Tout commence à Koros, capitale du royaume des Hommes. « Le siècle qui arrive se doit d'être prometteur», tels sont les mots qui résonnaient dans les esprits des dirigeants.
A Koros, il existait une institution, appelée Sénat, qui dirigeait les actions de tout le royaume. Ses dirigeants étaient des hommes justes et bons, mais ces personnes étaient des mages. Lorsque Koros fut construite, il fut décidé que les mages auraient la lourde responsabilité de diriger la capitale. C'était une cité prospère où la loyauté et la justice étaient les valeurs les plus importantes. Elle était l'apogée du savoir et de la puissance des hommes.
La famille Valior était une des plus influentes parmi les trente familles du Sénat. On leur demandait toujours leurs avis à propos des affaires du royaume. Le couple Valior, composé d'Elenia et de Filius, avait eu un enfant, Eldric, et c'est ce jeune garçon qui vous racontera son périple.
L'année de mes neuf ans, un président du Sénat devait être élu. L'ancien était mort dans d'étranges circonstances. Le Sénat était une démocratie dans laquelle des représentants du peuple, élus par celui-ci, discutaient ensemble avec le président de la politique du royaume.
Le président avait quelques pouvoirs, mais les sénateurs avaient le droit de contester ses décisions s'ils ne les trouvaient pas favorables.
Mon père était semblait-il la personne la plus adéquate à remplir ce rôle. L'ancien président avait un suppléant nommait Denon, qui était ambitieux et sournois, et convoitait le titre de président depuis bien longtemps. Son ambition était telle, qu'une nuit, il empoisonna son mentor. Cet acte plongea la cité dans un état de fragilité où la peur régna pendant quelques temps. Mais le Sénat n'était pas dupe, les dirigeants avaient compris ce qui se tramait dans l'ombre et finirent par découvrir le fin mot de l'histoire.
Pour cette trahison, il fut décidé que Denon serait exilé. Ivre de rage et d'amertume, celui-ci partit mais jura de revenir accomplir sa vengeance. Après cet incident, mes parents eurent une montagne de travail et devaient sans-cesse faire des allers-retours au Sénat, me laissant souvent seul. Cela me rendait triste, mais je savais que c'était nécessaire. Mes chers parents auraient bientôt l'honneur de diriger un royaume, ce genre de projet ne pouvait s'accomplir sans certains petits sacrifices. J'appris donc à me débrouiller. La plupart du temps, je filais à la bibliothèque. Les ouvrages portant sur les aventures de mages me passionnaient. Je découvris peu après un tout autre domaine qui attira mon attention: la musique. Cet art était pour moi irremplaçable, il me permettait de ressentir qui j'étais, de faire passer des émotions aux personnes qui m'écoutaient. La musique était mon meilleur refuge face à l'ennui. Un jour, le bibliothécaire m'emmena dans une immense salle qui contenait des centaines d'instruments de musique ! Il me chuchota avec tendresse :
- Un de ces instruments peut t'appartenir, il te suffit juste de choisir.
Merci infiniment ! répondis-je avec gratitude. Je parcourus la salle, inspectant chaque recoin et vis au loin un éclat doré. Je m'approchai de la source de cette lumière et trouvai une magnifique lyre. C'était elle, je le savais, cet instrument serait le mien pour ce jour et le reste de mon existence. J'en jouai pendant des heures et des heures, la vibration des cordes faisant écho au plus profond de mon âme. J'étudiais en cachette la magie et l'art de l'épée, ce qui était primordial dans un royaume comme le notre qui était empli de dangers. Je me répétais que je devais exceller dans tous les domaines et ma maîtrise de la magie et de l'épée devint très grande. A la maison, qui était très vaste, je devais me rendre invisible. J'étais très aimé bien sûr, mais mes parents avaient tellement de travail que je ne voulais pas les déranger.
Le jour de l'élection approchait et je sentais qu'un piège se préparait, je n'étais sûr de rien mais je fis part de mes inquiétudes à mon père. Il me rassura et m'expliqua que tout allait bien se passer, mais je n'étais toujours pas tranquille. La déclaration de Denon m'avait glacé jusqu'au sang et je n'arrêtais pas de ressasser cet épisode. L'élection eut bien lieu et tout se passa bien, mon père fut élu à l'unanimité, ce qui me remplit de joie. Après le vote, il y eut un grand banquet qui se déroula de main de maître. Tout le monde paraissait heureux. Pourtant une étrange sensation me traversa. Rien ne permettait toutefois de présager ce qui se passerait ensuite.
Un voile d'obscurité se reflétait dans la lumière et, d'un seul coup on entendit l'alarme annonçant une attaque. Tous les mages capables de combattre furent envoyés à la grande porte. Quelques secondes plus tard, celle-ci fut fracassée. Des décombres de la porte jaillirent des ombres par millier, c'étaient des véritables entités créées par magie. Elles étaient de taille moyenne et portaient toutes une cape violette avec un capuchon qui dissimulait leurs visages.
