Point de fuite

Dialogue au clair de lune

–Que... qu'es que tu fais là?!

–Bah alors à en voir ta tête t'as pas l'aire ravis?

–Si si bien sûr que si!

Je me ressaisis et réalise peu à peu ce qui arrive. J'avoue que je ne m'attendais certainement pas à voir Mathieu arriver juste derrière moi. Ici.

–Comment as-tu fait?!

–Pour partir?  Bah c'est pas très compliqué, dès que j'ai été sûr de ta destination j'ai fait mon sac j'ai pris les clefs, j'ai pris un bus jusqu'à la gare ensuite j'ai prit train, puis enfin je suis arrivé en covoiturage et me voilà. J'avoue qu'on est pas mal synchronisé je suis arrivé il y a une heure à peine... Tu m'en passe un peu?

Je me demande de quoi il parle lorsque je vois qu'il regarde la pizza que je tiens dans les mains.

–Oui bien sûr je ne l'aurais jamais finit tout seul de toute façon. Tu me dis si tu veux qu'on en prenne une autre.

-Non merci c'est bon t'embête pas.

Il attrape une part et commence à manger en regardant le soleil disparaître à vu d'œil sous cette ligne d'eau. Je demande:

–Alors dit moi, quels sont tes raisons déprimantes de me rejoindre dans mon road trip complètement bancal.

–Je ne sais pas si "déprimantes" est bien choisi mais bon... Disons que mon meilleur ami se bars sans demander son reste. Je me dis qu'il va devenir fou si il est tout seul pendant un moment.

– Mort de rire... Non sérieusement, tu sais très bien que je ne suis pas très bavard! T'as forcement une raison valable.

–Les problèmes ne sont heureusement pour toi pas concentrer sur toi et ta famille. Chez moi, l'ambiance n'est pas rose ces derniers temps. J'ai beau ne rien en laisser paraître, mes parents m'énervent au plus au plus. Genre plus haut encore. Ils me mettent la pression pour les notes.
J'ai beau cadencer à 14 de moyenne, il en faut toujours plus.

–Je suis désolé de t'apprendre que tes effort pour cacher tout ça n'ont servis à rien, parce que ça faisait un moment que l'on avait deviné. J'attendais que tu te lance pour qu'on en parle.

–Bah ça au moins c'est fait.

Il marque une pause et pendant ce temps, nous reprenons de la pizza. Puis il me dit attend là je vais chercher quelque chose.
Je le regarde courir vers le bas de la dune sur laquelle on est perché. Je suis sur le cul. Ce voyage prend une toute autre tournure. J'avoue qu'un peu de compagnie ne sera pas de refus.

Il reviens quelques minutes plus tard chargé d'un sac à dos.

En plus de celui qu'il a laissé â mes pied, je ne me retiens pas de lui faire remarque que deux sacs de camping c'est beaucoup.

–C'est que j'ai pris beaucoup de paire de chaussures tu sais. Non je rigole celui là, me dit-il en me montrant le sac qu'il à sur le dos, c'est plus de l'équipement et des provisions.

Il pose le sac qui fait un petit bruit sec avec ce contact sur le sol. Il l'ouvre et en sort un pack de bières.

–Bon elles ne sortent pas du réfrigérateur mais c'est mieux que rien.

–Des provisions un?

Il me lance un petit sourire fière qui se change en sourire un peu gêné quand je lui fait remarqué qu'il n'a rien pour les ouvrir...

–Non je rigole, je dis quand il s'apprête à en ouvrir une à la main. Je lui tant mon couteau suisse.

Il lève les yeux au ciel. Nous buvons joyeusement.

–J'ai vu que tu tenais au soutien social me dit-il en sortant son portable. Un snap? Avant qu'on n'y voie plus rien.

–Tes parents vont être fou de rage...

Nous prenons place.

–Ne t'inquiète pas pour ça, ils le sont déjà.

–Les miens pareil.

–Tu m'étonne, t'as fait fort avec la voiture.

–Ça les motive plus pour tenter de me retrouver.

Une fois fait, il remet son portable dans sa poche et nous finissons la pizza et nos bouteilles.

–Au fait... On va dire que ça change.

–De quoi?

–Ta couleur de cheveux.

–A merci... Ça me va bien?

–Honnêtement?.. Non pas du tout.

Nous partons dans un fou rire qui n'en finit plus. Enfin, au bout de quelques minutes, il fouille dans son sac et sort un maillot.

–T'as le tien? Me demande-t-il.

–Bien sûr!

–A, dommage je t'aurais bien vu à poil...

Il affiche sa mine dessus, si bien que je met un moment à me rendre compte qu'il blague.
Nous rigolons de plus belle.

–Dit donc, l'alcool ne te réussi pas !

–Ne dis pas ça! J'en connais une qui serait déjà ronde à rouler dans le sable...

Nous nous baignons jusqu'à ne plus pouvoir voir la pointe de nos pieds. Nous finissons la soirée emmitouflés dans nos vestes sur une serviette à écouter les vagues s'écraser sur le sable fin.

–Alors qu'es que tu compte faire maintenant? me demande finalement Mathieu.

–Je ne sais pas. Mais toi tu rentre chez toi.

Il pouffe pas très discrètement.

–Tu veux me dire de rentrer, tu veux faire ton responsable, je pourrais te dire la même chose! Non sérieusement je pense que tu sais très bien où tu vas et ce que tu fais. Je suis avec toi et on continue la route ensemble.

–Tu es sûr de toi?

–Oui sûr!

–Vraiment?

–Oh... Arrête de faire durer le suspense!

–Ok... Ok... Accroche toi bien. Que dirais-tu d'un petit tour du continent?