Nuit

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Il referma la porte. Éléanore prit connaissance de sa chambre. Il y avait deux pièces : la première était une vaste chambre, dotée d'un lit à baldaquin, avec une couverture bleue et des voiles blancs, d'une armoire, d'une penderie, d'un coffre, d'un bureau et d'une grande fenêtre à carreaux. La seconde pièce était une salle de bain, avec une grande baignoire. Le tout était plus grand que sa maison, et le moindre objet était d'un luxe raffiné. Les deux pièces étaient chauffées par le sol, d'une manière qu'elle ne comprenait pas. Mais elle appréciait de pouvoir marcher sur un sol chaud. Éléanore ouvrit la penderie. A l'intérieur, des robes de toutes les nuances de noir étaient accrochées. Elles avaient touts l'air d'être à sa taille. En-dessous, des couvertures étaient pliées. Elle en prit une, se couvrit les épaules et s'installa devant la fenêtre, perdant son regard dans le néant de la nuit. Elle ne comprenait pas pourquoi tout était fait pour l'acceuillir pendant un moment.

Il mit plusieurs heures à venir. Elle ressentit sa présence, comme un bloc de froid derrière elle. Elle ferma les yeux, les rouvrit. Son souffle glacé caressa sa nuque.

-''Tu es bien la première à ne pas t'endormir...

-Ce soudain tutoiement me trouble.

-Nous sommes plus proches l'un de l'autre maintenant que nous l'étions tout à l'heure... (Il posa une main sur la sienne)

-(Elle réprima un frisson) Le bon hôte que vous êtes n'oserait pas profiter de la faiblesse de son invité, non ?

-Est-ce le froid qui te mets si mal à l'aise ? Tu sais, je ne suis qu'un mort ramené à la vie. Je n'ai jamais pu me réchauffer. Mais le sang battant, jeune, chaud, m'attire... (Il déposa un baiser sur le côté de son cou)

-(Sa voix se fit dure) Cessez seigneur. Ces enfantillages n'amusent que vous. Si vous voulez me mordre, faites-le (elle offrit son cou à Sartor). Sinon, laissez la jeune femme que je suis seule devant la beauté de la nuit, ici si singulièrement sans éclat.

-(Il dit dans un dernier souffle glacé:) Soyons deux à goûter à la solitude sombre...''

La pièce se réchauffa. Seul sa peau, aux endroits où il l'avait touchée restait gelée, comme des marques de sa domination sur elle. Une seule larme coula le long de sa joue.

Le Soleil se leva, émergeant de l'horizon, trouble, comme un reflet dans le lac du ciel. Un rayon de lumière glissa sur la joue d'Éléanore, et la réveilla. Elle profita quelques secondes de la douce chaleur, avant de se rappeler où elle était. Elle ouvrit les yeux, se leva de son fauteuil, dans lequel elle s'était finalement endormie. Elle fonça dans la salle de bain, et y prit une douche brûlante. Elle sortit en tentant de reprendre son souffle, comme si elle avait retenu sa respiration tout ce temps. Une fois calmée, elle ouvrit la penderie. Soupira. Ferma les yeux et en choisit une au hasard. Elle s'habilla, s'approcha de la porte, et son stoppa son geste machinal. Toqua trois fois. Se coiffa rapidement en attendant. Conrad lui ouvrit, elle le suivit.

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