Chapitre II

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       Elle soupira, se traîna lentement vers la pièce d'à côté et regarda, d'un regard vide le tas d'affaires posé sur son lit. Elle enleva peu à peu ses équipements, lassée, elle se regarda dans le miroir et soupira à nouveau. Yerdua se glissa doucement dans la  grande baignoire en bois ornée de dorures dorés de la pièce jumelée à sa chambre. L'eau pure devint peu à peu tachée, salie,teintée par le rouge, par le sang de son camarade. Elle devint souillée à jamais tout comme le sol où s'était écroulé le malheureux. Et encore elle soupira... La pitié...Ce mot ne se détachait point de son esprit, il y restait accroché tel une dernière feuille qui persistait à rester sur sa branche, qui persistait à ne point bouger et à tenir jusqu'à la fin comme si elle avait quelque chose à prouver, comme si elle avait un message à faire passer.

        « Un message... »pensa t-elle « Non ! La pitié n'a pas sa place dans ce monde ! »

Elle sortit de son bain à vive allure, énervée. Comment a-t-elle pu penser une seule seconde que la pitié avait un sens, que la pitié avait un quelconque intérêt. Elle se sentait offusquée, troublée. Yerdua prit d'un geste vif ses vêtements propres et se précipita pour les enfiler. Elle s'assit, épuisée et cala son doux visage dans ses mains abîmées, elle entendit frapper :

         « Je vous prie de m'excuser mademoiselle mais on vous attend pour le dîner !

-...

-Mademoiselle ?

-Oui !Je ne serais pas longue ! Maintenant va-t-en !

-Excusez-moi à nouveau mais vous n'allez pas l'air d'aller...

-Ce n'est pas tes affaires ! Et arrête de t'excuser sans arrêts,je n'en puis plus de toutes ses personnes qui s'excusent !

-Mademoiselle,vous êtes princesse et héritière du trône c'est notre devoir de vous traiter avec respect.

-Ne me traites pas avec respect si je ne suis pas respectueuse envers toi Arieneï !

-Je vous prie de me pardonner pour la façon dont je vais vous...Yerdua l'interrompit d'un ton agressif.

-Situ prononce des excuses à chaque début de phrase tu peux de suite arrêter de parler et t'en aller !

-Mais...

-Va-t-en !

-Bien. »

Elle ne répondit pas et grogna de fureur tant elle était épris de haine. Elle décida enfin de se lever et s'élança en direction de sa porte en vieux bois de pin, elle l'ouvrit lentement pour ne pas faire de bruit et descendit par les grands et longs escaliers du vestibule pour enfin arriver dans une grande salle au plafond profond et voûté décoré mille peintures.

       Au milieu de cette énorme salle on pouvait remarquer la présence d'une gigantesque et sublime table sculptée dans un bois gelé des montagnes, loin, au nord. Elle avait l'âge du premier souverain d'Eidole qui l'avait sculptée de ses mains, il y avait représenté l'histoire d'Enomis. D'un côté des créatures magnifiques aux crocs de cristal qui crachaient du feu étincelant que nul ne pouvait éteindre, de l'autre côté des créatures toutes puissantes aux écailles d'acier qui crachaient de la glace scintillante que nul ne pouvait faire fondre. Les parents de Yerdua se levèrent à l'entrée de celle-ci tandis que les serviteurs de la famille s'abaissèrent à sa venue.

       « Relevez-vous !S'écria t-elle. Elle reprit,

-Bonjour mère, bonjour père

-Bonjour fille, qu'est-ce qui t'a pris si longtemps ?

Cristal de FeuWhere stories live. Discover now