Le temps que je me remette de ma frayeur et que mes idées s'éclaircissent un minimum, je n'eus que le temps d'apercevoir une ombre qui se faufilait à la hâte dans les toilettes. Maman qui s'était levée en sursaut, m'attira dans ses bras, tremblant légèrement. Tous les garçons se levèrent d'un bond et se dispersèrent dans tous les sens pour voir ce qui se passait mais l'obscurité qui régnait en maître ne laissait pas voir grand-chose. C'était une nuit sans étoiles, d'une noirceur et d'une épaisseur d'encre. J'avais du mal à distinguer les visages mais je gardais les yeux fixés sur les toilettes et le morceau de tissu qui en servait de porte, les garçons s'excitant encore plus à chaque seconde. En racontant la scène comme ça, on dirait qu'elle a duré une dizaine de minutes mais, en réalité, tout cela se déroula en quelques secondes à peine...
Voix 1 : C'est un voleur ?
Voix 2 : Je ne sais pas, je ne vois rien !
Voix 3 : C'était quoi ce cri alors ?
Maman : C'est Nafsatou qui a crié ! Qu'est-ce qui s'est passé ma fille ?!
Moi bégayant : Il... Il y a un homme... qui... qui....
Maman : QUOI ?!!!! QUEL HOMME !!!
Papa qui venait de débarqué de la chambre de sa troisième femme : (a maman) Ferme-la un peu ! Arrête de gueuler pour rien ! (se tournant vers moi) C'est qui cet homme ?
Moi : Je... Je ne l'ai pas bien vu... Je dormais et...
Papa : Il te faisait quoi ?! Il est passé où ?!!
Moi après avoir repris mon souffle pour mieux m'exprimer : Il me caressait la... les... (trop de prude pour dire ce qu'il m'avait fait devant tous les hommes de la maison)... Il... Il s'est enfui dans les toilettes quand j'ai crié !
Là tous les hommes se ruèrent vers les toilettes sans attendre d'un seul mouvement. Une de mes tantes ramena une lampe à pétrole de sa chambre. Je me rendis alors compte que les gens des autres concessions avaient également accouru, certainement ameutés par mes cris. La seconde d'après, ils sortaient un homme des toilettes en le traînant pratiquement. C'était un des disciples du marabout, le plus jeune des trois mais bon, jeune, façon de parler hein. Il avait au moins le double de mon âge. Ce vieux pervers ne portait qu'un thiaya (ou muguba, sorte de grand pantalon bouffant, voici un lien pour ceux qui veulent voir à quoi ça ressemble http://www.spirit-of-senegal.co.uk/communities/6/004/009/924/586/images/4618763444.jpg). Il était couvert de sueur. Moctar, le plus jeune de mes frères, âgé de 18 ans à cet époque, le gifla sans attendre. A la stupéfaction de tous, mon père le gifla à son tour d'une puissance encore plus grande.
Papa : Imbécile ! Est-ce que tu connais sa version avant de lever la main sur lui ? Tu ne vois pas que c'est mon invité ?
Un voisin de l'âge de mon père : Quelle version ? Il n'avait pas à aller voir les femmes pendant leur sommeil !
Papa : Mais qui a dit que c'est lui ?
Un autre voisin : Pourquoi se cachait-il dans les toilettes ?
Un autre des talibés du marabout : Peut-être qu'il y était juste pour ses besoins !
Papa : Voilà ! Il faut démêler le faut du vrai avant d'agir !
Le premier voisin : Quand on attrape un voleur la main dans le sac, on ne...
Papa sans le laisser finir : De toute façon, c'est de mon invité et de ma fille qu'il s'agit, ceux qui n'habitent pas ici, veuillez sortir de ma maison et les autres allez vous recoucher !
Moctar : Mais...
Papa : Ferme la et retourne te coucher ! Je ne te le redirais pas une deuxième fois !
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Nasryh : Au clair de lune, les rêves se dessinent...
General FictionC'est drôle comme parfois un seul geste anodin a un impact si incroyable sur le reste de notre vie... ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ <3 ~~~ « La rêverie est le clair de lune de la pensée. » J...