Pro Anorexie

4.

Ce fut, comme toujours, une journée épouvantable.

Moqueries, regards insistants voir méchants, harcèlement.

Telles sont les journées de Mary. Pas une seule journée n'échappe à la règle.

Mais il faut dire que depuis le collège, Mary s'y était en quelques sortes habitué.

C'est avec lassitude que Mary marchait en direction de son domicile, un visage dénué de toutes émotions. Un corps lâche épuisé. Des cheveux au carré, qui de jours en jours, ne cessaient de se dépeupler. Des yeux dont le vert ne scintillait plus. Une bouche qui ne savait plus ce que sourire voulait dire. Son désespoir se lisait sur son visage, pourtant personne n'y prêtait jamais attention. Personne.

Sur le chemin, des pensées noires rythmaient ses pas.

Elle se demandait sans cesse ce qu'elle faisait sur terre. Elle se disait souvent qu'elle ferait mieux de s'envoler dans le monde des morts, car dans le monde des vivants, plus rien ne la rendait heureuse ou lui donnait envie.

Mary était tout simplement une fille extrêmement malheureuse, qui ne demandait qu'à ce qu'on l'aide, mais qui demeurait seule depuis des années passant. Elle n'avait plus aucun espoir en l'humanité, plus d'espoir en sa guérison, plus d'espoir dans la vie.

Comment une adolescente si jeune peut-elle survivre seule dans un monde aussi cruel ?

Si elle avait des amis, des gens à qui parler, sans doute serait-elle mieux.

Mais hélas, la vie rend parfois heureux des gens qui ne le méritent pas, et aspire tout bonheur aux personnes qui le méritent.

C'est sur ceci que Mary arriva chez elle.

Elle ouvrit la porte et devant elle se dressait un intérieur vide de toute présence.

C'était comme ça tous les soirs, elle rentrait toujours la première, suivi de son frère, et ensuite de ses parents.

Elle déposa son sac dans l'entrée, posa son manteau et se dirigea avec peur dans la salle de bain.

En ouvrant la porte de cette dernière, elle prit une grande inspiration. Son coeur battait plus vite qu'habituellement.

Elle se dirigea doucement vers le miroir, qui se trouvait à côté d'une immense baignoire blanche.

Elle vit enfin son reflet... Ce qu'elle craignait était réalité. Tout au long de la journée, ses cheveux n'avaient cesser de tomber. Dès qu'elle y passait la main, c'était par dizaine qu'ils se déposaient au sol. Et elle découvrit donc un endroit sans cheveux, sur le crâne.

Elle prit alors son courage à deux mains. Elle ouvra un tiroir pour y prendre un peigne. Elle se brossa les cheveux délicatement. Elle prit ensuite une paire de ciseau ainsi qu'une tondeuse qu'elle trouva dans un pot gris qui contenait toutes sortes d'objets. Elle s'approcha du miroir pour mieux y voir, et ce fut une cascade de cheveux qu'elle vu disparaître de son crâne. Elle se retrouva avec une coupe extrêmement courte, à la limite du chauve. Mais elle savait que c'était le seul moyen pour que personne ne se rende compte de sa chute importante de cheveux, et que ce soit par conséquent une autre source de moquerie.

Elle se dévisagea quelques minutes, pendant lesquelles elle ne se reconnaissait presque plus. Toujours habituée aux cheveux long, on peut dire que c'est un choc pour elle de les avoir à cette longueur.

Elle cogita ensuite pour trouver une excuse valable à dire à ces parents. Bien que ces parents ne s'intéressaient pas trop à elle, elle savait qu'un changement aussi radical allait les choquer, ou pire les offusquer.