SEGMENT DIX-NEUF

2.4K 485 84
                                    


La discussion était habillée de quelques mots seulement, jetés au hasard pour tenter de combler le silence déstabilisant. Il semblait de nature bavard, mais face à elle, il n'avait plus les mots. De son côté, elle trouvait ce trajet particulièrement long, étouffant, mais contre toute attente, arriver en mathématiques ne lui tardait pas. Outre le fait qu'elle n'aimait pas cette matière au même titre que les sciences, aux côtés de ce garçon elle se sentait paradoxalement bien. Cette vision était contradictoire avec celles qu'elle avait en général, et cela turlupinait son esprit. D'autant plus qu'elle ne pensait plus à ses craintes, qu'elle avait pu avoir dès le début de cette marche accompagnée. La seule chose qui occupait sa pensée était le soucis de continuer cette discussion, qui commençait à se noyer dans les abysses d'un silence profond. Incroyable mais vrai, elle voulait parler, car après l'avoir examiné, ce garçon ne semblait pas être si méchant.

« C'est quoi ton nom déjà? »

Il venait de briser le silence tant redouté, et elle ressentit comme une légère satisfaction dans le creux de son ventre. Elle ignorait jusqu'à cet instant qu'un rien pouvait la déstabiliser, elle avait toujours pensé que si quelqu'un venait l'aborder, elle serait en mesure de répondre aisément. Une nouvelle sensation qu'elle venait d'apprendre, grâce à lui, en moins de cinq minutes.

« Pourquoi? »

Elle répondit aussi bêtement que lors de leurs premiers mots échangés, dans les escaliers. Ce pourquoi sortit naturellement, peut-être venant du fait que son prénom, elle ne l'aimait pas trop et que inconsciemment, elle voulait retarder cette annonce.

Il tourna alors son regard vers elle, puis sourit d'un air embêté, très étonné de par cette réponse qui, finalement, n'en était pas une.

« En fait, je n'arrive pas à le prononcer » avoua t-il, tracassé.

Elle s'en doutait, un peu. Beaucoup le connaissent, très peu arrive à le dire. C'est la seule chose qu'elle aime dans son prénom d'ailleurs, le fait qu'on ne puisse pas l'appeler car sa prononciation se fait difficile en bouche.

« Le tien en revanche, je ne le connais pas » répondit-elle, esquivant encore la question.

« Moi c'est Maé »

Elle était un peu déçue de son prénom, trois lettres ne suffisaient pas pour en former un d'après elle. Mais niveau prénom, elle ne pouvait rien dire, car elle aussi, a été victime de ses parents aux bords originaux.

« Et toi du coup? »

Elle hésita, puis se lança.

« Siobann »

SIOBANNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant