Dîner

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La charrette disparut dans la forêt et son bruit s'évanouit. Mainteant, elle était vraiment seule. Elle ressera sa roble blanche autour d'elle et frissona. De froid et de peur. Sous la Lune, elle devait briller de mille feux. Elle savait qu'elle était déjà repérée. Elle déglutit et marcha vers le château qui la surplombait, coupant le ciel étoilé de sa masse sombre et déchiquetée. Le vent se leva, faisant voleter ses cheveux noirset glaçant encore plus la jeune femme déjà transie. Les cailloux pointus rentraient dans ses pieds er lui auraient arrachés des grimaces de douleur si elle ne savait pas qu'elle mourrait sous peu. Au contraire, à cet instanr, ils lui paraissaient être des signes qui lui disaient qu'elle était encore en vie. En haut d'une des tours, une lumière s'alluma. Il arrivait.

Elle atteint la porte d'entrée, dont les deux énormes battants s'ouvrirent sans un bruit devant elle. Il l'acceuillait. En grandes pompes qui plus est. Dans le grand hall était un enffet dressée une table de banquet. L'odeur de la nourriture chaude la fit saliver. Elle s'approcha. Il n'y avait que deux couverts, aux deux extrémités de la table. Pour le plus éloigné, il n'y avait q'un verre. C'était elle le plat. Elle s'assit tout de même au plus proche, hésita quelques instants, regarda autour d'elle, prit un morceau de pain et un bout de viande, mordit dans les deux avec voracité et se figea. Il l'observait de l'autre côté de la table, le menton appuyé sur ses doigts entremêlés, fixement. Elle déposa la nourriture dans son assiette, et essuya ses doigts en souriant d'un air gêné. La température de la pièce semblait avoir diminuée.

Lorsqu'elle eut fini, il décroisa ses longs doigts, prit une bouteille de vin et remplit son verre du liquide carmin. Il but doucement, à petites gorgées. Seuls les craquements du feu dans l'être troublaient le silence. Il le déposa après l'avoir fini. Pencha un peu la tête sur la droite, une partie de ses longs cheveux blancs cachant son œil gauche. L'éclat des flammes se reflétait dans son iris, cachant sa couleur pourpre et jetait des ombres mouvantes sur son visage fin et pâme comme la neige pure. Ses lèvres s'entrouvrirent lorsqu'il prit la parole, d'une voix grave et douce, comme un souffle chaud de son.

-''Bonsoir ma chère.

-Bonsoir seigneur, répondit-elle d'une voix un peu hésitante mais encore claire et pure.

-M'accorderiez-vous le bonheur de pouvoir vous nommer ?

-Éléanore, seigneur, de la famille Nash.

-Enchanté, dit-il en baissant la tête d'un mouvement élégant. Je suis Sartor nal Vannor, seigneur des Hautes Fornils, et maître de ton sang.

-(Éléanore fut glacée par ces derniers mots) Ravie de vous connaître en personne , seigneur.

-Tu es affamée. Mange. Je ne veux pas être connu comme un mauvais hôte (il sourit d'un air carnassier).''

Éléanore prit ses couverts et se coupa un morceau de viande. Le mâcha lentement, appréciant son goût exquis, son fondant exceptionnel. Elle se dit avec un frisson que le vampire penserait peut-être la même chose qu'elle. Elle lui jeta un regard en coin. Sartor la regardait sans bouger, si bien qu'elle lui demanda :

-''Vous ne mangez pas seigneur ?

-Non, je patiente... La nourriture est à votre goût ?

-Elle est excellente, et je vous en remercie.''

Éléanore finit son pain et mangea une poire. La peur nouant son ventre, elle ne put manger plus.

Sartor lui dit ensuite :

-''Vous devez être fatiguée... Conrad, mon valet, vous guidera jusqu'à votre chambre et vous expliquera comment on vit, si je puis dire, en mon château. Pour ma part, je prends congé de vous et vous souhaite une agréable nuit.''

Conrad sortit de l'ombre tandis que Sartor disparaîssait dans un couloir.

-''Si mademoiselle veut bien me suivre, dit le valet humblement.''

Il avança sans se retourner, sans faire de bruit. Elle le suivit. Au bout de quelques pas, il commença à parler :

-''Vous serez logée dans l'aile Ouest, réservée aux invités. Considérez que tout ce qu'il y a dans votre chambre est à vous. Demain matin, le petit-déjeuner sera servi dès l'aube. Si vous voulez sortir de votre chambre, tapez trois fois et attendez. Surtout, n'ouvrez pas la porte.''

Ils finirent pas arriver dans un long couloir bordé de quelques portes. Conrad sortit un énorme trousseau de clés. Parmi la multitude, il en choisit une sans hésitation, et la tourna dans une porte.

-''Ayez un repos réparateur mademoiselle.''

Château de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant