1. Excitation

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La jeune femme s'observait dans la glace, appréciant ce que lui renvoyait son reflet. Une camériste coiffait ses boucles d'un blond intense, sans que sa maîtresse ne fasse attention à elle. Ce n'était, après tout, qu'une domestique. Soudain, elle grimaça :

« - Fais attention, voyons ! Tu m'as fait mal !

- Pardonnez-moi, Madame. Je suis désolée. »

La blonde eut un sourire satisfait qui étira ses lèvres pulpeuses, croisant le regard de son reflet. Inconsciemment, elle se redressa pour faire ressortir sa gorge, et releva la tête. Elle avait un teint diaphane et pur, une bouche rouge attirante, de sublimes yeux d'un bleu profond, un nez retroussé et un magnifique sourire. Elle méritait bien son prénom. Angélique. La camériste releva artistiquement sa chevelure en une coiffure sophistiqué, qu'elle fixa avec de minuscules pinces de perles. Cette coiffure soulignait le cou gracile de la jeune femme, ainsi que son port altier.

Puis, elle se releva, enlevant sa robe d'intérieur pour laisser voir une chemise de fin tissu. Tandis que la domestique laçait patiemment son corset, Angélique s'admira dans le miroir en pied. Elle avait une gorge ravissante, une taille fine et des jambes élancées. Oui, décidément, elle était parfaite. Aucune femme ne pouvait rivaliser avec sa beauté. Un sourire hautain étira ses lèvres quand elle se compara avec sa camériste. La pauvre fille, Camille, avait une chevelure d'une couleur indéfinie, un nez trop long, une bouche assez grosse, et un corps banale. Ses seuls attraits étaient ses yeux d'un vert profond et son habileté pour coiffer l'aristocrate.

Puis, la domestique s'écarta, se plaça devant le dressing, et demanda d'une voix humble :

« - Quelle robe voulez-vous mettre, Madame ?

- La bleue.

- Bien, Madame. »

Oui, la bleue soulignerait parfaitement ses yeux, ainsi que la finesse de sa taille. La femme de chambre revint avec la robe. Puis, elle aida sa maîtresse à la mettre. Enfin, elle se retira avec une courbette. Aussitôt, Angélique s'examina sous tous les angles, debout devant son miroir. La jupe tombait-elle dans des plis élégants ? Oui. Le corsage épousait-il à la perfection sa gorge ? Oui. Il n'y avait aucun accro ni aucun faux-pli. Tout était parfait.

Avec une moue satisfaite, elle revint s'asseoir devant sa coiffeuse. Elle ouvrit plusieurs coffrets, laissant apparaître de somptueux bijoux, d'un raffinement évident. Après avoir longuement hésité, elle finit par choisir une bague de saphir ainsi qu'un collier de diamants. Tout l'art était dans le fait de ne pas paraître exhiber des bijoux. Satisfaite du résultat, elle se releva, et sortit de sa chambre. Elle descendit les escaliers de sa demeure, puis attendit que son valet ne lui apporte son manteau. C'était ridicule d'employer un majordome si cher alors que celui-ci était incapable d'anticiper son comportement. Lorsqu'enfin il arriva, elle se permit de faire remarquer :

« - Tu aurais dû être là depuis longtemps...

- Excusez-moi, Madame. »

La blonde regarda sa chevelure brune coupée bien droit, ses yeux verts dans lesquels elle discernait une lueur d'angoisse, et son corps musclé qu'elle devinait à travers son habit. Il était décidément très alléchant, ce Kentin... Alors, elle lui adressa un petit sourire :

« - Aide-moi à m'habiller. »

Il l'aida à passer son manteau, puis lui ouvrit la porte. Alors qu'elle sortait sur le perron, il lui demanda :

« - A quelle heure doit-on vous attendre, Madame ?

- Je ne sais pas. »

Jamais cela n'aurait dû aller aussi loin... (Amour Sucré)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant