Khadija, condamnée

2-

Qui es-tu cher pseudo mari ?

Les jours passaient et mon mariage approchait. En effet, je m'étais fait à cette idée surtout après les nombreuses conversations que j'avais eu avec ma mère. Elle m'avait convaincu que mon futur mari était un homme bien, formidable et tout le tralala exactement comme mon père me l'avait dit. C'était déjà un bon point. Au moins il me traitera bien...

Nous nous étions rendus au Bénin ma soeur et moi. C'était là que vivait mon grand frère avec sa femme. J'allais y rester jusqu'à deux jours avant le mariage. Quant à Coumba, elle allait rester vivre là bas. Mon père tenait absolument à ce que personne ne soit au courant de sa grossesse hors mariage. De même, il voulait à tout prix éviter le scandale et de salir son nom.

Le Bénin est vraiment un pays merveilleux et il faut avouer que mon frère et sa femme s'occupaient bien de nous. Coumba avait même réussi à retrouver un peu de sa légendaire joie de vivre. On évitait au maximum le sujet de la grossesse et faisions comme si elle n'existait pas. Mais concernant mon mariage, ce n'était pas le cas. Mon frère m'en avait quelques fois parlé, lorsqu'il me voyait triste et qu'il devinait que c'était à cause du mariage, pour me rassurer et me convaincre que mon futur mari allait bien s'occuper de moi un peu comme ma maman d'ailleurs. Mais ils refusaient tous de me dire qui c'était même après mes nombreuses demandes.

Ma soeur et moi nous parlions très peu. Je voulais bien lui confier mes peines mais je me disais qu'elle était plus malheureuse que moi. Je voulais aussi en savoir plus sur les causes de sa grossesse mais je savais que ça la gênerais.

_____________

_Oh mais je crois que tu as vraiment abusé de la nourriture béninoise heiiin, tes fesses ont considérablement grossis ! Plaisanta Rama en m'aidant à dévaler mes valises.

On ne pût s'empêcher de ricaner ma mère et moi.

J'étais malheureusement de retour au bercail après avoir passé deux superbes mois au Bénin.

Nous finimes très vite de ranger mes affaires à leur place habituelle. Avant de partir au travail mon père m'appela.

Après des retrouvailles pas très chaleureux, il m'annonça :

_Ton mari va venir à la maison ce soir pour le dîner, assure toi de lui préparer un bon repas et d'être à la hauteur de ses attentes.

Il n'attendit même pas ma réaction, murmura un "bonne journée" puis s'en alla.

Bilae je le déteste ! Il croit vraiment que moi je vais prendre la peine de cuisiner pour un mari dont je ne veux pas ?

__________________________

Bref j'avais fini par changer d'avis. J'avais décidé de préparer le dîner mais pas un bon dîner.

Si je cuisine mal, je m'habille mal, me maquille mal peut-être qu'il ne voudra plus de moi. Je sais que tous les démarches ont déjà été effectué et qu'on ne peut plus revenir en arrière. Mais bon je peux toujours essayé, on ne sait jamais ! Pensais-je

A 20h tout était déjà prêt, j'avais dressé la table du salon avec tous les mets que j'avais préparé. Ma mère, accompagnée de ma cousine, avait passé la journée avec ses soeurs et cousines notamment la mère de Rama afin de discuter du mariage et faire certains achats. Je lui avais laissé libre champ concernant celui-ci, même pour les robes et tout. Un tailleur Béninois avait pris mes mesures et je l'avais envoyé à ma génitrice. Elle m'avait dit ce matin que les tenues seraient prêtes demain. Mais bon je m'en fichais complètement !

Je retournais dans ma chambre pour regarder un film sur mon portable.

_AsalamuAleikoum ! Entendis-je dire une trentaine de minutes après.

J'avais reconnu la voix haute et très rauque de mon père. Il ne tarda pas à m'appeler pour me demander de le ou plutôt les rejoindre lui et son invité.

Mon coeur se mit à battre la chamade tellement j'étais angoissée à l'idée de découvrir qui était mon mari. Je soufflais un grand coup avant de pénétrer enfin dans le salon après beaucoup d'hésitation.

Néanmoins je n'y trouvai que mon père. Ouf ! Comme j'étais soulagée.

_Ton fiancé a eu un empêchement, il viendra peut-être demain.

_Tu ne vas pas me dire qui c'est ? J'ai le droit de savoir non ?! L'interrogeais-je après quelques minutes de silence.

_Je préfère te laisser le découvrir par toi-même.

Je serrais les dents et fis une grimace tellement j'étais énervée qu'il me sorte toujours la même réponse lorsque je lui demandait l'identité de mon... pseudo mari.

Je me levais alors pour m'en aller mais il m'interrompit :

_Voici son numéro. Si tu as à tout prix envie de découvrir son identité, appelle le... Fit-il en me tendant un bout de papier qui renfermait un numéro qu'il venait d'y écrire.

Je pris un petit temps de réflexion avant de décider de le prendre des mains de mon géniteur. Je me rendis immédiatement dans ma chambre, prit mon téléphone puis composa le numéro :

Connexion... Afficha-t-il

Eh Allah ! Mon coeur se mit à cogner si fort contre ma poitrine que j'avais l'impression qu'on l'entendait à des kilomètres !

_Allô ? Entendis-je dire.

Oh Mon Dieu... !