J'ouvris les yeux. Le décor effrayant s'était évaporé et avait laissé place à mon salon rassurant. Les tons beiges et marrons des murs, ma table basse tressée, le tableau que m'avait peint ma sœur... Encore sonnée, je me levais et titubais jusqu'au guéridon qui portait le téléphone, attrapais celui-ci et composais le numéro de mon beau frère, Edouard Pancal.
-Allo ? Clémence, c'est toi ?
-Bonjour Edouard, répondis-je d'une voix tremblotante, ça va ?
-Oui très bien, mais c'est plutôt à moi de te poser la question ; tu as une voix bizarre ! Tu es malade ?
-Tu n'as pas lu journal ce matin ? Questionnais-je, évitant ses questions.
-Non pourquoi ? Que ce passe-t-il ?
Sa voix commençait à devenir aussi angoissée que la mienne. Ce que je redoutais arriva ; il n'était pas au courant et c'était à moi de lui annoncer. Comme si ce n'était pas déjà assez difficile pour moi, soupirais-je intérieurement.
-Eh bien, maman m'a apportée le journal ce matin, où figurait un article qui disait qu'une tombe du cimetière avait été pillée, commençais-je
Edouard me coupa la parole, sa voix tremblait fortement :
-Oh mon Dieu. Ne me dis pas que c'est celle de...
-Joséphine, achevai-je, si c'est celle-là. Mais ne t'inquiète pas, ça va aller.
A l'autre bout du fil, Edouard sanglotait bruyamment.
- Non, ça ne va pas du tout, réussi il à articuler après c'être mouché, c'est la deuxième fois qu'on me prend ma femme. Il FAUT la retrouver à tout pris Clémence !
-Je sais, je sais. Je vais passer au commissariat du village pour récolter des infos dès qu'on aura raccroché, ne t'inquiète pas. En attendant, où est Sophia ?
Sophia était la fille d'Edouard et de Joséphine. Elle avait six ans quand sa mère eu l'accident. Malheureusement à cet âge, on sait déjà ce qu'est la mort et on commence à en avoir peur. Sophia avait été profondément affectée par l'événement et l'est toujours d'ailleurs. Elle avait dû aller voir de nombreux psychanalystes et médecins en tout genres, suite à des problèmes de sommeils. A l'âge de 7 ans, son cerveau avait commencé à faire resurgir tout les souvenirs de sa mère, à faire défiler chaque petit moment ou Joséphine apparaissait. Et tout ça...la nuit. Elle souffrait donc d'insomnies aiguës mais les nombreuses thérapies quelle avaient suivie, n'avaient rien données. Elle ne suivait donc plus une éducation dans un établissement, mais à la maison. C'était désormais son père qui assurait les cours puisqu'à cause de son manque de sommeil la nuit, elle suivait un traitement qui la faisait dormir toute la matinée ; ses horaires ne correspondaient donc pas à ceux des écoles primaires. D'après les médecins, Sophia n'avait pas de problèmes psychologiques « graves », mais elle restait tout de même une enfant fragile qui parlait peu.
-Sophia est à la maison. Elle dort. Pourquoi cette question ?
-Non comme ça. Ne lui dit pas pour Joséphine, ça risque de la choquer et de la rendre encore plus déficiente.
Edouard se racla la gorge.
-Evidement que je ne vais pas lui dire !
-Me dire quoi papa ? dit timidement la petite voix de Sophia près de son père.
-Rien chérie ne t'inquiète pas, tout vas bien ! Répondis celui-ci affolé. Vas te recoucher.
-Bon Edouard je te laisse, lui dis-je d'un air coupable, je te rappelle dès que j'ai du nouveau. Bonne chance avec Sophia, fais ce qu'il te semble le plus juste pour elle et ne panique pas : on va la retrouver.
-D'accord. Merci de m'avoir prévenue tout de suite Clémence. A plus.
Et il raccrocha.
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Ne me quitte pas
General FictionLa voiture roulait à 110km/h. Nous n'eûmes pas le temps d'apercevoir la camionnette blanche qui déboulait par la droite. Ma soeur est morte ce jour là, une partie de moi aussi.