Chapitre 1

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Aujourd'hui j'ai repensé au passé. Alors que j'essaie de ne jamais regarder derrière moi, j'ai toujours pensé dans ma philosophie de vie que c'était une perte de temps, que ça ne servait à rien et ne menait à rien. Que de toute façon, le passé est comme une marque faite par un fer à cheval brûlant que l'on peut avoir sur la peau. Que c'est quelque chose avec lequel on doit vivre et avancer, et non quelque chose que l'on peut changer. On a tous une histoire, quelque chose à raconter, qui nous a changé et qui explique pourquoi on est la personne qu'on est aujourd'hui. C'était en plongeant mon regard dans le sien, si froid si ténébreux, que tout ce que je pensais c'était envolé en un millième de seconde.

Alors que je lançai un dernier regard à l'idiot que j'avais eu la bêtise d'épouser quelques années auparavant, emporter notre fille avec lui et son horrible nouvelle copine - serais-je trop méchante en précisant qu'elle me faisait penser à une prostituée ? - je refoulai les quelques larmes qui me montaient aux yeux. Encore un weekend que j'allais passer devant mon ordinateur à manger de la glace et en priant pour retrouver ma fille indemne le lundi suivant. Si j'avais pu jamais elle ne partirait avec lui. Mais mon manque évident d'argent ne me permettait pas d'être aussi exigeante. Je doutais de la capacité de mon ex mari à s'occuper d'elle deux jours d'affilés. Mais si jamais j'osais dire quelque chose, je me retrouverai avec les dix meilleurs avocats du pays sur le dos. Et je n'y tenais pas forcément. Ma fille était la chose la plus précieuse au monde à mes yeux. Et je ne risquerai pas de la perdre juste parce que je ne m'étais pas rendue compte assez tôt que l'homme que j'épousai à l'époque était un véritable crétin. Qu'il aille se faire voir lui et toutes ses maîtresses.

Je me dirigeai calmement vers le poste de police, endroit où j'allais retrouver mon frère avant de rentrer chez moi. Je saluai l'agent d'accueil et marchai en direction du bureau de mon frère. Celui-ci ne devait sûrement pas avoir terminé son travail de la journée et je me préparai à l'attendre encore un petit moment. Néanmoins, je le trouvai dans son bureau, stressé comme jamais, hurlant au téléphone. En m'apercevant, il raccrocha sec et vint vers moi. Il me prit dans ses bras, me déposa un baiser sur le front et alla se rasseoir derrière son bureau. Il poussa un soupir d'épuisement et me fit signe de m'asseoir aussi.

- Mauvaise journée ?

- Mauvaise semaine plutôt, grogna-t-il.

Je haussai les épaules fataliste. Il y avait des moments comme ça. Ce n'était pas la grande joie non plus de mon côté, je pouvais comprendre mon frère.

- Fais ce que tu as à faire, je t'attendrai.

Il continua de remplir quelques papiers avant de poser de nouveau son regard sur moi. Il m'examina quelques minutes avant de pousser un nouveau soupir. Je relevai la tête, curieuse de savoir ce qu'il était en train de penser. Il secoua sa tête de gauche à droit et fit une moue du genre « je te connais, ne me la fais pas à moi ».

- Elle va revenir en un seul morceau, comme tous les lundis. Laisse lela parader pendant deux jours comme il adore le faire et tu vas laretrouver ta princesse.

Ma fille me manquait déjà. Elle n'avait que quatre ans et son imbécile de père ne s'en rendait même pas compte. Il lui offrait tout ce qui lui passait par la tête - même si ça n'était pas de son âge - mais la seule chose qu'elle voulait et qu'elle n'aurait jamais était son amour et sa reconnaissance. Et ça me brisait le cœur de voir qu'il l'exhibait comme un trophée sans se préoccuper des sentiments de sa propre fille.

- Ce n'était qu'une erreur de plus.

- De quoi ? D'avoir épousé un abruti fini ? plaisantai-je.

- De m'avoir interdit de le défigurer quand il a brisé le cœur dema petite sœur, rigola Alec.

Oui je lui avais interdit. Pour avoir le bonheur de le faire moi-même le moment venu. Mais je commençai à désespérer que ce jour arrive. Soudain, du mouvement se fit sentir dans le poste. Quatre policiers tentaient tant bien que mal de contenir la fureur d'un jeune homme qui se débattait tout ce qu'il pouvait. Finalement le prisonnier donna un coup de coude dans le nez d'un des officiers et une fois qu'il eut fait cela il se calma et suivit sans faire le moindre problème les autres officiers. Je souris malgré moi. Son attitude était assez amusante en fin de compte. Alec avait entendu mon ricanement et ne pus se retenir d'un sourire à son tour.

Black DesireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant