C'est cette femme qui m'a tuée.
Et en fait, elle l'a fait au nom de vous tous.
J'ai entendu, vos soupirs, lorsque le coup est parti.
Vous sembliez... Rassurés. Contents, pour tout dire. Heureux.
J'ai aperçu son sourire, satisfait.
Et puis, j'ai entendu des « Merci Maman » suivis de « Brûle en enfer » -cette réplique m'étant adressée.
Et si j'avais pu pleurer, je l'aurais fait.
Parce que vous m'avez brisée.
Toute ma vie, j'ai lutté pour vivre et lutté pour votre sympathie.
Tout ce que je voulais, c'était qu'au moins une personne, ne fut-ce que pour quelques instants, agrippe ces mains qui s'étendaient vers moi. Pour les empêcher. Pour les empêcher de me faire du mal.
Mais vous sembliez tous d'accord pour me finir.
Et au final, je pense que ceux qui ont souhaité m'anéantir valent mieux que ceux qui me chassaient.
Vous, incapables de vivre avec la mort de quelqu'un, vous ne faisiez que retarder ma fin et donc allonger ma souffrance.
Vous avez fait de ma vie un enfer. Cette personne qui souhaitait me voir y brûler, elle n'avait manifestement aucune idée de ce que je vivais.
Mais, maintenant, vous savez.
Vous, lecteurs de mes dernières piètres paroles, je vous implore.
J'en appelle à votre pitié.
Mes semblables et moi ne sommes que des survivants.
Ne blessez pas ceux qui tentent déjà de tenir debout.
Parce que je l'ai vu. C'est dans vos habitudes de vous soutenir entre vous. Je vous ai observés, j'en ai eu l'occasion, croyez-moi.
Vous offrez une pièce d'espoir aux sans-abris. Vous nourrissez les pigeons avec du pain. Vous accueillez des chiens ou des chats errants.
Parce que je compte quatre pattes -membres- de plus que ces autres animaux, cela fait de moi une différence?
