Things she has lost.

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Dans mon lit, 23h00.

Elle est en boule,  couchée sur le côté. elle ferme les yeux très fort en priant pour que ça soit bientôt fini. Dans ses bras, elle tient un coussin qu'elle serre de toute ses forces contre sa poitrine. En espérant combler le vide qu'elle y ressent.

Le Trou.

Elle ne savait pas comment l'appeler, alors elle l'a appelé comme ça. Un immense trou noir dans sa poitrine, entre sa gorge et son ventre. Un trou vide. Tellement vide, qu'il en devient douloureux. Tellement vide qu'il aspire tout autour d'elle. Tellement vide que c'en devient insupportable. Tellement vide qu'elle en fait des crises de panique, qu'elle n'arrive plus à respirer, qu'elle en hurle de frustration, qu'elle en pleure d'impuissance.

Trop vide. Avant, ici, il y avait une chose. Elle ne sait plus quoi, mais elle espère qu'un jour, quand elle trouvera ce qui manque, elle pourra essayer de combler ce vide. Serait-ce la solution? Aurait-elle encore mal? Arriverait-elle à respirer, ses larmes sècheraient-elles? C'est la seule chose qui pourrait marcher, selon elle. Mais des choses, elle en a tellement perdu.


Sa dignité, perdue au fond d'un trou, alors qu'elle devait baisser la tête et s'exécuter à cette tâche si dégradante, si ignoble, si cauchemardesque. Perdue après avoir été à genoux, à terre trop longtemps.

Son estime de soi, détruite pendant des années, alors qu'on lui répétait qu'elle n'était rien, ni personne. Simplement un tapis sur lequel on s'essuyait les pieds, un déchet sur lequel on passait sa colère, un esclave qui devait obéir. Jamais personne, pendant toutes ces années, ne lui avait affirmée que si, elle comptait. Que si, c'était une personne importante, qui méritait d'aimer, mais surtout d'être aimée. Jamais personne ne lui avait dit qu'elle avait le droit, autant que les autres, d'être quelqu'un, et de s'aimer soit-même.

Sa naïveté. Elle aurait tout donné pour la garder un peu plus. Pour ne jamais avoir été plongé dans la dure réalité de la vie si tôt. Elle ne se souvient plus d'aucun souvenir heureux, depuis ses
6 ans, jusqu'à ses 12. Parce qu'elle n'en a pas eu.

Son courage. Ecrasé, piétiné par l'anxiété qui s'est installée au fil des années, par la peur constante de ne pas être aimée, par la peur de ce qui pourrait arriver, la peur des autres, de leur regard, de ce qu'ils pourraient lui faire. Comme avant. Peur de perdre, peur de ne pas être à la hauteur, peur de l'échec, peur de laisser tomber, peur de ne plus pouvoir continuer.



Et puis cette chose, au fond d'elle. Cette chose, qui a laissé ce trou. Qu'est-ce qui pourrait faire si mal? Elle voudrait savoir, elle voudrait se réparer. Cicatriser.


On lui avait souvent demandé pourquoi elle était si gentille. Pourquoi elle se laissait faire quand on l'insultait, pourquoi elle souriait et laissait passer quand on la blessait. Pourquoi les "c'est pas grave", les "je vais bien", les "je n'ai aucuns problèmes", quand elle savait qu'elle mentait? Pourquoi c'était toujours les autres avant elle, même ceux qu'elle ne connaissait pas, ou qui ne le méritait pas.

A chaque fois, elle répondait que c'était parce qu'elle ne s'assumait pas. Mais elle mentait. Elle ne voulait pas les effrayer.

Si elle avait dit la vérité, elle aurait dit:

"Tu sais pourquoi, dans les films, les méchants sont toujours mes personnages préférés? C'est parce qu'eux s'occupent de leur propre bien. Ils se foutent des sentiments des autres. Pour eux, leur propre bien passe avant le leur. Rien ne les atteint. Et moi, mon problème, c'est  que j'ai tellement été brisée par des gens comme ça que je fais tout, tout pour ne blesser personne, même si ça me fait du mal à moi. Parce que je sais ce que ça fait, d'avoir vraiment mal. Et je ne le souhaite à personne. Donc non, je ne suis pas méchante, blessante, violente, ou même froide. Je souris et je laisse passer, je répond poliment quand on m'insulte, parce que je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu. Ca fait des années, et tu vois, j'ai encore des insomnies, des terreurs nocturnes, des crises de panique et de l'anxiété à cause de ça. J'ai des blessures qui ne se referment pas, et c'est le pire sentiment du monde. Parce que, mine de rien, on peut faire tellement de mal aux autres sans le vouloir. Voilà pourquoi je suis "trop" gentille."


Voilà pourquoi.

Et, malgré tout ça, il lui reste une chose. Une chose qu'elle donne avec parcimonie, précaution.

Son coeur. Un coeur en morceaux.

Et ces morceaux, elle en a donné à quelques personnes, quelques anges vraiment très importants pour elle. Ces anges à qui elle fait confiance pour ne surtout pas les briser.

Voilà ce qui lui reste. Des morceaux de coeur, dont ils prend bien soin. Ces morceaux de coeur que ces anges guérissent, lentement mais sûrement.

Alors peut-être qu'un jour, grâce à ses anges, elle guérira.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 19, 2017 ⏰

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