I.

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Je m'appelle Cassandra Leslie Jacobs, mais tout le monde me surnomme Cassie. Je ne suis ni belle, ni moche. Je ne suis rien, je suis le stéréotype de la fille banale et fade, de la fille sans intérêt à qui personne ne s'intéresse.

Je n'ai pas un corps de mannequin, je suis enrobée, je n'ai pas un ventre plat, ni des cuisses musclées, ni une taille de guêpe et je ne fais pas du 85D. De grands yeux avec de longs cils, une peau sans imperfections, un jolie nez aquilin, une bouche pulpeuse, de longs cheveux soyeux. Je n'ai rien de tout ça. Mais dans mon monde, c'est ce qu'il faut avoir pour être accepté et avoir un avenir.

Dans un mois, je vais rentrée en première année d'étude supérieur ou inférieur. C'est la première année d'étude après le bac, j'ai donc 18 ans. Je vais devoir passer le test de dispatchement. Cela consiste à être sonder, mon corps n'aura plus aucun secret pour l'agent se chargeant de moi, il va m'inspecter, connaître chaque millimètre de ma peau mieux que moi-même pour définir si je vais en classe supérieure ou inférieur. Cela se décide donc par rapport à ma "capacité d'intégration dans la société" comme ils disent; autrement dit mon physique. J'ai peur. Ce test est mon avenir. On raconte que certaines personnes ne sont même pas admises en classes inférieurs... et qu'après ça on ne les jamais revues.
 
Je sortis de mes pensées quand ma mère entra dans ma chambre. Elle sait à quel point le test me préoccupe.

« Cesse de stresser et repose toi, si tu as des cernes pour le test tu n'auras aucune chance d'entrer dans une bonne classe.

-Tu sais aussi bien que moi que, cerne ou non, j'échouerai. Ou je serai dans la classe minable que tout le monde surnomme "les sans-avenirs". »

Elle fixa le miroir dans lequel mon image se reflétait, et ne répondit rien. Son silence signifiait tout. Elle s'attarda peut-être un peu trop longtemps sur mon visage disgracieux et partie.

Le soir, j'entends ma mère pleurer. Je sais qu'elle pleure à cause du test, mais je ne lui en veux pas. Elle voudrais simplement que sa fille aie un avenir similaire au sien, oui car ma mère est le genre de femme que tout le monde envie et veut être, elle est superbe. Alors je comprend qu'elle soit déçu de m'avoir comme fille, je sais qu'elle aurait voulu être fière de moi.

Je ferme les yeux quelques instants en essayant de m'évader, en pensant à un avenir meilleur que celui qui m'attend, ou encore en essayant de ne pas penser à la déception de ma mère lorsqu'elle verra les résultats du test. Je suis exténuée, tout s'embrouille, je n'arrive plus à réfléchir correctement, mes oreilles bourdonnent et ma chambre s'obscurcit.

Je m'endors d'un sommeil agité.

Insurgé. Where stories live. Discover now