Éléphant Blanc.

-5-

"-Je vais devoir retourner vers l'école... Maman va pas tarder à venir me chercher."

Archibald était au primaire et avait encore cette chance de ne pas avoir cours l'après-midi. C'était une des spécificité dont jouissais les écoles sénégalaises.

"-Dis Archi, ça fait combien de temps que tu es à Dakar ?
-Deux ans et toi ?
-Bah.. Je suis né ici pour ma part... Un de tes parents est enseignant dans l'établissement français ?
-Non.. Papa est architecte, il a eu un contrat de trois ans pour le nouvel hôtel qui va ouvrir près de la piscine.
-Mhh.. Et après ?
-Après on sait pas, on va peut-être rentrer plus tôt en fait, m'avoua-t-il alors qu'on se dirigeait tranquillement vers son école primaire.
-Pourquoi cela ? "

Il fit une moue et ne me répondit pas. Archibald répondait quand il le souhaitait. Quand la question l'arrangeait ou du moins quand elle ne le dérangeait pas trop.

"- Dis Lamine, t'auras pas des problèmes vu que tu as loupé le lycée ?
-Probablement... Mais je ferais en sorte que ma grand-mère n'en sache rien !
-Pourquoi ? Elle est sévère ta mamie ?
-Hm... Elle a des principes !
-Et tes parents ?
-J'ai plus de parents bonhomme, lui révélais-je."

Il n'a rien ajouté. Je ne sais pas s'il était indifférent face à la vérité avouée ou s'il était pris d'un embarras sincère.

"-Demain je pourrais pas venir, si je loupe encore l'école mon maître va le dire à maman à tous les coups...
-C'est pas plus mal si tu te faisais un peu botter les fesses Archi !"

Lorsqu'il entendit mes mots il ne put s'empêcher de me tirer la langue. Ce môme me faisait bien rire. Il était agréable à vivre mais je sentais qu'il n'était pas serein malgré tout.

"-Alors on se reverra plus avant quand ? demandais-je à mi-confus et à moitié blagueur.
-Bah je voulais te proposer de venir avec moi à mon cours de tennis à 15h au club sportif.
-Ouh ! Archi le tennis et moi c'est pas trop ça, confessais-je.
-Mais tu vas pas jouer ! Juste me regarder Lamine !
-Ah oui, d'accord, je préfère."

Archibald secouait la tête tout en souriant. Il avait cette expression qu'ont les gens lorsqu'ils sont exaspérés, mais je savais que je le faisais bien rire.
On venait d'arriver aux abords de son école .
J'avais pris la décision de le laisser seul jusqu'à ce que sa mère arrive et j'avais choisi de me diriger ensuite vers mon lycée afin d'assister tout de même à mes cours de l'après-midi.