Chapitre 12

87 6 0
                                    

Je pensais vivre un enfer en retournant avec lui. Et bien je vivais un enfer empli de paillettes, de soirées mondaines et de robes somptueuses. Je n'avais plus l'impression de vivre mais d'être un robot. Ou une œuvre d'art. Il m'exhibait chaque soir. La journée j'étais le parfait stéréotype de la femme au foyer. Sauf que je ne faisais pas les tâches ménagères. Il avait des domestiques pour cela. J'avais téléphoné une fois à ma fille. Nous avions pleuré ensembles. J'avais demandé à parler à Carter mais il était apparemment indisponible. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec moi. Je n'en avais pas grand chose à faire. Du moment que Tess était en sécurité et bien traitée le reste m'importait peu. La condition qui faisait que Tess était prise en charge par le gang ne m'était pas encore parvenue. Je n'allais certainement pas me manifester. Mais je priais pour que ce cauchemar prenne fin le plus rapidement possible. Je n'allais plus tenir longtemps. Faire semblant me demandait des efforts considérables. Et bientôt mes frontières mentales allaient voler en éclat.

Je ne saurais dire où je me trouvais ni ce que nous étions censés célébrer. Encore une fois, je me sentais irrémédiablement seule. Je me servis une énième coupe de champagne, et alors que je m'apprêtais à la porter jusqu'à mes lèvres, on me la retira des mains. Je me tournai brusquement vers l'auteur de cette plaisanterie et le fusillai du regard. Je ne pus retenir un léger sifflement sortir de mes lèvres en reconnaissant Ethan. Je n'eus pas besoin de formuler ma question qu'il comprit ce que je lui demandais.

- La condition.

Deux mots qui atténuèrent ma colère. Il me tendit sa main et je n'eus pas d'autre choix que de la prendre. Il me fit traverser la salle comme si nous étions d'anciens amis, donnant quelques sourires de-ci, de-là. Je priais pour que Doug ne nous voit pas. Je tenais à éviter les scandales. Doug n'était pas un homme qui hésiterait à faire une esclandre si l'envie lui en prenait. Il avait l'âme d'un sophiste. Finalement, nous nous retrouvâmes au milieu de la piste de danse et nous entamâmes une valse.

- J'ignorais que tu savais danser, ne pus-je m'empêcher de remarquer.

Il me fit un de ses sourires mystérieux avant de détourner son regard.

- Il y a beaucoup de choses que tu ignores à mon propos. Carter saurait mieux y faire mais il n'est pas là. Tu dois infiltrer les fichiers de ton mari et nous faire parvenir un dossier.

Instinctivement je le corrigeai sur « mari ». Ensuite, ce qu'il me demandait était tout simplement de l'ordre de l'impossible. Jamais je ne pourrai accéder à ses fichiers sans me faire prendre. Et même si j'arrivai à me faufiler dans son bureau, il faudrait que j'opère un rapprochement avec mon ex mari. Cela amenait deux problèmes : le premier était que je ne le voulais pas tout simplement. Le deuxième était que je n'allais jamais être crédible. Depuis le début je le rejette en lui faisant comprendre qu'il ne se passerait jamais plus rien entre nous. Comment était-il possible que je change d'avis sur un coup de tête sans que cela ne paraisse étrange ? Ce n'était tout simplement pas possible.

Je secouai négativement la tête. Ethan ne s'en formalisa pas. Il devait s'attendre à ce que je refuse. L'inverse aurait été étonnant. La danse se termina et Ethan m'emmena un peu plus loin. Je pensais qu'il allait essayer de me faire changer d'avis. Je préférai donc le devancer et lui expliquer mes raisons.

- Écoute, ce n'est pas contre vous. Je savais très bien que la condition ne serait pas évidente, mais vous m'en demandez trop toi et Carter. Je vais me faire prendre avant même d'avoir atteint l'ordinateur.

Une lueur de malice passa dans son regard. Lueur qui ne signifiait rien de bon.

- Tu me fais confiance ?

Black DesireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant