Jeux Olympiques

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À l'heure où j'écris ces phrases, les XXXIème Olympiades modernes se terminent. Pendant deux semaines, j'ai suivis les exploits sportifs, les hauts, les bas... Et j'y ai remarqué quelque chose.

Malgré des temps difficiles, le monde s'était rassemblé autour d'un idéal.


Je voyais auparavant une foule en désordre. Cette foule débattait vivement sur des idées politiques, sur le style vestimentaire d'une personne, sur ce qu'elle mangeait ce soir. 

Cette foule, faute d'une idée commune, se laissait porter par des groupes, et tergiversait sur des sujets divers. Cette foule, faute d'idéal, s'appropriait ses propres références, ses propres  héros, ses propres légendes.

Pourtant, lors de ces Jeux Olympiques, j'ai remarqué une mutation radicale et subite de cette foule.

Elle avait laissé ses différents, ses débats,  ses références au profit d'un idéal commun : l'athlète, le sport, la nation.

Tous s'étaient réunis pour voir leur athlète gagner. Était-ce par ce que c'était un ami ? Un proche ?


Était-ce au contraire car il représentait le pays ? Notre pays ? À l'international ?


S'il vainquait les représentant des autres pays, ne serait-ce pas un héros ?


Ainsi, la foule est peu à peu devenu un peuple. Uni dans une même volonté. Dans les mêmes références, les mêmes héros.

Les mêmes légendes 


Bien évidemment, tout n'est pas si manichéen; certaines personnes n'avaient que faire de ces jeux qui ne faisait que perturber inutilement leur vie, et en subissaient une overdose de jeux qui ne les importait peu.


Mais ce n'était qu'une minorité. Le peuple s'était bel et bien, et malgré les différentes appartenances, uni sous un même drapeau. Des gens qui n'avaient aucune passion commune se sont mis à converser, des gens ne sont mis à se prendre dans les bras, à chanter, à rire ensemble, alors qu'ils ne se seraient pas même serré la main autrement.


Au sein même de ce peuple, d'autres communautés se sont formés, mais avec ce même idéal. Des groupes spécialement formés pour parler des Jeux ont vu le jour sur internet. Des personnes ne connaissaient ni le nom, ni le visage de leur prochains, mais se sont pourtant pris d'affection, ont vibré ensemble, pleuré ensemble, et surtout, ri ensemble.


Au revoir les querelles, bonjour les objectifs.


Et ce fut ainsi durant deux semaines. Les athlètes étaient devenu les ambassadeurs de notre groupe, du groupe commun à ce peuple qui s'était réuni sous une même bannière. Et notre champion devait vaincre les champion étrangers, dans cet esprit bon enfant qu'est le sport.


(Est-il vraiment bon enfant, comme le voulait l'esprit olympique de Pierre De Coubertin ? Nous en reparlerons plus tard.)




Puis, les Jeux Olympiques se sont terminés. Chacun s'est mis à reprendre sa vie normale. Pour certains, rien n'avait changé, pour d'autres, c'est un train de vie qui fut bouleversé du tout au tout.

Mais petit à petit, chacun est retourné vers son groupe, délaissant les nouvelles rencontres avec qui ils ne partageaient que la passion du sport.


Le peuple est peu à peu redevenu foule.



Qu'en déduire ? 


Les gens ont besoin de repères. S'ils sont laissés à la dérives, les personnes vont se former en radeau, s'ancrer à des repères, et naviguer ensemble. Ce besoin d'appartenance est bien connu, et pourtant mal exploité.

Ces Jeux Olympiques ont été un superbe exemple de communion sociale, des gens de quartiers difficiles devenaient médaillés, devenaient des champions, des héros.

Des exemples.

Pourtant, dès la compétition sportive terminée, la foule retourne vaquer à ses occupations, retourne se quereller, retourne débattre sur des idées politiques, sur le style vestimentaire d'une personne, sur ce qu'elle mange ce soir.

Mais peut-être est-ce justement ce côté éphémère, cette parenthèse dans les soucis du monde,  qui fait le charisme de ces Jeux. 


À vous d'en juger.

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