Erza L'intrépide

Sacrifice

Une nouvelle semaine passa. Kaith revenait chaque jour lui refaire ses pansements, afin qu'elle guérisse plus rapidement, mais il ne lui disait plus un mot. Alors, Erza aussi, attendait. L'instant fatidique approchait à grand pas, elle le savait. Plus ses plaies se cicatrisaient, plus elle se rapprochait de la mort. Jellal, lui, ne venait jamais. C'était aussi bien ainsi. Elle ne voulait pas voir dans les yeux de l'homme qu'elle aimait cette horrible âme pervertie. Erza ne pensait plus à rien. Vidée. Déprimée. Elle attendait juste. Parfois, elle se demandait où était passée sa rage de vivre? Sa force? Sa détermination? Ça ne lui ressemblait pas, elle le savait. Et, pourtant... Tout était parti en fumée le jour même ou Jellal été parti lui aussi. C'est dans cet état d'esprit que passa la semaine, et l'événement qui allait changer le destin d'Erza à jamais.

* * * *

Kaith arriva dans le cachot, son éternelle capuche rouge sur sa tête. Il tendit une robe à Erza. Elle était magnifique. D'une blancheur pure et immaculée comme les ailes d'un ange, et qui arrivait au niveau des genoux. Vaporeuse, splendide... Dommage que cette si jolie robe allait être recouverte de sang. Après tout, si Kaith était là, cela voulait dire que l'heure était enfin arrivée.

_... Tu veux que je l'enfile, c'est ça? Demanda Erza, lasse.

Il ne répondit pas. Erza avait beau feindre l'indifférence, son silence la brutalisait, et la rendait encore plus triste.

_Tournes toi au moins! S'énerva t-elle. Je ne suis pas assez déprimée pour laisser un autre homme me voir nue...!

Il s'exécuta docilement. Erza enfila alors la robe, mais ne pu s'empêcher d'être agacée. Kaith n'aurait pas du l'écouter sans broncher. Elle aurait voulu qu'il résiste. Qu'il montre que c'était lui le chef. Pas qu'il obéisse, comme s'il respectait les dernières volontés d'une personne prête à mourir! Elle aurait voulu que Kaith soit humain avec elle, et la juge comme une personne à part entière, pas comme un futur cadavre... Lui aussi, finalement, était lasse, et aussi vide qu'une coquille sans profondeur. Et pourtant... Elle savait qu'il lui arrivait d'être humain. Kaith sortit du cachot, et Erza le suivit, enchaînée. Elle monta les marches une à une, profitant encore de sentir son cœur battre dans sa poitrine, et de sentir la si légère brise du soir sur son visage. Par l'une des fenêtres, elle pu voir que le soleil se couchait. Les faibles rayons du soleil écarlate envoyèrent leurs lumières dans les cheveux d'Erza, et ces derniers semblaient s'embrasser pour une toute dernière fois. Elle tira sur ses chaînes, et Kaith arrêta de monter.

_...S'il-te-plaît... L'interpella la jeune mage, la voix tremblante d'émotion. Laisse-moi au moins... Regarder le soleil se coucher... Au moins ça...

Attendrit, Kaith arrêta son ascension, et resta dans l'ombre, afin qu'Erza puisse profiter de ce spectacle qui, elle le savait, risquait d'être son dernier. Alors, elle en savoura chaque secondes, chaque petits instants, et au fur et à mesure que le soleil disparaissait à l'horizon, sa chevelure éclatante perdait de sa brillance, et finit pas s'éteindre, comme un feu qui venait de mourir.

* * * *

Ils arrivèrent en haut de la tour. Jellal les attendait déjà, dos à eux, regardant lui aussi par delà l'horizon. Kaith lâcha Erza, et ferma l'imposante porte en bois. Jellal se retourna, et sourit perversement en voyant Erza ainsi vêtu. Celle-ci frissonna de dégoût et de peur, et ses genoux manquèrent de se dérober sous son poids. Mais Kaith la soutenait. Même s'il le faisait pour la forme, ce petit geste réconforta un tant soi peu l'âme de la pauvre femme.

_Erza... Susurra Jellal en se rapprochant d'elle. J'espère que tu ne me teindras pas rigueur d'avoir pris comme salle de sacrifice cette même salle où j'avais perdu, il y a 10 ans...

_Je m'en fiche. Répondit Erza, les yeux vides. Je veux juste...

_Qu'est-ce que tu veux? Demanda le mage à la cicatrice, un léger sourire aux lèvres. Une dernière volonté, avant que je ne partes?

_Que tu partes? S'exclama t-elle en le dévisageant avec inquiétude et espoir. Où irais-tu? Ne devais-tu pas me sacrifier pour cette stupide quête du paradis?

Il éclata de rire, et sa voix résonna dans toute la pièce.

_Tu ne m'as pas compris, ma chère Erza... Je pars, car je ne veux pas me salir les mains en tuant une femme aussi impure que toi. De toute façon, tu vas mourir. Ne t'inquiète pas pour ça, si je ne m'en charges pas, c'est uniquement car Kaith préférait le faire.

Elle fronça les sourcils. Pourquoi diable Kaith voulait-il tant que ça la tuer? Mais, peu importe. Elle devait provoquer Jellal. Lui faire changer d'avis. Elle devait au moins essayer...

_Ah oui? Demanda Erza, abordant un faux sourire. Je pense, au contraire, que tu veuilles refiler à Kaith le sale boulot, car tu as trop peur de me tuer de tes propres mains! Ce que tu peux être faible, «Jellal»

Jellal sourit, mais une flamme féroce brilla dans ses yeux.

_Je sais ce que tu essayes de faire, Erza. Mais ça ne marchera pas. Je me fiche éperdument que tu meurs, ou non. Et, n'oublies pas qu'il y a 10 ans, j'ai pu tuer Simon sans aucun problème.

Erza grimaça, et ses yeux s'embuèrent de larmes. Il avait touché son point faible.

_Et oui... Insista Jellal en se rapprochant encore plus, effrayant. Si tu t'en es sortie il y a 10 ans, c'était uniquement car vous étiez plusieurs contre moi, et que toi seul ne pouvait me vaincre. Tu es tellement faible... C'est ça la vérité. Ne pouvant me tuer, tu as invité tes petits copains, et eux, bêtement, ont risqués leurs vie pour une menteuse, incapable de protéger ses proches!

_ASSEZ! Hurla Erza, prête à craquer.

_La vérité fait mal, n'est-ce pas? Mais, c'est là l'unique vérité. Tu es trop faible pour sauver tes proches. Tu es trop faible pour sauver ta propre vie. Et, plus que tout, tu es trop faible face à moi! Ce que tu peux être drôle, Erza! Tomber amoureuse de son bourreau!

Il éclata de rire, et Erza fondit en larme, ne pouvant résister à ces paroles si cruelles, et qu'elle croyait être vrai.

_Je vais cependant te donner ta dernière volonté...

Il était maintenant devant elle, et, sans qu'elle ne puisse réagir, l'emprisonna dans ses bras, et l'embrassa avec force. Erza, déconcertée, essaya de se débattre, mais ses bras trop puissants lui empêchaient de bouger, et lui firent affreusement mal. Elle avait l'impression d'être souillée, d'être à sa merci. Elle avait toujours aimé ses baisers: Doux, maladroits parfois, mais porteurs d'amour. Mais celui-ci lui faisait mal, autant dans sa chair que psychologiquement. Lorsqu'il introduit la langue, et qu'elle ne pu se débattre, elle sentit encore une fois son âme se briser, surtout quand elle vit que Kaith ne les regardait pas, la tête abattue. Finalement, il la lâcha, et elle tomba à terre, les lèvres boursouflées et ensanglantées. Il l'avait brisée. Purement et simplement.

_Adieu. Nous nous retrouverons au paradis... Quoique, pour toi, je penses que l'enfer fera l'affaire! Dit-il en éclatant de rire.

Il partit alors, fermant la porte avec puissance, laissant Kaith et Erza seuls.