Chapitre 9

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Shannon vit s'approcher l'heure de rentrer en cours avec une appréhension grandissante. Elle s'était placée à l'intérieur de l'enceinte du lycée, adossée à un arbre pas très loin du portail. De cette façon, elle était moins visible que sur un banc, par exemple.

Il était 7h45 quand elle était arrivée.

Cinq minutes s'étaient écoulées quand elle aperçut la première personne de sa connaissance. Celle-ci la vit et, chose surprenante ces dernières semaines, se dirigea directement vers elle.

La jeune fille la regarda approcher, sentant son stress atteindre son paroxysme quand Lysandre s'arrêta face à elle.

Mais son visage calme eut vite fait de lui faire reprendre son self-control.

- Comment vas-tu ?

Sa voix était douce, son regard empreint de sollicitude.

- Bien, répondit-elle, et sa voix tremblait un peu. Et toi ?

- Pas trop. J'ai appris récemment quelque chose que je craignais de voir arriver.

Et elle eut soudain la conviction que son regard vairon plongeait en elle, décelant ce qu'elle tentait en vain de lui cacher. Il sait, se dit-elle soudain, persuadée qu'il était au courant, avant même d'avoir lu le journal lycéen.

Il laissa passer un silence. Puis :

- Comptes-tu en parler à Castiel ?

Elle ne répondit pas tout de suite. Bien sûr, elle y avait pensé. Mais le visage fermé, vide, de son ami aux cheveux rouges tournait dans sa tête, et elle n'avait pu s'y résoudre.

- Il finira bien par le découvrir. Ne lui dis pas, d'accord ?

Il inclina lentement la tête en avant, compréhensif. Puis il s'approcha et la prit dans ses bras, une étreinte puissante, celle d'un ami qui cherche à vous rassurer, à vous consoler. Son odeur d'encre et de vieux parchemin qu'elle aimait tant faillit la faire craquer, mais elle se contrôla tant bien que mal, s'essuyant discrètement les yeux avec sa manche.

Quand ils se séparèrent, il lui sourit, de ce demi-sourire dont il avait le secret et qui parvenait toujours à la faire sourire elle aussi. Cela ne rata pas : elle lui rendit un sourire timide, chose qu'elle n'avait pas faite depuis deux mois.

A ce moment, elle entendit des pas derrière elle. En se retournant, elle vit Leigh qui se tenait à quelques pas d'elle. Pour une fois, Rosalya ne l'accompagnait pas. Il regarda son frère qui hocha la tête et se tourna vers Shannon :

- Nous avons appris par le biais du journal de la ville ce qui s'était passé.

Ainsi, Lys' et Leigh lisaient le journal.

- Shannon !

Et ils n'étaient sans doute pas les seuls, se dit-elle en avisant l'expression soucieuse de Nathaniel qui venait vers eux. Face aux trois garçons, elle se sentait un peu mal à l'aise. Ils le sentirent et ce fut le brun qui commença :

- Comme le disait mon frère, l'hebdo que lit notre mère avait à la une cette semaine le coup de filet de la police, dimanche. C'est elle qui a remarqué ton nom dans l'article et qui nous a réveillés, à trois heures du matin – tu la connais, elle et ses insomnies – pour nous le faire lire.

Ce qu'il ne disait pas, Shannon l'avait capté dans sa voix et dans son attitude, et cela lui fit chaud au cœur. Nathaniel prit le relais, après un bref coup d'œil en direction du jeune homme aux cheveux blancs.

- Moi, c'est ma sœur qui lit ce magazine. Enfin, bref, elle l'avait laissé traîner et quand j'ai vu les gros titres « Dakota Johansson arrêté par la police ; un dealer proxénète sous les verrous », j'ai lu l'article, et j'ai remarqué ton nom. Ça m'a inquiété, avoua-t-il.

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