"Ne pars pas"

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//Avant de commencer la lecture, je vous recommande vivement d'écouter "Oats in the water" de Ben Howard, la chanson m'a beaucoup inspiré lors de l'écriture et je suis sûre qu'elle portera très bien ce chapitre//

Elle avait rassemblé le peu d'effectifs personnels accumulés durant son année à vivre dans cette banlieue californienne, loin des strass et paillettes que pouvaient imaginer n'importe quels gosses rêvant d'accéder à la célébrité, la Californie n'était pas uniquement peuplée de personnes ne connaissant pas les fins de mois difficiles, les petits boulots par ci par là afin de survivre et les rues insalubres d'un coin mal fréquenté. Elle avait tout mis dans un carton, seulement un.

Le propriétaire lui avait accordé quelques semaines de plus à loger dans son immeuble, par pitié pour elle et son rétablissement suite à son séjour à l'hôpital.

Elle eu un pincement au cœur, non pas qu'elle eu une vie de château mais simplement que ce fut l'endroit où elle pouvait se permettre d'être elle-même, elle oubliait le chaos extérieur et la dure réalité de la vie. C'était ici qu'elle n'avait plus peur, cette peur en elle qui la rongeait petit à petit, la peur qu'un jour tout ce qu'elle avait - bien qu'elle n'ait pas grand chose - était susceptible de disparaître.

Et puis un jour elle rencontra ce jeune homme au sourire ravageur et dont les cheveux d'un brun contrastaient parfaitement avec le bleu profond de ses yeux.
Ses yeux, c'est ce qui l'avait marqué le plus lors de leur première rencontre, il n'avait pas cessé de la fixer, ce qui avait désarmé la jeune fille. Puis elle se souvint de son regard meurtri à l'hôpital, "la dernière fois que je l'ai vu" songea-t-elle.

Elle avait été heureuse avec lui, sans même réellement le connaître.

Mais la peur était toujours là, quelque part en elle, et elle se déchainait comme la mer pouvait se déchainer contre un bateau lors d'une tempête, balayant le bonheur qu'avait pu lui procurer le garçon sans même s'en rendre compte.

Une larme roula sur sa joue qu'elle balaya d'un revers de main avant d'attraper le carton. Elle se surprit à mémoriser chaque recoin de son appartement, Jared y avait mis les pieds ce qui lui procura une sensation étrange dans tout son être. Lui, ici.
Dehors le vent frais caressait sa peau et elle inhala tout l'air possible, ce fut comme une première respiration, comme si elle renaissait.

La rue était calme, bien plus calme qu'à son habitude mais ce silence fut coupé par les chaussures de trois jeunes filles dont les talons percutaient bruyamment le sol, suivies de près par un couple discutant de vives voix, ce qui n'échappa pas à la curiosité de Sarah. "Dépêche-toi je veux être proche de la scène" s'exclama la femme que Sarah jugea avoir une trentaine d'année. Son petit ami poussa un long soupir et remarqua que Sarah les regardait, déboussolée.

- Vous au moins vous n'êtes pas dans tous vos états à l'idée de voir ce si beau garçon, dit l'homme en insistant sur ses derniers mots.
- C'est à dire que je ne sais pas ce qu'il se passe, déclara-t-elle en regardant aux alentours.

La trentenaire eu un hoquet de surprise et attrapa la blonde par les épaules en incrustant ses iris verts dans ceux de Sarah.

- Je vais te dire, moi, ce qu'il se passe puisque tu n'as pas l'air au courant. Là-bas, dit-elle en désignant une grande estrade vers laquelle des centaines et des centaines de personnes se pressaient en hurlant jusqu'à en perdre la voix. Il y a des acteurs ainsi que leur réalisateur et ils sont en train de présenter leur film et moi, je vais rater le passage de Jared si ça continue.

Elle reprit sa course, talonnée par son petit ami qui cria à Sarah :

- Je ne sais pas ce qu'elle lui trouve, c'est un acteur, on ne fréquente pas le même monde.

Ne pars pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant