Pan

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Avant de partir, je check une dernière fois facebook malgré ce que nous nous sommes dis Mathieu et moi.

Là je trouve une analyse d'une sorte de psychologue-journaliste. il raconte que ma fuite, notre fuite peut être le fruit de plusieurs raisons tournant toutes autour d'une même théorie. La théorie du "Pan", un enfant qui ne veut pas grandir, qui a peur, qui jette un coup d'œil dans le monde adulte et qui  ne voit que ce qu'il ne faut pas voir. facile en même temps, il y a peu de choses que l'on peut y voir sans n'éprouver que du dégoût pour ce monde.

J'avais déjà entendu de cette théorie auparavant. Elle m'avais alors bien plu. Peter Pan est en fait mon personnage préféré dans la gamme de "rêve impossible". Mais sur certains points, elle juge le concerné et critique son choix comme s'il n'était pas légitime. Selon moi, il l'est.

C'est d'ailleurs ce que font beaucoup de gens.
Nous jugeons. Vous jugez.  Ils jugent. Tous. Nous tous, la race humaine. Tout est basé sur des supposition et des critiques entourées de comparaison à un idéal qui vient d'on ne sais où.

Il y a une chose que nous savons, même plusieurs. La perfection comme nous l'entendons tous n'existe et n'existera jamais. Aussi, la différence nous effraie même lorsqu'elle pourrait nous être enrichissante. On la fuit, on la critique, puis à force de temps, si elle n'a pas déjà été éradiqué, on fait semblant de l'avoir apprivoisé, on cache notre peur jusqu'à qu'elle disparaisse. C'est un espoir. Mais pas une certitude.

En retournant à la voiture, nous passons par la salle des machines à laver et récupérons le linge.

De retour au volant, plus décidé encore que la veille, je met le contact et prend la route.

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Après s'être arrêté au niveau de Monaco, nous partons pour l'Italie.
Rome est une très jolie que nous visitons en long et en large en deux jours.
Nous décidons ensuite de prendre le nord, passant par les Alpes Suisses où de nombreux et gigantesques lacs reflètent la lumière du soleil. Entouré de la verdure de certains, nous nous baignons malgré la température un peu juste. Cela vaudra un rhume un peu embêtant de Mathieu.

Nous traversons l'Allemagne de tout sont long. Prenant des routes qui semblent n'avoir été utilisé qu'une seule fois depuis leur construction. Ces dernières sont bordées d'épaisse forêts sombres. Nous passons par la capitale plutôt animée et faisons notre -devenus maintenant presque quotidienne- photo pour les réseaux.
Une fois sortis du pays, nous continuons notre ascension vers le nord en passant par les pays bas. Enrichissant notre album de voyage. Ce dernier tire d'ailleurs vers les deux mois.
La boucle ne va d'ailleurs pas tarder à être fermée. Nous serons attendus à la frontière. Nous le savons, nous nous y préparons.

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Mon budget commence a être tendu. Il va être temps de rentrer. J'en fais part à Mathieu qui ne semble pas s'en étonner.

Ce qu'il ne sait pas, c'est que je n'ai pas l'intention de rentrer chez moi. Je ne pourrais pas reprendre les cours, le train-train quotidien. Pas pour l'instant.

Nous sommes maintenant à un kilomètre de la frontière française. Notre point d'arriver, comme l'appel Mathieu.
On s'arrête pour une dernière nuit. Sur un parking au sommet d'une de ces majestueuses falaises qui font le littoral. Au loin s'étend la mer grise qui me rappel un petit peu notre premier point. Cela semble être hier mais en même temps, on dirait que cela fait une éternité que nous voyageons.
Ici le soleil ne se couche pas dans l'eau. Il l'évite. Elle semble froide malgré la température d'été. C'est peut-être due à ce ciel nuageux qui se reflète sur cette étendu, ce désert.

Nous nous couchons avec la boule au ventre. Lui parce qu'il sait qu'il va rentrer, moi perce que je sais que je vais le laisser. Je n'ai pas le droit de l'embarquer là-dedans. Même si je culpabilise beaucoup. Il ne va pas aimer. J'espère qu'il ne m'en voudra pas trop longtemps.

J'attend qu'il s'endorme pour écrire un mot. Je m'explique tant bien que mal. Rédige quelques excuse puis laisse le papier, je laisse Mathieu, laisse la voiture, laisse une part de moi. Et m'enfuis encore une fois.
Je ne suis pas prêt.

J'ai peur de ne jamais l'être.

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Point de fuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant