Chapitre I

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C'était un sombre paysage. Il y régnait une ambiance oppressante, on sentait une odeur de sang mélanger à l'odeur de la pluie touchant les arbres de cette grande forêt. On ne pouvait apercevoir le ciel tant il y avait de brume, elle était épaisse et noire tel un nuage conçu par Toria et Enidnamia réunies. Elle cachait toutes sortes de mystères tirés de livres de contes d'épouvantes. Les formes des arbres n'étaient guère rassurantes. Du à cet énorme rideau gris on pouvait les confondre avec d'horribles créatures ce qui n'était point la vérité puisqu'ils étaient en fait d'énormes et fins arbres à la peau craquelée qui s'enchaînaient pour former de longs couloirs pareils à ceux des majestueux châteaux dovakiens. Il y avait également de terrifiants bruits ce qui faisait grandement penser à la présence de bêtes ayant une force phénoménale et capables de nous tuer en un seul coup de patte. Mais il n'en était rien. Cela était juste le craquement des branches dansant sous le chant mélodieux d'Enidnamia. Les chemins étaient fondés par les vifs déplacements des animaux évitant la flèche d'un archer,fuyant les catastrophes naturelles ou bien se promenant à la recherche de nourriture. Les nymphes aux pétales de couleurs égayaient ce monde de ténèbres, rose, jaune, violet. De belles fleurs aux couleurs infinies.

D'un air confiant, elle courait furtivement, évitant les crevasses du sol, les talus trop onéreux et les entrées d'antres de bêtes sauvages. Elle tenait deux fines lames aussi puissantes que des défenses d'éléphant et aussi légères que des feuilles s'envolant lors d'un coup de vent. Elle était vêtue d'un haut fait d'une peau d'une grande résistance, elle pouvait arrêter une lame a basse puissance. Elle portait également une courte jupe en toile, faite d'un tissu d'une extrême légèreté qui virevoltait dans le vent comme si elle dansait d'une mélancolie infinie sur les mille mélodies des oiseaux. Son regard. Le regard de cette jeune demoiselle était d'une flagrante beauté,de la couleur de joyaux teintés de vert, nuancé du bleu de la mer, du jaune des pissenlits des champs et du orange des feuilles d'automne, telles étaient les couleurs de ce regard, assuré, perçant. Pouvant apercevoir une proie à des kilomètres, pouvant admirer la nature tel elle était faite, pouvant passer à travers la brume, la pluie, la tempête, la nuit, la mort... Son odorat pareil à celui d'un loup, non, d'une louve, une belle louve affrontant n'importe quelles épreuves,n'importes quels dangers. Une louve d'un poil long et fin suivant ses magnifiques courbes de femme, et la protégeant du grand froid de la nuit et de l'hiver. Ses lèvres étaient d'une finesse pouvant séduire les hommes les plus insensibles, mais gares à eux, cette louve avaient également de longues dents aiguisées coupant la chair et tranchant la vie. Elle bombait son opulente poitrine et courait d'un corps souple, d'une agile tendresse et d'une vitesse égalant les courses des troupeaux d'huloux* fuyant un énorme rankiterapo**.

Soudain elle entendit un cri rauque. Yerdua se précipita alors et se cacha derrière un vieil arbre gris. Un sombroursse*** se profilait à l'entrée d'une grotte, il hurlait de rage, quelqu'un avait osé empiéter sur son territoire. Il y avait une autre créature, Yerdua le reconnaissait, c'était un homme de son peuple, un eidolien. Il avait une longue lance où était attaché une grande et fine lame avec une belle corde en velours rouge. Il était issu d'une riche et puissante famille d'Essirek, la capitale d'Eidole. Il avait donc de coûteux équipements d'un haut raffinement et conçu par de puissants marchands. Il recula craignant de se faire attaquer et menaçait la bête avec la pointe effilée de son arme qui recula à son tour. Yerdua se demanda en tant qu'observatrice qui allait frapper en premier, la bête ou l'eidolien, l'eidolien, c'est ce qu'elle pensait. Effectivement, il s'élança vers le sombroursse et d'un geste brusque et rapide il lui transperça l'épaule,celui-ci hurla de douleur et se précipita à toute vitesse vers son adversaire en lui exprimant sa haine avec un rugissement des plus effrayant. Il lui donna un coup de patte d'une puissance phénoménale et de ses griffes lacérées lui trancha la fine peau du torse, le sang giclât, les larmes coulèrent, le gémissement retentit. Il mit un genou à terre, signe de soumission, cela dégoutta Yerdua,s'abaisser devant son adversaire n'était pas digne d'un eidolien, il ne méritait point sa majestueuse et dominante arme. Il était de son devoir de vaincre et non de capituler. Il se releva donc pour garder le peu de dignité qu'il restait à sa famille et couru fébrilement jusqu'à sa cible, il attaqua mais la bête esquiva et lui arracha le bras. Il hurla si fort qu'il fit fuir les oiseaux, son sang coula abondamment mais il ne faiblit pas et se releva lourdement mais avant qu'il n'eut le temps de lever son autre bras le sombroursse enfonça ses crocs dans la chair juteuse de son cou. Il ne put crier tellement la douleur était forte et s'écroula sur le sol fertile. La créature le regarda avec mépris et partit sans un regard, sans une once de pitié le laissant seul.

Cristal de FeuWhere stories live. Discover now