La cérémonie des Vongola [Terminée]

18. Le gardien de la foudre

            Lampo était intrigué. Le gardien de la foudre du decimo était bizarre. Déjà, il était un gamin immature, incontrôlable, agaçant, égoïste, énervant et en plus il lui ressemblait. Même son nom ! Mais le pire, c'est qu'il s'habillait comme une vache. Et malgré ça, sa famille l'adorait. Là, il l'accompagnait vers une drôle de maison. Et Lampo grimaça en comprenant où il était. C'était un recueil de gamins. Il y en avait partout, entre 0 et 15 ans.

Le gamin vache l'abandonna à l'entrée et se précipita à l'intérieur. Il alla saluer à sa manière la plupart des gamins, sous les cris et les rires de la plupart d'entre eux. Lampo remarqua alors un changement d'ambiance. Elle était plus détendu, plus joyeuse. Comme si l'arrivée du Vongola avait radoucit les cœurs et calmé les angoisses.

Lampo alla chercher un verre de coca et se posa dans un fauteuil libre près de la fenêtre. Il observait son descendant. Celui-ci jouait avec les gamins ; il les avait rassemblés autour de lui et il semblait leur raconter quelque chose. A peine avait-il fini que les gamins éclatèrent de rire. Il en enchaîna plusieurs autres blagues, créant ainsi une véritable atmosphère joyeuse. Lampo remarqua que les sourires étaient moins faux, plus grands. Ils avaient perdu leurs airs forcés. Le plus jeune de la première génération s'adossa dans son siège et continua d'observer l'endroit.

Sans s'en rendre compte, le temps passa sans que le gardien du Primo ne s'ennuie. Parfois, il jouait même avec certains gamins. Ce qui, en temps général, l'aurait répugné. Mais ici, étrangement non. Un peu plus tard dans la journée, il alla s'asseoir de nouveau dans son fauteuil. Adossé au mur, une adolescente buvait tranquillement du thé. Un jeune homme discutait avec elle. Quand Lampo s'assit, l'adolescente fit un mouvement de tête en direction du gamin vache. Son compagnon eut un petit sourire et haussa les épaules, tandis que la chinoise tournait les talons et rejoignait le bovin. Le jeune homme aux yeux étoilés s'adressa alors à Lampo :

-Merci d'avoir accompagné Lambo ici. Les enfants des mafieux l'aiment beaucoup. Après tout, c'est lui qui la créée, avec notre aide bien sûr

-Comment ça ?

-Les mafieux ont tous des enfants. Et quand les parents doivent partir en mission, ils se retrouvent seuls chez eux. Il y a aussi ceux dont les parents sont durs. Cet endroit leur permet à tous d'avoir un foyer quand ils en ont besoin. Tout est à leurs dispositions. Et à la charge du Vongola decimo, expliqua Futa

-Pourquoi le bovin fait-il ça ? Demanda Lampo

-Il m'a dit que vous aviez vu ses souvenirs...

-Pas tous. Dans la plupart je voyais le decimo ou sa Mama. Vous étiez tous en train de rire, à chaque fois. Mais je ne comprends pas pourquoi il fait tout ça, il est si...

-Si égoïste, énervant, enquiquinant, jaloux ? bien sûr qu'il l'ait, mais il a aussi des qualités. Malgré les apparences, Lambo se soucis des autres. Il sait ce que ça fait d'être abandonné par sa famille, le coupa I-pin

-Les Vongola n'abandonne jamais les siens, c'est absurde, s'insurgea le gardien du Primo

-Avant d'entrer chez les Vongola, beaucoup d'entre nous appartenait à une autre famille, lui apprit Futa

-C'est-à-dire ?

-Lambo vient de la famille Bovino. Moi, j'ai été balloté de famille en famille. Gokudera, lui, était le fils illégitime d'un boss qui se fichait de lui. Mukuro, lui, il ne vaut mieux pas en parler... Enfin, nous avons tous nos squelettes dans nos placards. Expliqua Futa

-Mais pour Lambo ? Voulu savoir son ascendant

-Sa famille la vendu au Vongola decimo. C'est réellement ça. Ils l'ont donné à Tsuna-ni, sans se soucier de son avis. Il n'avait même pas cinq ans. Heureusement que mon grand-frère nous a tous recueilli. Il a été abandonné, vous comprenez ?

-Je suis un prince. Mes parents étaient riches, mais peu présent. Je peux comprendre le sentiment d'abandon dont vous parlez, lui répondit Lampo

-Je suis désolé...

-Pas de soucis, j'ai l'habitude, mais pourquoi le bovin a créé cet endroit ?

-Pour que plus personne ne soit seul. Lambo vient ici tous les jours pour apporter son soutien. Il reste encore plus longtemps maintenant que l'incident s'est produit. Il apporte un peu d'innocence et d'amour à tous ces enfants. Et puis, les parents lui font confiance, il est après tout le bouclier des Vongola, lui apprit Futa

Lampo garda le silence. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle. Le bovin était plus mature et plus réfléchit qu'il ne l'avait cru au premier abord. Il se souvient alors de sa réaction lors de l'affrontement des deux générations. Sans hésiter, il les avait affrontés. Il s'était opposé à eux, sans connaître le véritable motif de la dispute.

En fin de journée, les deux gardiens de la foudre retournèrent au manoir. A peine le bovin avait-il vu l'un des membres de sa famille proche qu'il était redevenu le gamin pleurnichard et égoïste qu'il connaissait. Mais même en faisant ça, il apportait le sourire à ceux qui s'occupait de lui. Même le bras droit du decimo, qui pourtant l'insultait copieusement faisait attention. Il était plus joyeux.

Lampo ne le savait pas, mais il avait la même attirance. En sa présence, les membres de sa génération étaient plus détendu, plus heureux. En allant se coucher ce soir-là, le gardien de la foudre de la première génération pensa à tout ce qu'il avait vu et à toutes les qualités qu'il attendait d'un bon gardien. Un gardien de la foudre se devait de protéger sa famille lors d'un combat, être en première ligne, intrigué l'ennemi et dévier l'attention sur lui. Il était calme la plupart du temps, mais lors des crises, il devait être impossible à arrêter. Le gardien de la foudre se devait de protéger la famille de la déprime, de la tristesse, de l'ennui. Il avait pour mission d'être actif, ne pas laisser les familles ennemis surprendre sa famille. Il ne portait pas forcément le même blason, mais il était loyal.

En y réfléchissant et en regardant son compagnon dormir, Lampo lui accorda toutes ses attentes. Lambo, bien que jeune, était un bon gardien. Il n'était pas encore très fort physiquement et devait être protégé par son boss, mais son mental le hissait bien au-dessus de la plupart des mafieux. Il avait sa place chez les Vongola et comme gardien de foudre du decimo.

A peine eu-t-il pensé cela que sa bague ainsi que celle de Lambo se mirent à briller à l'unisson, laissant s'échapper une lumière verte. Sur la bague du decimo, un deuxième point s'alluma autour de la pierre centrale. Etrangement, il ne se réveilla pas, il se blottit même un peu plus dans les bras d'Eléonore. De son côté, Giotto qui dormait dans une autre chambre, ne voulant pas reproduire par inadvertance la catastrophe se réveilla en sursaut.

Sur sa bague, un deuxième point lumineux était apparu. En fermant les yeux, il perçu l'approbation de son gardien de la foudre. Il en fut étonné, pensant que Lampo serait l'un des derniers à accepter son gardien. Giotto se recoucha et s'endormit sans problème, tout se passant comme il l'avait prévu.