Parmi toutes les personnes que j'aie pu croiser dans ce bar comme je vous l'ai dit, j'ai eu l'occasion de discuter avec des touristes, des riches, des pauvres, mes profs, des bobos, des habitués mais mes préférés ont toujours été les amoureux.
Ils amenaient avec eux ce petit quelque chose qui me rendait heureuse derrière mon comptoir et je ne pouvais m'empêcher de les regarder en souriant niaisement. Les ados qui venaient pendant les pauses, les jeunes mariés, les parents, les vieux... Toutes ces personnes apportaient du bonheur dans ce bar.
J'ai assisté à des demandes en mariage, (vous allez me dire qu'il y a beaucoup plus romantique comme endroit... Je sais) des fois la personne répondait avec un grand "oui" sous les applaudissements des autres clients, des fois la personne répondait d'un petit "non"et moi je récupérais les personnes les plus tristes du monde suite à ça. C'était horrible, j'avais l'impression que c'était moi qui me prenait le refus en plein dans la gueule.
Puis la nuit j'avais souvent des clients amoureux, bourrés et tristes qui me parlait de leurs problèmes. J'aimais les clients amoureux mais pas passé 22 heures.
Moi j'adore tout ce qui est fluff, l'amour, les demandes en mariage alors de voir ce pauvre homme pleurer toutes les larmes de son corps devant moi me rendais relativement triste aussi, je m'en souviendrais toute ma vie... On va l'appeler Sam.
Sam m'avait raconté qu'il avait fait sa demande plus tôt dans la journée mais que sa copine avait refusé et l'avait quitté pour un autre... Une bonne journée de merde quoi. Mon patron m'avait dit de ne pas faire gaffe aux gens comme lui mais je ne pouvais pas le laisser comme ça répéter en boucle:
"- J'aurais pu lui donner le monde entier."
"- Ma vie est foutue."
"- Qu'est ce que j'ai fait de mal ?"
Et moi je le regardais ne sachant pas trop quoi faire, je le servais sans ne rien dire. Vous savez quand une personne pleure devant vous mais que vous ne savez pas quoi faire, vous hésitez, vous faites des gestes totalement cons et inutiles et bah moi j'étais comme ça à répéter:
"- Ce n'est pas de votre faute ! Vous en retrouverez une !"
La phrase parfaite d'abrutie, sérieusement maintenant que j'y repense j'étais très stupide. J'aurais rajouté "Une de perdue, dix de retrouvées !" Et on aurait pu m'offrir la palme d'or de la plus gros reloue de France mais heureusement j'ai su m'arrêter à temps.
Je l'avais laissé un peu de côté en pensant qu'il allait sans doute se lasser et qu'il finirait par rentrer chez lui. Mais les heures défilaient, les clients aussi mais lui ne bougeait toujours pas alors je me suis assise en face de lui suite à une longue réflexion d'environ une deux secondes avec moi-même et je l'ai forcer à me parler à base de:
"- Allez mon gars, soit un homme et rentre chez-toi !"
"- Tu comptes faire ta pleureuse toute la nuit dans ce bar ?"
Ne me jugez pas... C'est une technique de provocation à la russe... Bon ce n'est pas le sujet. Sam ne réagissait toujours pas malgré mes différentes provocations, je me demandais vraiment si il n'était pas juste un putain de fantôme que j'étais seule à voir, sérieusement tout le monde semblait l'ignorer et il ne me répondait pas. Après quelques minutes à être restée en face de lui sans rien se dire, il a relevé la tête et il m'a parlé. Longtemps. Très longtemps.
On connaît tous la célèbre chanson "Cœur perdu" de Renaud. Magnifique chanson hein ? Musique qui fait bien réfléchir sur son existence et sur ses sentiments. Enfin pour ma part mes plus grandes soirées solitudes je les ai passées avec cette chanson et pendant que Sam me parlait je ressentais la même chose que quand j'écoute cette chanson. Une immense tristesse mais pas une tristesse qui vous donne envie de pleurer, une tristesse qui vous fait prendre conscience des choses, j'étais en mode "Ce soir c'est Sam mais demain ça pourrait être toi."
Il disait de belles choses et des conneries aussi et c'était perturbant. J'étais serveuse, psy, assistante sociale et pourtant j'avais le même salaire. Après avoir parler pendant deux bonnes heures Sam s'est levé et a conclut sur un:
"- Merci pour tout."
Et il est repartit en me laissant 20 euros de pourboire. Sam fait partie des rencontres les plus étranges de ma vie.
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Barmaid.
Non-Fiction"Les politiciens c'est comme une ex un peu reloue... Ils veulent attirer ton attention alors que tu n'en as plus rien à foutre depuis des années !" J'ai été barmaid, j'ai entendu et vu certaines choses et... Je me dois partager ça avec vous.