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Pdv Alesha

J'ai perdu toute notion du temps.
Tous les matins, depuis mon retour, je me rends auprès du roi Harry afin qu'il puisse se nourrir. Après, je reprends mon travail qui est toujours le même.
Les autres humains m'évitent. Même Amelle. Pour être honnête, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je dors seule et mange seule. Troy me manque atrocement... Son rire, son humour, sa façon de me consoler,...

Les douches sont comme je l'avais prédit. Petites, froides, ineffectives. Il ne sort presque pas d'eau du jet. Je ne me suis jamais sentie aussi sale.

Je pense que nous sommes en avril. Mais comme je l'ai déjà dit, je n'en ai aucune idée.
En tous cas, depuis une bonne semaine, je ne me sens pas bien. Enfin, encore moins bien que d'habitude. J'ai des vertiges de temps à autres et je tousse énormément. Les morsures de Harry n'y remédient pas. Elles m'affaiblissent encore plus. Je suis malade, mais je ne sais pas quoi faire.

~

D'un pas traînant, je me dirige vers la chambre de Harry. J'ai tant l'habitude d'y aller que je connais le chemin par cœur et que Thimoti ne m'accompagne plus depuis un mois environ. Il sait que j'ai perdu espoir et que je ne retenterai pas de m'échapper.

-Entrez, dit Harry lorsque je frappe à sa porte.

Harry ne s'incruste presque plus dans mon esprit, même s'il sait toujours lire mes pensées. Et ça, c'est assez irritant.

J'ouvre la porte. Je viens de me lever, et Harry aussi. Il est habillé, mais je le vois à ses cheveux emmêlés. Nda : pour ceux qui se le demandent, Harry a ses cheveux de 2014 😉

-Bonjour Ali.

Depuis peu, Harry utilise mon diminutif pour s'adresser à moi.

-Bonjour Monsieur.

-Bien dormi ?

-Oui, je mens.

-Ne me mens pas, dit Harry.

Je soupire.

-Si pour vous, dormir à même le sol est possible, alors oui, j'ai bien dormi. Mais pour moi, c'est impossible, alors non, j'ai mal dormi.

-Tu n'as que te trouver un matelas.

Connard.

-Ne m'insulte pas, Ali. Bon, j'ai faim. As-tu déjà mangé ?

Je hoche positivement la tête. Harry me fait asseoir sur son lit et prend place à mes côtes. Il balaie mes cheveux de ma nuque et y plante ses canines. Je me crispe quelques instants avant de me détendre. Oui, ça m'épuise toujours autant. Mais la douleur s'est atténuée depuis le temps.
Lorsqu'il me lâche, une vague de toux me prend.

-Ali ? Ça va ?

-Oui, oui, je tousse.

-Je t'ai déjà dit un nombre incalculable de fois de ne pas me mentir. Tu dors mal et tu tousse comme un chien. Ça ne peut pas être bon signe. Attends-moi ici.

Et il disparaît. Je vois par la porte restée ouverte de sa salle de bain une énorme douche. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour y aller...

Quelques minutes plus tard, Harry est de retour. Il me donne une petite boîte de comprimés.

-J'ai été voir l'infirmier. Tu dois prendre ça chaque matin, au petit-déjeuner.

-D'accord. Merci.

Je me lève.

-Où vas-tu ? m'arrête Harry.

-Travailler.

-Oh, bien sûr. Oui, vas-y.

Je sors et ferme la porte.
Les derniers temps, Harry s'est adouci envers moi. D'accord, il me taquine encore, mais j'ai déjà beaucoup moins d'envies de meurtre.

~

-Tu étais où ?

-Comme tous les matins, je réponds à Amelle.

-C'est quoi cette boîte que tu tiens ?

Je glisse rapidement la boîte de comprimés dans ma poche.

-Rien.

-Des médicaments ? C'est ça ?

Amelle semble s'énerver.

-Oui. Je ne vois pas où est le problème, je réplique.

-Tu ne vois pas ? Laisse-moi t'éclaircir, alors. Certaines personnes ici ont une pneumonie, d'autres la grippe, et j'en passe. Et tout le monde s'en contre-fou. Toi, par contre, tu tousse une fois, tu as droit à des médicaments. Tu ne vois toujours pas ce que je veux dire ?

Je baisse les yeux. Elle a raison.

-Oui, je vois. Et tu as raison. Je reviens, je dis en faisant demi-tour.

Je vérifie que Thimoti est occupé autre part et retourne à l'intérieur du château. J'espère que Harry est toujours dans sa chambre. Je monte quatre à quatre les escaliers et débouche dans le couloir des chambres royales. Je frappe à la porte de celle de Harry.

-Oui.

J'ouvre la porte.

-Ali ? il demande, étonné. Tu n'es pas censé travailler ?

-J'y retourne immédiatement. Je voulais juste vous rendre les médicaments.

Il arque un sourcil.

-Je pourrais savoir pourquoi ?

-Parce c'est injuste. Je ne comprends pas pourquoi j'y aurais droit, alors que dehors, il y a des humains en bien pire état que moi.

-Alesha. Si je t'ai donné ces comprimés, c'est parce que j'ai besoin de toi en bon état. Je me nourris de toi. Si tu es malade, ton sang n'est pas bon non plus. Tu dois être en bonne santé.

-Mais... Et les humains malades, dehors ?

-Eux ? Je n'en ai pas besoin. Leur santé m'importe peu.

Je reste silencieuse, sous le choque de ses paroles.

-Donc reprends tes médicaments. Je vais demander à Thimoti de vérifier que tu les prennes tous les matins.

Je ressors en soupirant. Ce n'est pas juste. Mais je me suis promise d'arrêter de jouer les rebelles.

C'est donc tête baissée que je retourne travailler.

Kill 'em with kindness ||TERMINÉ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant