I.

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31/12/1999

Le trente et un décembre, dix-neuf cent quatre-vingt-dix-neuf, vingt-trois heures cinquante-quatre, cinquante-cinq, cinquante-six, cinquante-sept, cinquante-huit, cinquante-neuf...

— Un dernier effort, madame ! Poussez une dernière fois !

Une voix s'élevait dans la pièce, camouflée par les hurlements de douleur et les plaintes larmoyeuses de la mère. Elle hurlait de toutes ses forces, priant pour que tout se finisse rapidement. Elle sentait son corps se déchirer sous le coup de la douleur. Cela durait depuis deux heures déjà, entre contactions et sensations de brûlure, elle n'en pouvait plus.

Le médecin encourageait la jeune femme qui ne devait avoir qu'une vingtaine d'années. Ses cheveux blonds, humides de sa propre transpiration lui collaient au front. On lui tenait doucement la main, l'encourageant pour qu'elle puisse mettre au monde son premier enfant.

Un dernier effort, une dernière poussée et l'enfant sortit. Un long cri aigu se fit entendre, et la jeune femme soupira de bonheur. Le cordon fut coupé, le placenta expulsé et le calme finit par régner quelques secondes dans la salle d'accouchement, avant que les félicitations ne commencent. Portant le bébé dans ses bras, l'infirmière s'avança jusqu'au couple, venant déposer un petit être emmitouflé dans des couvertures blanches, son front était légèrement taché de sang, et son corps tremblait comme une petite feuille. Un bébé de trois kilos deux cents, aux yeux fermés et à la voix perçante. Il hurlait.

— Félicitations, mesdames, c'est un garçon et en très bonne santé ! Annonça la vieille femme, un large sourire sur les lèvres.

05/03/2000

Tout se passait bien au sein de cette famille totalement normale et épanouie. Il leur avait fallu trois petits jours pour que le jeune couple puisse regagner leur maison, cette fois-ci accompagné par un petit être qui ne faisait que dormir.

Allongées dans le lit conjugal, l'une à côté de l'autre, les deux jeunes mariées admiraient le fruit de leur amour, la chaire de leurs chaires, leur petit enfant.

— Il est beau, tu ne trouves pas ? Demanda la brunette, les yeux qui menaçaient de verser quelques larmes de joie qu'ils gardaient.

— Bien sûr qu'il l'est ! Répondit la seconde qui tenait l'enfant contre elle, l'allaitant avec amour. Il a tes yeux.

Elles échangèrent un regard complice, ravies de partager un aussi beau souvenir ensemble. Elles avaient tant attendu sa venue, et à présent, qu'il était enfin auprès d'elles, les deux jeunes femmes pouvaient enfin savourer le plaisir de la vie familiale.

Le bébé qui s'endormait, leva ses yeux lourds de sommeil pour observer ses deux mères, l'une après l'autre. Il esquissa un grand sourire, affichant sa mâchoire édentée.

— Coucou bébé Ernest ! S'exclama joyeusement la plus jeune.

— Ernest ? Mais.. On avait dit William !

— Je préfère Ernest, tu ne trouves pas que ça lui va bien ?

La seconde ronchonna et croisa les bras, une moue sur les lèvres. Elles devaient absolument choisir, alors, elles décidèrent de prononcer chacune le nom de l'enfant, successivement. Et ce fut au nom d'Ernest que le petit se retourna.

-07/11/2000-

Les jours passaient et devenaient semaines, qui devenaient, à leur tour, mois. Le petit Ernest grandissait rapidement, révélant ses cheveux d'un beau blond clair et ses doux yeux couleur de mer. C'était un bébé joyeux et très actif, il rayonnait de bonheur et de joie et ne pouvait que se lier un peu plus d'affection à ses deux mères.

ERRETOù les histoires vivent. Découvrez maintenant