SEGMENT VINGT

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« Ah oui, Sobiann ! » avait-il dit, confiant.

« Siobann » avait-elle corrigé, honteusement.

« Sio plus loin bann? » 

« Oui, Siobann »

« Siobann? »

« Siobann »

Il avait enfin réussi à le prononcer correctement, et ses joues plutôt creuses étaient même devenues un peu rosées. Sûrement un peu honteux d'avoir une langue empotée, il était bien plus embêté d'avoir écorché son prénom car il pensait que ça lui avait fait, pour une raison ou pour une autre, de la peine, à cette Siobann. 

« Désolé » il avait ajouté, avec une pincée de culpabilité dans sa voix.

« De? »

« D'être autant abruti pour ne pas savoir répéter un prénom de deux syllabes »

Elle avait sourit, encore une fois, parce que  sous ses airs de garçon fier, il était cruellement mignon. 

« C'est pas bien grave, Maé »

En réalité, elle s'en fichait royalement. Qu'on l'appelle Sobiann, Sobann ou encore l'insociable, elle ne voulait pas que l'on prononce un mot ou un prénom, correct ou non, pour lui parler. Elle préférait largement ne pas être dans les bouches des autres, car jusqu'à aujourd'hui, être appelée ne lui avait pas apporté grand intérêt.

« C'est joli » 

« Ma trousse? » 

Il l'a regarda, un air d'incompréhension scotché sur son visage. Puis après avoir revu l'objet en velours jaune moutarde trônant dans les mains de Siobann, il s'est souvenu de l'épisode des escaliers, gênant pour lui aussi. Maé lui souris, de toutes ses dents encore d'enfant, et ses faussettes se créèrent sur le bas de ses joues.

« Ton prénom, évidemment. Et tout à l'heure je ne voulais pas te tendre un piège, je.. je ne savais tout simplement pas quoi te dire alors j'ai complimenté ta trousse, bêtement, comme un gros con » avoua t-il.

Un frisson lui parcourut le corps, étrangement, elle ne s'attendait pas à ces confessions. Que lui répondre? Elle ne savait pas, évidemment, elle n'avait pas l'habitude de discuter en profondeur avec un de ses camarades de classe. Mais Siobann était un tantinet gênée, car si Maé s'excusait pour sa maladresse, c'est qu'il avait vu que son faux-compliment ne l'avait pas laissée indifférente. Elle aurait voulu que ça passe inaperçu, pour ne pas créer d'histoires ou d'ambiguïtés sur ce moment, mais il s'avérait qu'elle était bien trop émotive. Qui l'aurait cru? Pas elle, en tout cas.

SIOBANNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant