Chapitre 3 - Le début d'une longue cohabitation

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En ouvrant la porte de chez moi pour récupérer mes affaires, je ressens un désagréable picotement au niveau de ma poitrine. Je n'y fais pas attention et entre dans mon salon suivi de Ruggero.
Nous nous arrêtons dans le silence, nos regards plantés l'un dans l'autre.
" Tes affaires sont prêtes ? Me demande t-il pour casser le silence.
- Oui, elles sont dans ma chambre.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Dans ma chambre ? Dis-je la voix légèrement plus aïgue.
- C'est bien là que ce trouve tes affaires ?"
Je ne répond pas et commence à monter les escaliers. Je n'ose même pas imaginer Ruggero dans ma chambre.
Arrivée en haut des escaliers, je ressens une présence derrière moi. Il serait monté ? Je me retourne et retrouve le Melon juste devant moi, un léger rictus sur les lèvres.
" Tu comptes ouvrir la porte la livreuse ou tu as peur de ce qu'il pourrait arriver ?"
Cette situation est clairement en train de l'amuser. Je grogne intérieurement et ouvre la porte de ma chambre mais refuse de le laisser entrer.
" Je refuse qu'un Melon dans ton genre entre dans mon repère secret."
Toujours le sourire aux lèvres, Ruggero s'avance dangereusement vers moi, comme le ferait si bien Matteo et me fait un clin d'oeil.
" Je respecte ton choix, ma livreuse."
Il redescend les escaliers en chantonnant "Profugos". Je rentre alors dans ma chambre, troublée par l'adjectif qu'il venait de prononcer. " Ma"..depuis quand suis-je à lui ? Étrangement, cette situation m'enthousiaste. Je prend ma valise et redescend tellement heureuse que je manque une marche. Finissant la descente des escaliers en roulant, la valise déjà écroulée au rez-de-chaussée, je gémis de douleurs.
Ruggero dérangé par le bruit de ma chute, cours vers le hall et cri mon nom en me voyant allongée sur le sol, au pied des escaliers.
" Karol !"
Il enlève la valise qui se trouve juste devant moi et s'occupe de moi. Il me demande si je peux me lever et n'ayant aucune réponse, il décide de me soulever doucement.
Je gémis une deuxième fois quand mon corps quitte le sol. Je me sens bête et extrémement chanceuse. Ce n'est pas tous les jours que vous vous retrouvez dans les bras de Ruggero Pasquarelli.
Quand il me repose sur le canapé, je lui offre un de mes plus beaux sourires en guise de remerciement.
" Ma beauté ta troublée, la livreuse ?
- Bien évidemment, j'ai même fait exprès de tomber pour être dans tes bras, dis-je en grimaçant.
- Je m'en doutais."
Ce garçon n'arrive pas à être sérieux plus de dix minutes. Je secoue la tête et essaye de me relever. Il m'en empêche.
" Tu ne bouges pas de là, ordre du médecin.
- Depuis quand tu es médecin ?
- Je suis un acteur donc capable de tout faire."
Je lève les yeux au ciel et soupir fortement. Je n'aimerai pas être soignée par lui.
Au regard de Ruggero, je comprend que mes pensées n'en étaient pas. Je venais de dire ça à voix haute.
" Je ferai un excellent médecin, me répond t-il vexé.
- Sûrement mais ce n'est pas le cas."
Profitant de cette conversation qui lui occupe l'esprit, je décide de me lever. Une fois chose faite, titubant légèrement, Ruggero me tiens par les hanches.
" C'était une sacrée chute, tu m'as fais peur.
- Désolée...
- Évite de retomber, je ne suis pas médecin. Dit-il en tirant la langue."
Je ne répond pas et m'avance jusqu'à ma valise qui est à terre. Je la relève et me retourne vers le Melon qui est maintenant assit au piano. Ce suit la mélodie de "Siento", je souris à l'entente de cette musique.
" On devrait y aller, non ?
- Siento, espero, desespero
No soy yo
Soy quien brilla
Mira el rostro de carton
Tú vienes a quebrar la soledad
Te encuentro despierto
Me llevas a donde vas..."
Ruggero ne m'écoutait pas du tout, il continuait la chanson toujours le regard ancré dans le mien. Arrivé au refrain, il me lance son sourire charmeur et son clin d'oeil tant connu dans Soy Luna. Je lui souris et chante avec lui.
À la fin de la chanson, je me racle la gorge gênée par ce moment. Un coup de téléphone nous sort de notre bulle. Ruggero répond et quitte le salon. Il revient quelques minutes après, ma valise à la main.
Je l'interroge sur son rapide changement de situation :
" Qu'est ce qu'il se passe ?
- Je n'avais pas vu l'heure, Candelaria nous attend pour dîner."
Le dur retour à la réalité. J'hoche la tête quelque peu déçue et attrape ma valise qui était dans sa main. Ce simple geste me déstabilise. Je quitte la maison en éteignant toutes les lumières et volets puis monte dans la voiture. Durant tout le trajet, personne ne parle. Nous mettons la radio qui parle pour deux.

