Mia fixait l'énorme sapin décoré aux chaleureuses couleurs de noël, le souffle froid du vent faisait rosir ses joues et la fatigue lui faisait fermer les yeux toutes les dix secondes. Elle n'avait jamais ressenti tant de fatigue, son voyage était bien plus éprouvant qu'elle ne le pensait, pourtant, elle n'était pas partie depuis si longtemps, Mia avait déjà perdu le compte des jours, sans calendrier, sans portable, elle se demandait si l'on était dimanche ou jeudi. Elle sorti son petit carnet et remarqua qu'elle n'écrivait que très peu et uniquement ce qui lui passait pas la tête, cependant, elle n'écrivait pas ce qui lui arrivait tout au long du voyage. Elle décida de s'y mettre, décapuchonna son stylo et commença à écrire :
Jour 1 :
Je pars de la maison vers 12 AM, la route est calme et me semble déjà longue. J'ai pris cette décision sur un coup de tête, l'alcool encore chaud dans mes veines, cependant je ne regrette pas. Sur mon chemin je rencontre deux hommes en voitures ils me conduisent jusqu'à ma prochaine étape. La route est ennuyeuse, je reçois des leçons de morales. Sia passe à la radio. Ils me déposent à l'entrée de la ville. Je marche jusqu'au premier motel que je trouve. Personne n'est là. Je fini par dormir dehors.
Mia se demanda si ce qu'elle écrivait était réellement intéressant et surtout, pourquoi écrivait ça. Personne ne le lirait et elle s'en souviendrait à jamais, dans sa mémoire des gravures, des blessures la secouerait à chaque fois qu'elle tenterait d'oublier. Elle continua pourtant, simplement pour sentir le stylo gratter sur le papier tel un instrument de musique qui démarre un spectacle dans un silence profond. Elle dépeigna son voyage jusqu'à maintenant : les sourires sur les visages perdus, les vengeances, les culpabilités, car bien qu'elle n'ait pu parler qu'avec un nombre limiter de personne, lorsqu'elle levait la tête de son carnet, les gens dansaient sur un air mélancolique, lui offrant un aspect différent de l'humain à chaque prise.
Un jeune homme s'assit à côté d'elle sur le banc alors que, mélancolique, elle rêvait aux vies inventées des passants emmitouflés dans les manteaux.
« Vous avez un joli carnet, déclara-t-il d'une voix douce.
-Je vous remercie, elle le ferma et tourna ses yeux vers lui sans rien ajouter.
-Le bleu est une merveilleuse couleur. Il avait les jambes croisées, ses cheveux bruns en bataille bougeaient comme les feuilles dans le vent, le bleu c'est le ciel, l'univers, la mer, les fonds marins, les pleures : ceux de rire, de joie ou bien de tristesse. Le bleu fait penser à tout un tas de choses, vous ne trouvez pas ? demanda-t-il de ses yeux malicieux
-C'est vrai. Il me fait penser au ciel et aux oiseaux, elle leva les yeux vers l'océan tâché de gris au-dessus de sa tête, ils sont si libres que parfois, il me semble, je les envies. »
Mia marqua une pause. C'était si étrange de parler avec un inconnu, depuis le début de son aventure, elle ne faisait que ça, dans sa grande ville natale, l'inconnu était dangereux mais ici, il semblait si calme et posé que cela en devenait plaisant : sa timide approche des gens avait disparue. Un simple garçon, une simple femme qu'elle n'aurait pu regarder dans les yeux ou bien à qui elle n'aurait pas fait un sourire à Seattle, étaient devenus pendant son voyage comme des amis qui ne la connaissait pas encore.
« D'où venez-vous avec votre sac ? Il engageait la conversation avec une aisance déconcertante, son assurance le rendait charmant mais dans ses yeux, un certain malaise semblait planer.
-De Seattle. Êtes-vous d'ici ?
-Pas vraiment non, je viens du Canada.
-Et que faites-vous ici ?
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La théorie des gens brisés [Réécriture]
AdventureMia a une théorie. Une théorie selon laquelle, nous, êtres humains sensibles et censés, sommes attirés par les personnes qui ont vécu des choses atroces, qui sont complètement détruits - et qui peuvent être toxique pour nous- sous prétexte qu'ils so...