Khadija, condamnée

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Rendez-vous inattendu

Je raccrochais immédiatement. Inutile de vous rappeler à quel point j'étais stressée à l'idée de découvrir l'identité de cet homme et le pire c'est que je ne savais même pas pourquoi !

Ma mère et Rama arrivèrent quelques minutes après. Ma cousine me rejoignit dès qu'elle salua mon père.

_Alors comment ça s'est passé avec ton... futur mari ? S'enquit-elle en se déshabillant.

_Il n'est pas venu. Répondis-je d'une voix triste et sèche.

Elle vint alors me serrer dans ses bras :

_Tu sais, il y a ( sa voix commença à s'affaiblir par la tristesse, je sentis des gouttes de larmes s'échouer sur mon dos ) il y a des gens qui... qui se retrouve dans des situations beaucoup plus compliquées que la tienne, des situations où il n'y aucune issue, aucun moyen ni espoir d'en sortir... Oui il y a des gens qui voient leur bonheur s'envoler du jour au lendemain tout en sachant qu'ils ne le retrouveront plus jamais... Il y a des gens qui n'ont qu'une seule envie et c'est se suicider mais c'est leur foi qui les en empêche...

Je ne pus m'empêcher de laisser échapper les larmes qui embuaient mes yeux. Son petit discours m'avait vraiment émue et fait réaliser que même si je traversais une mauvaise passe, il y a dans ce monde des gens qui sont milles fois plus malheureux que moi.

_Alhamdoulilah ! Murmurais-je alors.

Elle desserra ensuite notre étreinte pour aller prendre une douche.

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TOC TOC TOC !!!

_KHADIJA ? RAMA ? RÉVEILLEZ VOUS BON SANG ! IL EST PRESQUE 11H !

C'était ma mère qui parlait ou plutôt qui nous hurlait dessus depuis un bon moment. Wallae elle est vraiment trop chiante, Astafiroullah, je veux dire pire qu'un réveil.

En effet on avait fait une petite grasse matinée vu qu'on avait à peine dormi cette nuit, ma cousine et moi tellement nous étions occupées à pleurer.

Eh oui ma Rama d'amour elle m'aimait tellement qu'elle avait sangloté avec moi toute la nuit comme si elle ressentait la même douleur que moi. Elle était bien digne du statut de soeur de coeur que je lui avais donné !

_Ko leen yaab ? ( Vous vous moquez de qui ? ) Le tailleur est là depuis un bon moment. Sortez vite d'ici et venez nous rejoindre au salon vous n'allez pas lui faire perdre encore plus de temps. En plus il y a quelques uns de nos proches qui vont bientôt arriver... Ajouta-t-elle après que j'eus ouvert la porte de la chambre.

Quand elle râlait comme ça bilae j'avais trop envie de la frapper ! Mais bon par respect pour elle, je me contenais toujours et me contentais parfois de riposter mais là j'avais préféré me taire. Mes paupières enlourdis et mon insupportable mal de crâne m'empêchaient de l'écouter parler davantage encore moins d'ouvrir la bouche.

Je me baignais rapidement, dégustais un petit pain avec du thon avant de prendre des médicaments et de regagner le salon suivie de ma cousine.

Le tailleur ne tarda pas à dévaler les grands sachets qu'ils transportaient lui et son acolyte. Il étala un par un sur la table des tenues tout aussi époustouflantes les unes que les autres.

_C'est qu'elle est timide notre petite mariée ? Qu'attend-elle pour essayer ses habits ? S'exclama-t-il après avoir constaté que j'étais sur les nuages.

Ma mère me lança un regard noir ce qui me poussa à saisir l'une des tenues pour aller l'enfiler dans ma chambre. Rama me suivit pour m'aider. Je remarquais alors qu'elle avait toujours une moue triste et abattue :

_Qu'est-ce qui t'arrive Rama ?

_Bientôt ce sera mon tour... Lâcha-t-elle après un petit silence très pesant.

Elle se remit alors à pleurer. J'avoue que je n'y comprenais plus rien.

_Comment ça ton tour ?

_Je veux dire... Un jour... Moi aussi je me marierai... Tu sais que je suis très sensible et ... Penser au mariage, quitter cette maison... Ça m'émeut... Mais ce n'est pas vraiment ça qui me fait pleurer. Khadija, tu vas tellement me manquer !

Cette fois-ci, c'est moi qui la prenait dans mes bras.

_Je veux que tu vienne vivre avec moi.

Elle ne dit rien et continua à pleurer. Ma mère revint encore toquer à la porte. On essuya rapidement nos larmes puis on sortit de la chambre.

Alors que j'essayais la dernière robe, mon téléphone se mit à sonner. Ma mère demanda à la bonne qui était venue contempler les tenues de me l'apporter. Ce n'était pas un appel mais plutôt un message d'un numéro inconnu :

<< Rendez-vous au restaurant Little Buddha à 16h >>

Intriguée, je lançais l'annuaire des appels émis et je constatais alors que le numéro du messager correspondait à celui que m'avait donné mon père hier, celui que j'avais appelé, celui de mon 'mari'...

Je tendis mon téléphone à Rama qui me conseilla après avoir lu le SMS à son tour :

_Vas y ! Il faut que vous discutez un peu et que vous essayez de mettre les choses au clair avant le mariage.

Après le déjeuner, le tailleur et son acolyte s'en allèrent. Ma mère m'obligea à les raccompagner jusqu'à ce qu'ils prennent un taxi. Sur le chemin de retour, je décidai alors de lui parler du rendez-vous vu qu'on était seules :

_Je pense que tu es assez grande pour prendre tes propres décisions. Ce qui serait néanmoins préférable c'est de le rencontrer avant le mariage pour éviter les mauvaises surprises...

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Depuis que j'avais reçu le fameux message, je ne cessais de me reposer des questions sur l'identité de mon pseudo mari. Les noms de tous les hommes que je connaissais défiler un par un dans ma tête... J'avais décidé de suivre les conseils de ma maman, de Rama et de mon père. Celui-ci m'avait appelé vers 13h40 pour me demander si j'avais reçu le fameux message. Lorsque je lui répondis par l'affirmatif, il s'exclama :

_J'espère que tu ne vas pas lui poser un lapin toi qui ne cesse de demander son nom. Ne te mets pas non plus à jouer les princesses et les capricieuses, c'est ton mari tu dois le respecter et l'obeïr. Écoute le att---

J'éloignais le cellulaire de mon oreille avant même qu'il n'eut terminé son discours. Comment il m'agaçait ! Comment je mourrais d'envie de lui crier de LA FERMER !

Tincitinciiin !!! Le réveil se mit à sonner m'annonçant qu'il était 15h30, l'heure de quitter la maison pour retrouver mon 'cher mari'...