avais pas bu autant la veille au soir. Mes traits étaient tirés par la fatigue, mon teint blanchâtre, un vrai cadavre. Mes cheveux étaient emmêlés, on aurait dit un vrai nid d'oiseau. J'essayai tant bien que mal de les arranger avec mes doigts, ça marchait approximativement bien. Mes yeux étaient totalement cernés, ça faisait un mois que je n'avais pas dormi ou quoi ? Et ne parlons pas de ma peau, j'étais blanche comme si j'étais malade.

Je portais un vieux T-Shirt et un short large qui me servait de pyjama habituellement, mais dans mon souvenir j'étais sûre d'avoir pris autre chose pour la nuit, enfin bon. Comme j'avais l'impression que je perdais mon bas, je relevai mon t-shirt pour resserrer le nœud de mon short. Je suspendis mon geste, ce n'était pas normal, je nageais dans mes vêtements, ils avaient deux tailles de trop. Je m'approchai du miroir. En une nuit, j'avais perdu combien de kilo ? J'avais la peau sur les os, comme si cela faisait 6 mois que je n'avais rien mangé.

Mais c'est quoi ce bordel ? Je ne me reconnaissais plus...

Après une longue réflexion devant mon reflet, j'en déduisis que j'avais dû passer une nuit courte et que j'avais surement été malade durant toute la fin de la soirée pour être dans cet état. Mon dieu, je n'avais surement pas été un cadeau pour les garçons, je sentais la honte remonter doucement le long de mes joues, au moins ça rosissait un peu mon teint cadavérique. J'allais en entendre parler durant longtemps de cette soirée.

Je décidai enfin de bouger. Les garçons étaient surement en bas entrain de déblatérer sur la fête et de débattre de qui avait bu le plus. Ou alors ils dormaient encore. De toute façon, si c'était le cas, je ne pouvais pas les attendre pour commencer le petit déjeuner. J'avais tellement faim que j'aurais pu manger tout ce qui me passait sous la main, j'en avais même mal au ventre. En plus mon esprit me faisait imaginer un petit déjeuner de luxe avec tout ce que j'aime, bols de fruit frais, tartines de confiture et de pâte à tartiner, lait, céréales, ... Non, même si le matin je ne supportais pas le salé cela ne me suffisait pas. Un déjeuner à l'anglaise aurait été idéal pour mon appétit d'ogre. Du bacon, beaucoup de bacon avec des œufs aux plats, des toasts tartinés de beurre, des rondelles de tomates cuites et des galettes de pommes de terre légèrement croustillantes. Mon ventre était tout à fait d'accord avec mon cerveau, alors que je le sentis gargouiller. J'étais sûre que si quelqu'un se tenait à l'autre bout de la chambre, il pouvait entendre des couinements. Il fallait que j'arrête de penser à cela, sinon j'allais commencer à baver.

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