Chat noir, Blouse blanche partie 4

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Chapitre 4: La fin 

Le prêtre me dévisage , ou plutôt il tente de sonder mon âme en me regardant droit dans les yeux. Un long silence s'installe dans l'église, un silence apaisant, je me sens comme soulagée mais tout de même légèrement inquiète face à cet homme beaucoup trop passible après ce qu'il venait d'entendre. Je venais peut-être de le traumatiser à jamais ou alors peut-être ne me croit-il pas et me prend pour folle? Pour toute réponse il se lève et se dirige dans cette petite salle qui jouxte le choeur puis ressort avec un autre bol de soupe fumante que je saisis entre mes mains, incrédule. Puis il repart en direction du choeur et se tient dans l'allée à quelques mètres de moi lorsque j'entends un bruit un sourd, comme un sifflement , un déplacement d'air d'une rapidité folle. Le prêtre tombe alors à genoux puis s'écroule à terre.

A peine sa face s'est-elle écrasée sur le sol qu'un fracas de tout les enfers suivi de l'explosion immédiate de la porte de l'église survient. Je sais que l'on vient pour moi, mais qui ? seraient-ce mes poursuivants, mes créateurs qui viennent me faire disparaître ? la police, déterminée à m'enfermer dans une cage pour le restant de mes jours car je suis dangereuse? A cet instant j'ai plus que jamais l'impression d'être un animal plutôt qu'un être humain. Mais s'il y a bien une chose qui est commune à ces deux espèces c'est la peur et le désir de survire, et c'est exactement ce que je ressens à ce moment.

Je sais que ma seule issue sera une fuite immédiate et mon seul atout la vitesse, sachant que la seule façon de tendre vers l'un et l'autre est de me métamorphoser je dois impérativement y arriver. Je décide alors de songer à toute la haine que j'ai envers ce monde qui m'a trahi et m'a détruit. J'y suis presque, je sens l'adrénaline monter en moi! Mais... mais un visage surgit dans mon esprit... celui de mon frère, celui d'un jeune homme qui depuis son plus jeune âge ne m'a jamais considérée. Qui suis-je après tout? Pourquoi est-ce que je dois me battre contre le monde entier alors que personne ne sera là pour me serrer dans les bras quand je rentrerai à la maison? Je n'ai pas de famille, mes amis ne se sont jamais vraiment soucié de moi, et suis-je encore vraiment la même après avoir franchi tous ces obstacles? après avoir subis toute cette souffrance? après être devenue aussi dangereuse pour moi que pour les autres ? Pourquoi vivre quand la seule once d'humanité qui était encore en vous ne tiens qu'à un fil, celui de la raison, prêt à se rompre à chaque instant lorsque la pression devient trop forte? 

Cette pression est devenue trop forte, je ne veux plus tenter de survivre dans la haine, la peur et la violence, mais peut-être que ceux qui viennent de franchir violemment la porte de cette église pourraient m'aider? Après tout, je ne peux plus me sauver moi-même alors il est possible que quelqu'un le fasse. Par simple humanité ou pour le bien de la science peut-être, alors je ne vais pas résister et me battre contre ceux qui pourraient me rendre ce qu'ils m'ont enlevé. Je me tourne alors vers la porte, vers cette armée complète qui vient de pénétrer dans ce lieu saint. Je lève mes mains pour montrer que je suis désarmée et prête à coopérer, je ne distingue malheureusement pas très ce qui se trame en face de moi à cause de la poussière de bois dû à l'explosion qui virevolte dans l'air, éclairée par les rayons du soleil. L'espoir m'envahit car le calme est revenu, presque aucun bruit n'anime cette pièce, à par quelque murmures que je ne peux pas distinguer de là où je suis. Puis une silhouette se détachant de la brume s'avance vers moi, s'arrête à quelques pas et un sifflement un retentis. La surprise m'empêche de réagir, de bouger et même de penser. Une douleur fulgurante jaillit dans ma poitrine, le sang coule abondamment, un sang chaud, mon sang. Je suis bien humaine après tout, je me pensais invincible car  protégée par cette carapace qui était tout simplement ma rage et ma haine. Mais j'en suis actuellement dénuée et n'ai plus la force d'en faire appel. 

Le froid commence à gagner mes extrémités, ma vision se trouble, je m'engourdis, tombe sur le sol pavé de l'église et j'ai de plus en plus froid, j'entends approcher les soldats comme s'ils étaient à des kilomètres mais je sens les vibrations causées par leurs bottes traverser la terre. Je ne peux plus lutter et ferme les yeux; je vois alors devant moi le bord d'une falaise. Je me trouve dans un paysage lunaire et aride et je suis, bien évidemment, seule. Puis, prise d'un élan inattendu, je m'élance en direction de ce gouffre avec une rapidité fulgurante. Et enfin ce qui devait arriver arrive, comme à chaque fois lorsque je fais ce rêve: je me jette du bord de cette falaise et je fais une remarquable chute libre. 

Sauf que cette foi-ci, je ne me réveille pas. 



FIN


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⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2016 ⏰

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