Chapitre 10

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- Tellement désolé de t'avoir fait ça. Si tu savais... Si tu savais comme je m'en veux...

Sans répondre, Shannon nicha sa tête dans le creux de son épaule. Environnée de cette odeur de cuir et de sous-bois, elle se sentait enfin libérée, comme si tout le poids qu'elle avait sur le cœur s'était soudainement envolé.

Aucun des deux n'aurait pu dire combien de temps ils restèrent ainsi. Pendant ce morceau de temps, ils se sentirent de nouveau en harmonie, comme 6 ans auparavant, inséparables et unis par le cœur et par l'esprit.

Même quand ils se séparèrent, une fois les larmes taries, ils sentaient encore ce lien invisible qui s'était jadis brisé. Ils étaient comme renouvelés. L'impression qu'ils ressentaient était proche de quand vous quittez les chaussures neuves inconfortables pour remettre la vieille paire défoncée, dans laquelle vous vous sentez beaucoup mieux.

Leurs mains étaient toujours jointes, leurs doigts entrelacés comme avant, quand ils étaient encore innocents et insouciants. Cette habitude de se tenir la main, ni l'une ni l'autre ne l'avaient oubliée. De même que cette sensation réconfortante, celle d'être proche de quelqu'un qui comprend toutes vos pensées, toutes vos peines, tous vos défauts et vos qualités et qui vous accepte tel quel parce qu'il ne peut pas faire autrement, parce qu'il tient à vous.

En somme, un meilleur ami.

Ce qui se passa dans l'ancienne cave des Fernandez, personne ne pourrait le raconter avec des mots. Comme la souffrance qui exige d'être ressentie, l'échange qui eut lieu entre Shannon et Castiel ne pouvait pas être décrit : ce fut un échange de pensées, d'émotions, de souvenirs, le tout contenu dans un regard qui mêlait le vert de l'émeraude au gris des nuages.

* * *

En arrivant au lycée, Shannon aperçut Lysandre au portail. Il lui tournait le dos, occupé à discuter avec son frère et Rosalya. Celle-ci l'aperçut.

Détournant le regard, la rouquine décida d'attendre que le victorien ait fini pour lui raconter ce qu'il s'était passé la veille au soir. Si elle avait soutenu le regard de Rosalya, elle y aurait vu de la compassion, et pas l'animosité à laquelle elle s'attendait. Regardant autour d'elle, elle ne vit personne de sa connaissance – Castiel séchait encore, apparemment – et se retint de trépigner sur place, impatiente que la blanche s'en aille.

Finalement, la sonnerie retentit avant qu'elle ait pu parler à son ami. Résignée à devoir attendre encore deux heures, la jeune fille se dirigea vers son casier pour récupérer sa blouse pour les TP de physique. En ouvrant le compartiment de métal qu'elle partageait avec Violette, Shannon remarqua le tremblement de ses mains.

Tremblement qui s'accentuait.

« Pas encore ! »

Paniquée, elle referma son casier en claquant la porte, attirant les regards surpris des élèves autour. Sa blouse sous le bras, elle se dépêcha d'aller à l'infirmerie, comme le lui avait demandé son père. « - Si tu sens le moindre frisson inhabituel, la moindre petite douleur, tu vas à l'infirmerie et tu m'appelles, d'accord ?

- Oui, papa. »

L'infirmière n'était pas là quand elle arriva, aussi elle lâcha son sac et sortit son portable. Fébrilement, elle chercha le numéro de son père dans son répertoire et appuya sur la touche « appel », tentant vainement de calmer ses spasmes. Il répondit presque immédiatement.

- Shannon ! Tu as une crise ?

- O... oui... je tremble de partout, c'est...

- Tu es à l'infirmerie ? Restes-y jusqu'à ce que j'arrive. Je fais vite.

Amour adolescentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant