Chapitre 1

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  - Joyeux Noël inspecteur ! » S'exclamèrent les hommes en cœur pendant que ce dernier se frayait un chemin jusqu'à l'ascenseur.
- Joyeux Noël à vous aussi. » Se força-t-il à répondre avec un semblant de sourire.

L'inspecteur passa les portes de l'ascenseur et appuya sur le bouton qui allait le conduire jusqu'au parking. Son sourire forcé restait scotché sur son visage alors que les portes se refermaient. Soudain, un homme passa sa main entre les deux portes qui se rouvrirent automatiquement.

- Inspecteur ! Excusez-moi, je suis pressé, ma femme est en train d'accoucher ! » Débita l'homme avec une rapidité impressionnante.
Immédiatement, le sourire de l'inspecteur se fana et il leva les yeux au ciel. Cette fois-ci, les portes se fermèrent pour de bon et l'ascenseur se mit à descendre.
- Mon dieu, je suis tellement stressé ! J'espère que j'arriverai à temps ! Et qu'il n'y aura pas de problème ! Il ne neige pas trop ? Quelle idée de naître à deux jours de Noël ! Mais quel beau cadeau à la fois ! » Continua l'homme.
C'était un stagiaire que l'inspecteur n'avait pas vraiment eut l'occasion de côtoyer et à vrai dire, il s'en serait passé volontiers.
- Vous avez des enfants ? » Reprit-il, toujours aussi excité.
- Non. » Répondit simplement l'inspecteur tout en se faisant la remarque que cet ascenseur était vraiment lent à descendre.
- Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie ! Après mon mariage, bien sûr ! Je suis si heureux ! Vous allez retrouver votre femme pour Noël, vous aussi, inspecteur ?
- Je vais aller à la montagne, dans un chalet, histoire qu'on me laisse tranquille. » Termina le second d'une voix froide.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et l'inspecteur se précipita dehors. Le stagiaire fit de même pour rejoindre sa voiture au plus vite. L'inspecteur décida d'attendre que l'autre parte avant de grimper enfin dans sa propre voiture et de quitter le parking.

Dehors, il faisait déjà nuit et il neigeait à gros flocons. Il s'engouffra sur la route et roula tranquillement jusqu'à son appartement. Il se trouvait au cinquième étage d'un vieil immeuble, sans ascenseur. L'inspecteur Pierre grimpa les marches et en vint à regretter l'ascenseur trop lent de son travail. Une fois dans son appartement, il se laissa tomber sur son canapé.

Sa vie n'était pas du tout celle qu'il avait espérée. Certes, il avait réussi une grande carrière. Inspecteur au FBI, ce n'était pas rien et c'était son rêve, il était très heureux de son travail. Mais ce travail lui avait coûté sa femme. Elle avait été assassinée cinq ans plus tôt, par un homme qu'il avait lui même mit derrière les barreaux et qui s'était échappé de la prison pour se venger. Sa femme était enceinte de sept mois à ce moment-là et Pierre les avait perdues toutes les deux en même temps. Sa fille qu'il était si content d'attendre, sa femme, celle de sa vie ... Depuis, il n'était plus qu'une loque humaine. Il se levait le matin pour aller au travail, ne parlait que du travail, ne divaguait pas, avec personne. Puis il rentrait, toujours sans parler à personne et il allait se coucher parce qu'il n'avait rien d'autre à faire.

Comme chaque congé de Noël depuis ce jour tragique, il comptait se rendre dans son chalet, perdu au fin fond de la montagne, toujours inaccessible à cette période à cause des tempêtes de neige. Ainsi, il pouvait être tranquille, boire, pleurer, se lamenter, sans aucun témoin. Il savait qu'il n'avait que vingt-sept ans et que s'il le voulait, il pouvait recommencer à vivre mais il ne le voulait pas. Il vivait dans le passé, inlassablement. En réalité, aujourd'hui, il était devenu le seul obstacle face à l'idée d'une vie plus heureuse, d'une nouvelle famille.

* * * * * * * * * *

- Axelle ! Enfin, tu réponds ! » S'exclama une voix féminine dans le combiné.
- J'ai une vie très chargée Pia et tu le sais ! Alors quand tu vois que je ne réponds pas, ce n'est pas la peine de me rappeler dix fois ! Laisse-moi un message et je te rappelle ! » Soupira Axelle tout en grimpant dans le taxi qui venait de s'arrêter devant elle.
- Attendre que tu me rappelles, c'est comme attendre le déluge, petite sœur ! Alors je préfère te harceler, je finis par t'avoir plus rapidement ! » Ria Pia.
Axelle éloigna son téléphone portable de son oreille en soupirant de nouveau. Elle croisa le regard amusé du chauffeur et se détourna.
- Qu'est-ce que tu veux ? » Trancha-t-elle d'une voix ennuyée.
- Tu es enfin en vacances de Noël, n'est-ce pas ?! Plus de journal, plus d'articles à écrire pendant quelques jours ! » Commença la grande sœur d'une voix enjouée.
- Et ? » Questionna indirectement Axelle tout en fouillant dans son sac pour trouver son rouge à lèvres.
- Et bien, on va fêter Noël en famille. Tu sais, ça manquait à maman et puis, elle voulait partager ça avec ses petits-enfants. J'ai trouvé ça sympa de faire comme au beau vieux temps ! » Expliqua-t-elle avec une joie débordante.
- Sauf qu'au ... bon vieux temps ! ... il n'y avait pas de beau-frère et pas trois gosses qui courent et sautent dans tous les sens ! Bon tu vas me dire, il y avait le demi-frère mais c'était encore gérable ! » Ironisa Axelle avant de se remaquiller comme elle pouvait.
- S'il te plaît Axelle, fais un effort ! Maman sera là, « le demi-frère » comme tu dis, aussi ! Et puis il y aura mes beaux-parents et bien sûr mon mari et mes enfants à qui tu manques beaucoup. Axelle, ça fait plus d'un an qu'on ne s'est pas vues ... » Rappela Pia.
Cette fois-ci, la voix de sa sœur était triste et Axelle se mordit la lèvre.
- Bon ... J'ai quand même un article à écrire donc si je viens, je dis bien SI, il me faudrait tout de même des moments de calme pour bosser. » Commença-t-elle en tentant de cacher son exaspération.
- Je te promets que je tiendrai les enfants loin de toi quelques heures par jour ! » Promit immédiatement Pia.
- C'est toujours SI parce qu'il faut que je vois ça avec Jena. Tu sais, elle n'a pas de famille et on devait se faire une soirée entre filles. Donc il faut que je vois si ça ne la dérange pas.
- Je t'aurai bien dis de l'inviter à venir passer Noël chez moi mais je ne sais pas pourquoi, depuis qu'elle a couché avec mon mec à l'université, j'ai un peu du mal à avoir pitié d'elle ! » Grinça la grande sœur en soupirant longuement à l'autre bout du fil.
- Je sais, murmura Axelle avec gêne, écoute, je la vois ce soir, je lui demanderai et je te tiens au courant, d'accord ? Je dois te laisser, à plus, bisous à tes petits monstres ! »

Axelle raccrocha une fois que sa sœur lui eut dit au revoir puis paya le chauffeur et descendit du taxi. Dehors, devant l'entrée d'une discothèque, son amie Jena l'attendait, magnifique dans sa robe moulante à paillettes dorées. Elle la rejoignit, l'embrassa, et elles entrèrent en riant. La soirée pour fêter le début des congés promettait d'être exceptionnelle !  

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