Rêve

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Au dîner, il fut absent. Elle aussi. Ce n'est que lorsque la Lune fut à son zéntih qu'Éléanore toqua à sa porte. Conrad lui ouvrit ? Elle avait mit une longue robe, qui glissait derrière elle, et lui donnait un air vaporeux. Elle demanda à être guidée au jardin intérieur. Les rayons argentés créaient des tâches blanches sur le sol, faisaient scintiller sa chevelure, dont certaines mèches commençaient à blanchir. Une fois arrivés, elle se dirigea vers un vieux chêne noueux. Elle se calma. Femra les yeux et posa sa main sur le tronc. Sous sa paume, la sève pulsait, rassurante.

Il ne mit que quelques secondes à la rejoindre. Elle l'avait espéré d'un côté, tout en ne le voulant pas de l'autre. Elle se retourna. Il était assis sur une souche, les doigts entremêlés comme à l'accoutûmée, et la tête un peu penchée sur le côté, formulant ainsi sa question. Éléanore s'approcha, un sourire énigmatique sur ses lèvres.

-''M'accorderez-vous une danse, seigneur ?, demanda-t-elle en le saluant.

-Mais bien sûr ma chère !'', répondit Sartor immédiatementen se levant.

Une musique de bal surgit du néant tandis qu'ils se prenaient dans les bras.

Ils commencèrent à tourner, lentement, en se déplaçant d'avant en arrière, comme une vague glissant sur une plage, puis se retirant, formant une vaste rosace sur le sol. Ils ne quittaient pas les yeux de l'autre. Autour d'eux, des milliers de papillons aux ailes étincelantes, réveillés par leurs pas, voletaient et brillaient dans le clair de Lune. Éléanore finit par prendre la parole. :

-''Cet instant semble si irréel... Et pourtant, la chaleur de votre corps me rappelle que tout ceci n'est pas un simple rêve.

-La seule chose qui ne soit pas réel sont les battements de mon cœur que je sens depuis que vous êtes tout contre moi.

-(Elle le regarda, apaisée, heureuse) Pardonnez-moi seigneur de vous voler cet instant d'éternité...''

Ils se stoppèrent. Éléanore approcha son visage, doucement, confiante. Ses lèvres effleurèrent, se posèrent sur celles de Sartor. Elle inhala son souffle glacé, qui enroba son cœur. Elle s'effondra sans un bruit dans ses bras. Il la regarda, incapable de bouger, de comprendre, d'accepter. Le rêve se brisa.

Château de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant