Chapitre premier: la fugueuse

105 6 8
                                    


Novembre 1718. Près du port de Beaumer recouvert d'une fine couche de neige se trouve un grand couvent. Une ombre en écharpe se faufila entre les portes entrebâillées de l'entrée principale. Elle courut jusqu'à la grande grille qui grinça en s'ouvrant et sortit. "Ouf! Enfin dehors! À dieu, maison de l'enfer!" Murmura Coralie.

Cette ombre svelte et jeune faisait penser à une jeune fille de 14 ans environs. Elle se faufila entre deux buissons et attendit quelques minutes en se réchauffant les mains. Elle posa alors son sac à dos à ses côtés et en sortit une paire de ciseaux emportée. La jeune fille saisit les ciseaux et coupa ses cheveux d'un coup net. La mèche tomba au sol d'un air las. Coralie déchira ses vêtements pour qu'ils aie l'air abîmés. Elle ressemblait à présent plus ou moins à un garçon des rues. Elle se releva, rangea les ciseaux et remit son sac sur son dos. Jetant un dernier regard en arrière, elle s'avança dans les rues. Elle arriva dans une fine impasse sombre dont les maisons étaient à peine éclairées par la lumière blème du quart de lune.

Elle s'avança vers le fond de l'impasse mais entendit un bruit derrière elle. Coralie se retourna à la hâte et vit deux hommes de grosse carrure s'avancer. Elle se recula, mais arriva contre le mur du fond de l'impasse. Les deux gars la menacèrent:

-Donne nous tout c'que t'as, gamin. dit le premier mâchant nonchalamment ses mots

-Ou ta mère te reconnaîtra plus la prochaine fois que tu rentreras! rajouta le deuxième, le plus grand des deux, en s'avançant d'encore quelques pas.

-Je... je ne vous donnerai rien!

-T'en es si sûr que ça?

Il s'approcha et arracha de force le sac du dos de la jeune fille. Coralie voulut le récupérer mais il le prit en main et monta le bras pour qu'elle ne puisse plus l'atteindre.

Elle sautait et tentait de l'atteindre pendant qu'il se moquait d'elle mais le jeune homme le lança à son coéquipier. Celui ci, commença à vider le sac. Il jeta au sol les quelques affaires qu'il comportait. Le sac de papier qui contenait quelques tranches de pain, la paire de ciseaux, une petite carte, une bouteille -qui éclata en touchant le sol- et une couverture... qui émit un tintement de métal.

Coralie voulut courrier récupérer la couette mais le gaillard le plus proche la saisit par le bras, l'imobilisant. Les deux hommes se lancèrent un regard et celui qui avait les mains libres s'avança vers la couette. Alors dans un réflexe, Coralie mordit le bras du gars qui la tenait et ensuite, libre de ses mouvements, elle donna un coup de pied entre les jambes écartées de l'autre.

Les deux jeunes hommes lâchèrent l'affaire en lançant des injures. Ils s'éloignèrent l'un en clopinant, l'autre en se tenant le bras. Coralie les regarda s'en aller sans comprendre comment elle était parvenue à se défendre face à eux puis rassembla ses affaires et se mit dans un coin du cul de sac. Elle s'enroula dans son drap et se mit en boule. La nuit était froide mais elle s'endormit rapidement.

Le lendemain Coralie se réveilla de bonne heure et se mit en route vers le port. Le soleil commença à se lever, répandant une lumière orange sur toute la ville, et donnant une ambiance chaleureuse au cadre glacial de novembre. Elle tenait sa carte en mains. Elle cherchait son chemin. Après un peu plus d'une heure, la jeune fugueuse sortit d'une ruelle et déboucha sur le port.

Elle avait une vue sur la plupart des quais. Rangeant sa carte, elle observa l'horizon. La mer! Enfin! C'était la première fois qu'elle la voyait. Cette mer qu'elle avait vu tant de fois dans les livres -qu'elle avait presque tous lu- de la bibliothèque... elle était là, devant elle. Cette immense étendue d'eau aux mille reflets miroitants à la couleur du soleil levant. Un nuage de vapeur s'échappant de sa bouche, elle lâcha un soupir, émerveillée.

L'étoile du bergerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant