Chapitre6.

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Je suis de loin aujourd'hui en présence de quels symptômes réactionnels se produit l'entrée de la psychanalyse dans la France longtemps réfractaire. On croirait la reproduction de choses déjà vécues, mais il y a là cependant des traits particuliers. Des objections d'une incroyable naïveté se font jour, telles celle-ci : la délicatesse française est choquée du pédantisme et de la lourdeur de la nomenclature psychanalytique (ceci rappelle malgré soi l'immortel che­valier Riccaut de la Marlinière de Lessing !) Une autre assertion a l'air d'être plus sérieuse; elle n'a pas semblé indigne de lui-même à un professeur de psychologie de la Sorbonne : le Génie latin ne supporte absolument pas le mo­de de penser de la psychanalyse. Par là les Alliés anglo-saxons, qui passent pour ses partisans, sont expressément sacrifiés. En entendant ceci, on doit naturellement croire que le Génie teutonique a serré sur son cœur la psychanalyse, dès sa naissance, comme son enfant chérie [La façon, fréquente chez le Français, d'envisager la sexualité, lui est un autre obstacle à la compréhension de l'inconscient. Chez nous, le sexuel se confond aisément avec le grivois; ce sont là matières dont il ne convient de parler qu'avec légèreté, par sous-entendus suffisants pour s'entendre entre gens d'esprit; de cette attitude devant le sexuel est donc issue notre littérature des théâtres boulevardiers, qui divertit tant les étrangers, mais ne nous vaut pas toujours chez eux un très haut renom. Cette dévalorisation du sexuel est d'ailleurs l'un des moyens dont se sert le « refoulement social » pour nier la gravité réelle et souvent terrible du problème sexuel, au sens le plus large, dans chaque vie humaine. (N. d. T.)].
La compréhension de la psychanalyse a été facilitée à l'Anglo-Saxon par son grand réalisme d'esprit et son courage devant les faits - qualités qui contribuèrent par ailleurs à lui assurer la maîtrise du monde.
Le Français possède par contre, dans son caractère national, quelques traits qui lui rendent cette compréhension plus difficile. D'abord, son amour de la clarté logique, héritier de l'idéal classique de notre XVIIe siècle, et instauré chez nous par la grande « poussée de refoulement » qui jugula notre magnifique et large Renaissance.
Ensuite, son culte du goût, datant du môme temps. Les processus archaïques, particuliers à l'inconscient, et que met au jour la psychanalyse, heurtant de front, du point de vue « bon sens », la raison logique, et du point de vue « bon goût », la délicatesse, révoltent aisément l'esprit français, qui oublie alors que les phénomènes de la nature ne sont pas toujours de « bon goût », ce qui « ne tes empêche pas d'exister », comme disait notre Charcot, et que ce fut au nom du a bon sens » que l'humanité, d'une part, crut si longtemps à la rotation du soleil autour de la terre, d'autre part que tant d'hommes cultivés refusèrent, du temps de Pasteur et même depuis, de « croire aux microbes », qu'ils ne voyaient pas. Les déplaisants mais réels complexes enfouis au fond de notre psychisme étant encore plus malaisés à observer que des microbes, qu'on peut étaler sur une lame de microscope, quoi de surprenant à ce que le « simple bon sens » ne suffise pas d'emblée à les voir ?
L'intérêt porté à la psychanalyse est parti en France des hommes de lettres. Pour comprendre ce fait, il faut se rappeler que la psychanalyse, avec l'inter­prétation des rêves, a franchi les bornes d'une pure spécialité médicale. Entre son apparition autrefois en Allemagne et aujourd'hui en France, il y eut ses innombrables applications aux divers domaines de la littérature et de l'art, de l'histoire des religions, de la préhistoire, de la mythologie, du folklore, de la pédagogie, etc.
Toutes ces matières ont peu de rapport à la médecine, et ne lui sont précisément reliées que par l'entremise de la psychanalyse. Je ne me sens donc pas justifié à en traiter ici à fond, dans une biographie destinée à un recueil médical. Je ne puis cependant les négliger tout à fait, car d'une part elles sont indispensables pour donner un tableau exact de la valeur et de l'essence de la psychanalyse, et d'autre part je me suis engagé à faire l'exposé du travail de ma propre vie. La plupart de ces applications de l'analyse ont été inaugurées par mes propres travaux. Je me suis de-ci de-là permis un écart, afin de satisfaire à un tel attrait extramédical. D'autres, et pas des médecins seuls, mais encore des spécialistes en diverses sciences, ont ensuite suivi mes voies et ont pénétré loin dans chacun de ces domaines. Devant, d'après le programme que je me suis tracé, me limiter à exposer ma propre contribution aux applications de la psychanalyse, je ne puis donner au lecteur qu'un tableau tout à fait incomplet de leur extension et de leur importance.
Une série d'incitations me vint du complexe d'Oedipe, dont je reconnus peu à peu l'ubiquité. Le choix, voire la création du thème sinistre, avait tou­jours semblé énigme, de même son action bouleversante sur les spectateurs du drame antique qui en est tiré, ainsi que l'essence de la tragédie du destin en général : tout ceci s'expliquait en comprenant qu'une loi de la vie psychique avait ici été saisie dans sa pleine importance affective. La fatalité et l'oracle n'étaient que les matérialisations de la nécessité interne ; le fait que le héros péchait sans le savoir et contre son intention constituait la juste expression de la nature inconsciente de ses aspirations criminelles.
De la compréhension de cette tragédie du destin, il ne restait qu'un pas à faire jusqu'à l'intelligence de la tragédie de caractère qu'est Hamlet, admirée depuis trois cents ans sans qu'on puisse en indiquer le sens ou comprendre les mobiles du poète. Il est donc remarquable que ce névrosé créé par le poète échoue sur le complexe d'Oedipe, comme ses innombrables confrères du monde réel, car Hamlet est mis en face du devoir de venger sur un autre les deux actes qui constituent l'essence de l'aspiration oedipienne, sur quoi son propre et obscur sentiment de culpabilité vient paralyser son bras. Hamlet a été écrit par Shakespeare bientôt après la mort de son père. Mes indications relatives à l'analyse de cette tragédie ont ensuite incité Ernest Jones à une étude approfondie de Hamlet. C'est le même exemple que prit Otto Rank comme point de départ de ses recherches sur le choix du sujet chez les poètes et dramaturges. Dans son grand ouvrage sur le Thème de l'Inceste (Das Inzest-Motiv in Dichtung und Sage), il put montrer combien souvent les poètes choisissent justement pour thème la situation oedipienne, et suivre à travers la littérature universelle les transformations, variations et atténuations de ce même thème.
On était ainsi conduit à aborder l'analyse de la production littéraire et artistique en général. On reconnut que le royaume de l'imagination était une « réserve », organisée lors du passage douloureusement ressenti du principe du plaisir au principe de réalité, afin de permettre un substitut à la satisfaction instinctive à laquelle il fallait renoncer dans la vie réelle. L'artiste, comme le névropathe, s'était retiré loin de la réalité insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais à l'inverse du névropathe il s'entendait à trouver le chemin du retour et à reprendre pied dans la réalité.
Ses créations, les oeuvres d'art, étaient les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves, avec lesquels elles avaient d'ailleurs en commun le caractère d'être un compromis, car elles aussi devaient éviter le conflit à découvert avec les puissances de refoulement. Mais à l'inverse des productions asociales narcissiques du rêve, elles pouvaient compter sur la sympathie des autres hommes, étant capables d'éveiller et de satisfaire chez eux les mêmes inconscientes aspirations de désir. De plus elles se servaient, comme « prime de séduction », du plaisir attaché à la perception de la beauté de la forme. Ce que la psychanalyse pouvait faire, c'était - d'après les rapports réciproques des impressions vitales, des vicissitudes fortuites et des oeuvres de l'artiste ­reconstruire sa constitution et les aspirations instinctives en lui agissantes, c'est-à-dire ce qu'il présentait d'éternellement humain. C'est dans une telle intention que je pris par exemple Léonard de Vinci pour objet d'une étude, étude qui repose sur un seul souvenir d'enfance dont il nous fit part, et qui tend principalement à élucider son tableau de la Sainte Anne. Mes amis et élèves ont depuis entrepris de nombreuses analyses semblables d'artistes et de leurs oeuvres. La jouissance que l'on tire des oeuvres d'art n'a pas été gâtée par la compréhension analytique ainsi obtenue. Mais nous devons avouer aux profanes, qui attendent ici peut-être trop de l'analyse, qu'elle ne projette aucune lumière sur deux problèmes, ceux sans doute qui les intéressent le plus. L'analyse ne peut en effet rien nous dire de relatif à l'élucidation du don artistique, et la révélation des moyens dont se sert l'artiste pour travailler, le dévoilement de la technique artistique, n'est pas non plus de son ressort.
Je pus prouver, à propos d'une petite nouvelle, en soi sans grande valeur, Gradiva, de W. Jensen, que les rêves inventés par un écrivain sont suscepti­bles des mêmes interprétations que les réels, donc que, dans l'activité créatrice du poète, les mêmes mécanismes de l'inconscient entrent en jeu qui nous sont déjà connus par le travail d'élaboration du rêve. Mon livre sur « L'esprit et ses rapports avec l'inconscient » (Der Witz und seine Beziehung zum Unbewussten), est une ramification immédiate de la Science des Rêves. Le seul ami qui s'intéressât alors à mes travaux m'avait fait remarquer que mes interprétations de rêves faisaient souvent l'impression de « jeux d'esprit ». Afin d'élucider cette impression j'entrepris l'investigation des mots d'esprit et je trouvai que l'essence de l'esprit résidait dans ses moyens techniques, et que ceux-ci étaient les mêmes que les modes de travail de « l'élaboration du rêve », c'est-à-dire la condensation, le déplacement, la représentation par le contraire, par un détail, etc. A cette recherche s'adjoignit l'investigation « éco­nomique » : comment le haut bénéfice de plaisir qu'éprouve l'auditeur du mot d'esprit se produit-il en lui ? Et telle fut la réponse : par la levée momentanée d'un effort de refoulement et ceci de par la séduction de l'offre d'une prime de plaisir (plaisir préliminaire).
J'estimais moi-même plus haut mes contributions à la psychologie reli­gieuse, inaugurées en 1907 par la constatation d'une surprenante ressemblance entre les actes obsessionnels et les exercices religieux (rite). Sans en connaître encore les profonds rapports, je qualifiai la névrose obsessionnelle de religion privée défigurée, la religion pour ainsi dire de névrose obsessionnelle univer­selle. Plus tard, en 1912, les remarques convaincantes de Jung relatives aux analogies étendues existant entre les productions mentales der, névrotiques et celles des primitifs, m'incitèrent à porter mon attention sur ce thème.
Dans les quatre études, réunies en livre sous le titre de Totem et Tabou (Totem und Tabu), j'exposai en détail comment, chez les primitifs, l'horreur de l'inceste est encore plus prononcée que chez les civilisés et a fait édifier des mesurer, de défense toutes particulières, je recherchai quels rapports les tabous de défense, forme sous laquelle les premières restrictions morales apparaissent, avaient à l'ambivalence des sentiments, et je découvris dans la primitive conception animiste du monde le principe de la surestimation de la réalité psychique, de la « toute-puissance de la pensée», sur laquelle repose aussi la magie. Partout fut poursuivi le parallèle avec la névrose obsessionnelle et montré combien des fondements supposés à la vie mentale primitive se retrouvent encore en force dans cette curieuse affection. Le totémisme m'attirait cependant par­dessus tout, ce premier système d'organisation des tribus primitives, dans lequel les débuts de l'ordre social fusionnent avec une religion rudimentaire et l'impitoyable souveraineté de quelques tabous de défense. L'être « vénéré » est ici originairement toujours un animal, duquel le clan prétend aussi des­cendre. On peut conclure de divers indices que tous les peuples, mêmes les plus élevés dans l'échelle de la civilisation, ont en leur temps passé par ce stade du totémisme. Ma source principale pour mes travaux dans ce domaine furent les ouvrages si connus de J. G. Frazer (Totemism and Exogamy, The Golden Bough) un trésor de faits et d'aperçus précieux. Mais quant à l'élucidation du problème du totémisme, Frazer n'apportait pas grand-chose ; il avait, relativement à ce problème, plusieurs fois radicalement changé de point de vue, et les autres ethnologues et préhistoriens semblaient aussi incertains que divisés en ces matières.
Mon point de départ fut la frappante concordance des deux prescriptions de tabou du totémisme : ne pas tuer le totem et ne se servir sexuellement d'aucune femme du même clan totem, avec les deux parties du complexe d'Oedipe ; ne pas se débarrasser du père et ne pas prendre la mère pour femme. On était par là tenté d'assimiler l'animal totem au père ainsi que les primitifs d'ailleurs le faisaient de façon expresse, en le vénérant comme l'ancêtre du clan. Deux faits vinrent alors, du côté de la psychanalyse, à mon aide : une heureuse observation de Ferenczi sur un enfant permettant de parler d'un retour infantile du totémisme, et l'analyse des précoces phobies d'animaux des enfants, qui montre si souvent que l'animal de la phobie est un substitut du père sur lequel la peur du père, fondée sur le complexe d'Oedipe, a été déplacée. Il ne manquait plus grand-chose pour reconnaître le meurtre du père comme étant le noyau central du totémisme et le point de départ de l'édification des religions.
Je trouvai ce qui me manquait dans The Religion of the Semites, de W. Robertson Smith : cet homme génial, physicien et critique biblique, avait posé en fait que le « repas totémique » constituait une partie essentielle de la religion totémique. Une fois par an l'animal totem, d'ordinaire tenu pour sacré, était solennellement mis à mort, dévoré, puis pleuré, tout ceci avec la participation de tous les membres de la tribu. La période de deuil se terminait par une grande fête. Rapprochais-je de ceci la conjecture de Darwin d'après laquelle les hommes auraient originairement vécu en hordes, dont chacune était sous la domination d'un mâle unique, fort, violent et jaloux, ainsi, avec ces diverses composantes s'édifiait pour moi l'hypothèse, ou, pour mieux dire, la vision d'une suite de faits telle que la suivante :
Le père de la horde primitive avait accaparé en despote absolu toutes les femmes, et tué ou chassé les fils, rivaux dangereux.
Un jour cependant ces fils s'associèrent, triomphèrent du père, le tuèrent et le dévorèrent en commun, lui qui avait été leur ennemi, mais aussi leur idéal. Après l'acte, ils furent hors d'état de recueillir sa succession, l'un barrant pour cela le chemin à l'autre. Sous l'influence de l'insuccès et du remords, ils apprirent à se supporter réciproquement, s'unirent en un clan de frères, de par les prescriptions du totémisme, destinées à empêcher le renouvellement d'un acte semblable, et renoncèrent en bloc à la possession des femmes pour lesquelles ils avaient tué le père. Ils en étaient maintenant réduits à des femmes étrangères : de là l'origine de l'exogamie, si étroitement liée au totémisme. Le repas totémique était la fête commémorative de l'acte monstrueux duquel émanait le sentiment de culpabilité de l'humanité (péché originel), et avec lequel avaient commencé à la fois l'organisation sociale, la religion et les restrictions de la morale.
Que la possibilité d'une telle suite de faits soit à accepter ou non comme historique, l'édification de la religion n'en était pas moins posée sur le terrain du complexe paternel et élevée sur l'ambivalence qui le commande. Après qu'eut été abandonné, comme substitut du père, l'animal totem, le père primitif lui-même, redouté et haï, vénéré et envié, devint le modèle de Dieu. Le défi du fils et sa nostalgie du père luttèrent l'un contre l'autre en de toujours nouvelles formations de compromis, par lesquelles d'une part le meurtre du père devait être expié, d'autre part les bénéfices en devaient être confirmés. Cette conception de la religion jette une lumière particulièrement vive sur les fondements psychologiques du christianisme, dans lequel la cérémonie du repas totémique survit donc encore, fort peu défigurée, sous la forme de la communion.
Je veux expressément faire observer que ce dernier rapproche­ment n'émane pas de moi, mais se trouve déjà dans Robertson Smith et Frazer.
Th. Reik et l'ethnologue G. Roheim ont, dans de nombreux et remarquables travaux, suivi les voies ouvertes par Totem et Tabou, les ont étendues, approfondies ou corrigées. Moi-même suis revenu quelquefois encore à cet ordre de pensées, ceci à l'occasion de recherches sur le « sentiment de culpabilité inconscient », qui joue un rôle si important parmi les facteurs de la névrose, et à l'occasion d'essais ayant pour but le rattachement plus étroit de la psychologie sociale à la psychologie individuelle. (« Le moi et le ça » ­« Psychologie collective et analyse du moi ».) J'ai aussi mis en avant, pour expliquer la possibilité de l'hypnose, l'héritage archaïque des temps de la horde primitive.
Maigre est ma part directe à d'autres applications de la psychanalyse, dignes cependant de l'intérêt général. Des fantasmes du névropathe isolé part un large chemin menant aux créations imaginaires des foules et des peuples, telles qu'elles apparaissent dans les mythes, légendes et contes populaires. La mythologie a été le domaine propre d'Otto Rank ; l'interprétation des mythes, leur rattachement aux complexes inconscients connus de l'enfance, le rempla­cement d'explications astrales par une motivation humaine furent dans bien des cas le succès de ses efforts analytiques. Aussi le thème de la symbolique a été dans mon cercle l'objet de nombreux travaux. La symbolique a valu à la psychanalyse beaucoup d'ennemis ; beaucoup d'investigateurs d'un par trop sobre bon sens n'ont jamais pu lui pardonner la reconnaissance de la symbo­lique telle qu'elle résulte de l'interprétation des rêves.
Mais l'analyse est innocente de la découverte de la symbolique, celle-ci était connue depuis longtemps dans d'autres domaines (folklore, légende, mythe) et joue là un rôle même plus grand que dans le « langage du rêve ».
Je n'ai personnellement en rien contribué à l'application de l'analyse à la pédagogie, mais il était naturel que les constatations analytiques relatives à la vie sexuelle et au développement psychique des enfants attirassent l'attention des éducateurs et leur fissent envisager leur tâche sous un nouveau jour. Le pasteur protestant O. Pfister, de Zurich, s'est signalé comme champion infa­tigable de cette tendance, trouvant d'ailleurs le soin de l'analyse compatible avec le maintien d'une religiosité certes sublimée ; la doctoresse Mme Hug. Hellmuth et le docteur S. Bernfeld, de Vienne, ainsi que beaucoup d'autres, se sont consacrés à cette branche de l'analyse. Une conséquence pratique importante a résulté de l'emploi de l'analyse en matière d'éducation, préven­tive en ce qui regarde l'enfant sain, corrective en ce qui touche à l'enfant non encore névrosé, mais déjà dévié dans son développement. Il n'est plus possible de réserver aux médecins le monopole de l'exercice de la psychanalyse et d'en exclure les non-médecins. De fait, le médecin qui n'a pas reçu une instruction spéciale en ce domaine est, en dépit de son diplôme, un profane en matière d'analyse, et le non-médecin peut, de par une préparation appropriée et une collaboration occasionnelle avec un médecin, aussi bien accomplir la tâche du traitement analytique des névroses.
Ainsi, grâce à l'une de ces évolutions contre lesquelles on se défendrait en vain, le mot de psychanalyse lui-même a pris plusieurs sens.
A l'origine il désignait une méthode thérapeutique déterminée maintenant il est aussi devenu le nom d'une science celle de l'inconscient psychique. Cette science peut rarement à elle seule résoudre pleinement un problème, mais elle semble appelée à fournir des contributions importantes aux domaines les plus variés des sciences. Le domaine où s'applique la psychanalyse est en effet de la même ampleur que celui de la psychologie, à laquelle elle apporte un complé­ment d'une puissante portée.
Jetant un regard en arrière sur la part de travail qu'il me fut donné d'accomplir dans ma vie, je puis donc dire que j'ai ouvert beaucoup de voies et donné bien des impulsions, qui pourront aboutir à quelque chose dans l'avenir. Je ne puis moi-même savoir si ce quelque chose sera beaucoup ou peu.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 24, 2016 ⏰

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Ma vie et la psychanalyse par Sigmund Freud.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant