Storm

11."Je resterai toujours détruit".

Les rayons du soleil effleurent doucement mon visage. Je plisse les yeux. Mon réveil allait sonner d'une minute à l'autre, je devais donc me préparer à me lever. Je n'avais aucune envie de sortir de mon lit. Mais pour une fois, j'avais de bonnes raisons. Je ne voulais pas aller au bahut. Je ne voulais surtout pas voir Enzo en littérature. D'ailleurs, je pensais sérieusement à sécher. Je ne pouvais même pas en parler à Amy, elle ne me croirait pas. Qui me croirait de toute façon ? Personne ne pouvait croire à des histoires de vampires ! Je me rendais compte que je préférais tenter de dormir, pour au moins ne plus réfléchir. Mais mon réveil sonna, me rappelant que je ne pouvais pas sécher tous mes cours. 

Je sors de mon lit et j'enfile un pull en laine un peu large gris, un leggings noir, et des converses. Je brosse mes cheveux et je décide de les laisser ondulés. Je mets un trait d'eye-liner, du crayon pour souligner mes yeux, et du mascara. Je descends silencieusement et comme à son habitude, ma mère m'attendais à la cuisine. 

- Tu as bien dormi ? demande-t-elle gentiment.

Je n'étais clairement pas d'humeur à parler. Je n'avais pas bien dormi du tout, j'avais mal encore un peu aux bras-même si le sang d'Enzo avait réussi à faire partir aussi pas mal de mes bleus- et j'étais d'une humeur de chien. 

- Oui, maugréai-je. 

- Ces derniers temps tu ne parles pas beaucoup je trouve... Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?

Je lève mes yeux vers elle. Elle était tellement fragile, tellement gentille. 

- Non tu n'as rien fait. Il se passe des choses qui me mettent de mauvaise humeur et je n'ai pas envie d'en parler. Je pense que le mieux c'est de ne pas parler, désolée.

- Je peux comprendre, répondit-elle. Si tu as besoin de moi je suis là quand même. Je respecterai ton silence. 

Je souriais en guise de remerciements. Ma mère ne méritait pas quelqu'un comme moi. Je lui fis signe pour lui dire que je partais et je me mis en direction du bahut. Je pris le temps de réfléchir durant le trajet. Je comptais vraiment sécher le cours de littérature durant quelques temps. Peut-être que s'il pensait que je ne venais plus, Enzo ne viendrait plus non plus à la fin. Après tout, il ne vient dans ce cours que pour m'embêter, pas vrai ? Je vais donc en cours toute la journée et je l'évite autant que possible. Je ne vais pas en cours de littérature, et je rentre chez moi directement après les cours en marchant rapidement. Je répète ce rituel pendant plus d'une semaine...

* Point de vue d'Enzo *  

- Et donc elle t'évite ? 

- J'en sais rien, répondis-je. Je crois bien que c'est évident. Elle ne vient pas en cours de littérature depuis plus d'une semaine, et même si je l'ai aperçu de loin quelques fois, elle marche tellement vite que je n'ai pas le temps de la rattraper. Et d'ailleurs, on s'est croisé hier dans un couloir. 

- Ah ! Tu l'as choppé alors ? demande Yann curieux.

- Nos regards se sont croisés, expliquai-je à mon ami, mais elle m'a regardé d'une façon qui m'a presque pétrifié ! Je ne sais pas comment le décrire... Ce n'était pas spécialement de la colère, mais il y avait clairement la volonté de ne pas me voir. Je me suis approché pour la voir et puis ça a sonné et elle a profité de la foule pour s'éclipser. 

- Je vois. Tu crois qu'elle ira le répéter que t'es un vampire ?

- Non, c'est ça qui m'impressionne en fait. N'importe quelle personne normale irait appeler les flics ou bien irait le raconter à tout le monde ! Mais depuis qu'elle le sait, je n'ai eu aucun regard de travers, aucune questions, et aucuns flics n'est venu me voir. Elle n'a rien dit.