Personne n'échappa à leurs griffes acérées. Les murs étaient maculés de sang et les cris résonnaient dans tout l'édifice. A leur vu je sentis un froid glacé s'investir dans mon corps. Je m'approchai de la grande porte, les mages résistaient fièrement mais leurs assaillantes étaient bien trop nombreuses. Ce qui me paraissait étrange c'était que les ombres étaient très organisées, quelqu'un les manipulait grâce à la magie, c'était la seule solution plausible. Et je savais qui était cette individu, ça ne pouvait être que Denon, je reconnaissais sa magie maléfique. Mais l'heure n'était pas à la réflexion. Je couru jusqu'à la tour de garde en évitant de me faire transpercer par un sortilège. Ce que je vis me transi d'effroi, en vérité les spectres n'étaient qu'un leurre. Une armée se tenait devant nos portes, et ce n'était pas n'importe laquelle, c'était celle des démons ! J'aperçus le seigneur démoniaque qui chevauchait au devant de ses troupes. Il était gigantesque, son visage ressemblait plus à celui d'un animal qu'à celui d'un humain. Il possédait une relique enchantée, c'était une épée qui projetait des flammes et je savais qu'elle était une des plus puissantes. Un ennemi terriblement dangereux marchait sur la cité.
Je devais prévenir mon père, il fallait regrouper les troupes. Je me précipitai jusqu'à la salle principale. Une main putréfiée m'attrapa soudainement l'épaule, sentant un frisson me parcourir j'agrippai mon épée de toute mes forces et tranchai la gorge d'un spectre. Mon adversaire se transforma en poussière et je pu continuer mon chemin. J'arrivai dans la salle où la bataille faisait rage. Mon père était le pilier qui empêchait les forces obscures d'entrer. Je me frayai un chemin à travers la mêlée. J'étais presque arrivé aux côtés de mon père. Lorsqu'il me vit son visage devint livide et blafard :
Eldric ! cria-t-il. Couche toi !
A ce moment-là, je sentis l'acier d'une lame embrasée s'enfoncer dans ma chair. Je m'effondrai sous le choc. Mon corps entier était blessé et saisi de convulsion. Mon agresseur n'était autre que le souverain démon. Sa lame écarlate, venant de la magie du feu des démons me tordait de douleur. Mon père sortit alors une pierre sur laquelle un phénix était représenté.
Atvild ! proclama t-il. Il y eut une onde de choc titanesque. Lorsque je rouvris mes yeux, je vis mon père me soignant à l'aide d'un sortilège et me disant :
Garde-la en lieu sûr. Il me donna la pierre. Va te réfugier dans la contrée elfique, téléporte toi, maintenant ! A ce moment-là, j'entrevis ma mère qui était allongée, baignant dans son sang.
Père ! suppliai-je.
Il est trop tard pour elle... Fuis, vis ta vie pleinement et surtout cache la pierre ! Une dernière chose, nous t'aimons de tout notre cœur. Le souverain démon apparut à quelques pas de nous.
Donne moi la pierre ! vociféra-t-il. Pour toute réponse mon père lui décocha un éclair magique. Le démon disparut, puis il surgit soudain derrière mon père.
Que tu es faible. dit-il. Et il le transperça de son épée. Je vis mon père s'écrouler devant moi et le sang s'écouler de sa plaie. Je tremblais de tous mes membres. J'étais tellement bouleversé que je n'entendais plus rien et ne voyais guère plus. Puis les dernières volontés de mon père me revinrent à l'esprit.
Quidem, dis-je et je disparus dans un tourbillon étincelant. En un instant j'atterris au cœur d'une immense forêt. J'étais arrivé dans la contrée elfique. Juste avant de perdre connaissance suite à ma blessure, je vis une jeune elfe s'approcher de moi et me parler, mais je sombrai dans l'inconscience.
Quelques jours après, j'allais beaucoup mieux. J'appris que le Sénat était tombé, l'usurpateur Denon avait créé une monarchie et s'installa sur le trône qu'il avait obtenu grâce à son pacte avec le seigneur démoniaque. La peur s'instilla dans le royaume des hommes. En contrôlant Koros, il avait la main mise sur le royaume entier. La perte de mes parents et de tout ce à quoi je tenais m'avait traumatisé au plus au point. Je restais refermé sur moi-même pendant très longtemps. Les elfes ont pris soin de moi. Peu à peu, ma peine se mua en détermination. Mon âme était blessée, mais la vie était ainsi faite. Je ne savais pas si j'étais en quête de vengeance ou de justice, mais ce serait l'une des deux qui me guiderait. Un jour, je formerais une rébellion, un jour, je combattrais Koros, et un jour, j'anéantirais Feorn le souverain démon et l'usurpateur Denon.
VOUS LISEZ
La Légende d'Azanor
FantasyAlors que la cité des hommes est aux mains de forces maléfiques, que les nécromanciens invoquent de sombres créatures depuis leurs cavernes ténébreuses, et que la contrée elfique s'apprête à entrer en guerre, un jeune magicien dirige ses pas vers sa...