Nasryh : Au clair de lune, les rêves se dessinent...

Prologue : Espoir...

Debout à la fenêtre de cette chambre, les yeux rivés sur le ciel, je regardais la pleine lune. Le ciel était dégagé, laissant champ libre à cette dernière qui éclairait tout le paysage autour de sa lumière argentée. Jetant ses rayons partout, même dans cette pièce lugubre qui me servait de prison depuis maintenant tellement longtemps que j'avais l'impression de n'avoir jamais connu le bonheur. Je ne me rappelais même plus de la dernière fois qu'un sourire avait éclairé mon visage, ne serait que l'espace d'une seconde.

Il régnait un silence à faire hurler les sourds. Ça faisait déjà des heures que j'étais debout à cette fenêtre. Au moins une heure qu'il n'y avait plus âme qui vive dehors. Bien que mes jambes me faisaient mal à force de rester ainsi immobile, je ne songeais pas à m'étendre sur le lit pour me reposer un peu, sachant la journée horriblement chargée qui m'attendait le lendemain. Malgré l'immensité de ma tristesse, je n'arrivais pas à pleurer. Trop triste pour pleurer. Trop triste pour me laisser abattre. Trop triste pour ne pas tout tenter pour m'échapper.

Je sentis renaître en moi une témérité que je n'avais plus ressentie depuis des lustres. Une témérité que mon mari avait étouffée petit à petit, coup après coup, humiliation après humiliation. Le peu de courage qui subsistait encore tout au fond de mon cœur se dissipa en un éclair quand ma fille vint au monde et qu'il n'éprouva aucun scrupule à l'utiliser pour me garder prisonnière. Mais ce soir, plus rien ne semblait pouvoir me retenir désormais. J'étais prête à risquer de tout perdre pour me sentir de nouveau vivante et j'avais, tout au fond de moi, le pressentiment que l'heure était venue pour moi de me tirer de là, ou du moins, d'essayer. Parce qu'après cette nuit, je ne serais plus jamais la même...

Tout ce que je voulais désormais, c'était tenter de retrouver le goût de vivre. Ce goût de vivre que je n'aurais jamais auprès de mon mari or son retour était prévu pour le lendemain matin dès les premières lueurs de l'aube. Il me restait donc moins de deux heures pour prendre de l'avance. Ça faisait des mois maintenant que je m'étais résolue à finir ma vie ainsi. Aucune échappatoire. Mais ça c'était avant. Avant que cette lune, si parfaitement ronde, ne fasse revivre mes rêves de leurs cendres en dépit de toutes ces tragédies que j'avais traversé. Me soufflant mystérieusement tout plein d'espoir dans l'âme...

Elle se dressait majestueusement là-haut dans le ciel étoilé, semblant m'inviter silencieusement à prendre mon envol. Me promettant un lendemain meilleur sous d'autres cieux. Un calme plat régnait tout autour de la maison. Seul le léger bruit émis par le vent soufflant dans les feuillages se faisait entendre. De là où je me tenais, je voyais le chemin bien dégagé. On se serait presque cru en pleine journée tellement cette lune si limpide chassait l'obscurité de ses rayons attendris. Comme pour m'envoyer un signe, une étoile filante passa. Je fermai alors les yeux et fis une prière silencieuse pour moi mais aussi... pour ma fille...

Sans plus réfléchir, je me retournai et saisis mon sac à dos. Ce sac à dos qui était supposé me servir dans ma quête de savoir sur les bancs du lycée et qui n'avait été, en réalité, que le gardien de mes secrets. Après avoir vérifié que mon journal intime y était, j'y mis à la hâte mes papiers d'identité que je gardais cachés sous le matelas ainsi que deux hauts, un jean et une robe. Le strict nécessaire pour survivre seule dans la rue. J'enfilai par la suite, les mains tremblantes, une paire de baskets un peu trop grandes pour moi, appartenant à mon mari, avant de m'élancer vers la porte. Sous l'emprise de cette soudaine euphorie qui avait gagnée tout mon être, je l'ouvris sans ménagement, oubliant le grincement effroyable qu'elle émettait à chaque mouvement.

Le cœur battant la chamade, je m'immobilisai alors pour tendre l'oreille, consciente que je jouais ma dernière carte. Si ne m'échappais pas avant son arrivée, je ne sortirais jamais vivante de cet enfer qu'il me faisait vivre. Il avait déjà réussi une fois à détruire tous mes rêves alors que j'étais si jeune, insouciante et surtout, sans attache. Je ne doutais donc pas une seule seconde du fait qu'il y arriverait à nouveau pour ce nouvel espoir si fragile qui s'était réveillé en moi et ce, en un rien de temps.

Oui, le jour était enfin venu où j'étais prête à laisser toute ma vie derrière moi pour affronter seule l'inconnu avec juste mon sac à dos et mes souvenirs car, cette fois au moins, je savais qu'il ne fallait compter ni sur la famille ni sur les « amis ». Je ne referais pas les mêmes erreurs si la vie me laissait encore une dernière chance. Juste une toute dernière chance, c'est tout ce que je demandais. N'entendant aucun bruit, je me décidai enfin à faire un pas en dehors de la chambre quand soudain, se dressa en face de moi....

Mais avant de vous raconter comment cette seule décision prise en admirant un clair de lune a scellé à tout jamais mon destin, il faudrait peut-être que je remonte quelques années en arrière pour vous expliquer de quelle manière j'en suis arrivée là. C'est drôle comme, parfois, un seul geste tout à fait anodin peut avoir un impact décisif sur le reste de notre vie...

~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~

Soon...

© Copyright 2016 Anta G. SY

- Toute reproduction interdite.

- Tous droits réservés.