La soirée a été un désastre, le dîner était affreux et la nuit atroce.
A peine arrivée, alors que j'apprécie énormément Candelaria, qui est pour moi une fille admirable. Je n'ai pas supporté la voir plus de deux heures. Nous avons dîner et j'ai prétendu ne pas me sentir bien et être fatiguée. Ruggero s'est alors immédiatement inquiété, pensant à ma chute qui est arrivée plus tôt dans la soirée. J'ai essayé de la rassurer mais il a préféré rester avec moi jusqu'à ce que je m'endorme. J'ai donc fait semblant de dormir, pensant être enfin seule mais le pire restait à venir. Quand il m'a quitté, croyant que je dormais. Il m'a déposé un doux baisé sur le front en me disant "Bonne nuit" et le pire, alors que mon coeur battait déjà trop vite pour moi, Candelaria et Ruggero se sont disputés une bonne partie de la nuit. Entre cris et larmes, je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit.
Au réveil, je suis surprise de retrouver que Ruggero à table. Ne pouvant pas garder le silence, je lui pose la question :
" Candelaria n'est pas là ?
- Elle est partie chez ses parents pour quelques jours.
- Le temps que je reste ici, non ? Dis-je vexée et me sentant coupable.
- Tu n'es en rien coupable par son absence, d'accord ? Me réconforte t-il.
- Bien sûr que si...La dispute d'hier soir n'était pas par rapport au repas que l'on a mangé."
Ruggero reste silencieux durant de longues minutes. Il se lève pour me servir un thé et quelques petites choses à manger comme....comme des patisseries fraichement préparées.
" Tu as préparés ça ?
- On va dire que j'ai eu le temps de les faire .
- Je suis désolée, je vais demander à Michael de m'héberger."
Je prend un croissant et commence à quitter le salon mais sa main sur la mienne m'en empêche. Il me fait tourner comme le fait si bien Matteo avec Ambre et me bloque dangereusement contre lui.
Bloquant ma respiration, je regarde Ruggero sans voix en attendant sa propre réaction.
" J-Je veux que tu restes ici, d'accord ?
- Pourquoi ? Lui dis-je en murmurant."
Ma question reste en suspens durant un court moment, Ruggero se penche légèrement comme pour m'embrasser mais remonte son visage pour déposer un baiser sur mon front.
Quand il recule pour prendre également une viennoiserie, je reste, moi, stoïque au milieu du salon. Mon coeur est en train de me lacher. Je suis en train de devenir folle et j'ai peur que cette folie porte un nom "Ruggero".

J'espère que ce chapitre vous plaira. N'oubliez pas de laisser un commentaire, j'adore lire vos réactions et vous parlez :)

Game or Reality ? (Tome 1 & 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant