She's blue

16. Le pardon

Honest essayait du mieux qu'elle pouvait de se faire une jolie coiffure. Postée devant son miroir, elle entremêlait ses cheveux frisés du mieux qu'elle pouvait. Se rappelant à quel point ses capacités en coiffure étaient nulles, elle opta finalement pour une simple queue de cheval. Machinalement, depuis qu'elle était retournée au lycée, elle faisait plus attention à son apparence qu'avant. Vouloir se montrer séduisante n'a rien de mal, surtout lorsque ça vous empêche de trainer en jogging toute la journée. Si Honest savait quelque chose, c'est que la plupart des filles se font belles lorsqu'elles ont besoin d'avoir confiance en elle. Et Honest en avait terriblement besoin, de cette confiance. Ce jour-là, elle portait un joli pull rouge qui était un peu large, avec un jean moulant et des bottines marrons. Une tenue simple qui la mettait néanmoins en valeur. Elle observa son reflet et se trouva moins répugnante que d'habitude. Elle se trouva même mignonne, en fin de compte. Elle sourit pour se donner du courage. Elle sortit de la salle de bain, enfila une veste et posa son sac sur ses épaules. Alors qu'elle allait sortir, elle trouva une lettre reposant sur son paillasson. Elle le regarda longuement sans réagir. Ce que lui avait dit Neil l'avait beaucoup fait réfléchir. Pendant très longtemps, elle avait vu l'ange gardien comme un héros mystérieux. Ses pensées étaient souvent tournées vers lui, cherchant à tout prix à découvrir son identité. Elle avait souvent fermé les yeux la nuit, et imaginer à quoi il pouvait ressembler. Elle imaginait un jeune homme séduisant, qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant, qui finirait par lui déclarer son amour sans limite pour elle. L'ange gardien avait éveillé plein de choses en elle, il lui avait ouvert les yeux et forcé à faire attention au monde qui l'entourait. Mais Neil avait raison, l'ange gardien n'était pas un héros. Cela devait être un garçon trop timide pour lui parler en face. Et puis, il ne suffit pas de lettres pour aider une personne. Il faut une présence. Or, l'ange gardien avait toujours été aux abonnés absents. Lorsqu'elle allait mal, seul Max et Neil avait été à ses côtés. N'était-ce pas plus important que d'écouter ce que lui dictait une personne qu'elle ne connaissait même pas ? Elle ramassa la lettre et songea à la déchirer. C'était une manière de se délivrer de l'emprise de cette personne qui prétendait être un ange. Mais elle n'en eut pas la force, la tentation de lire ce que révélait l'enveloppe était trop forte.

Numéro 9

Réconcilie-toi avec ton passé à la place de chercher à l'effacer. Accorde ton pardon à ceux qui le mérite, explique-toi avec les autres.

Ton ange gardien

Elle fit une boule avec la lettre et la jeta à la poubelle. Elle allait partir, quand elle songea à faire quelque chose qu'elle n'avait jamais fait : communiquer avec l'ange. Après tout, elle en avait bien le droit, et il avait intérêt à lui répondre après tout ce qu'elle avait fait pour lui.

Ca fait longtemps que tu m'écris. Ca fait longtemps que je t'écoute. Et ça fait TROP longtemps que tu laisses planer des question autours de toi.

Qui es-tu ?

Honest.

Elle sortit de chez elle et déposa son papier sur le pas de la porte. Puis elle inspecta l'heure et réalisa qu'elle avait intérêt à se dépêcher si elle n'avait pas envie d'être en retard.

Elle se trouvait dans la cour, à l'écart. Elle se tenait immobile, bien droite, les mains serrant nerveusement les lanières de son sac à dos. Elle observait Peter qui discutait avec d'autres élèves. Il avait cette manière incroyable de cacher à merveille ses fissures. Honest voulait à la fois l'éviter à tout prix et aller vers lui. Elle pensa aux mots de l'ange gardien. Se réconcilier avec son passé. Peter était son passé. Cependant, il était difficile de l'aborder lorsqu'il était entouré de toutes ses personnes. Honest, de nature timide, n'aimait pas s'imposer de la sorte. Mais elle savait que, même si elle n'en avait pas envie, elle devait parler à Peter. Elle prit son courage à deux mains, lâcha son sac et se détendit. Elle avança d'un pas naturel et déterminé vers lui, lui attrapa le bras et déclara :