Recall ~En Pause~

Chapitre 6 ~Partie 2~

Lorsque je revins dans la salle, Super Snob était parti. Soit il en avait eu assez d'attendre, soit j'avais loupé un roulement. Dans tous les cas, j'étais heureuse.

Alors que je vérifiais l'heure sur mon téléphone -plus d'une heure que j'étais coincée là quand même !-, mon dernier date s'installa en face de moi.
Je relevais la tête, et fus une nouvelle fois surprise. Je l'étais très souvent ces derniers temps, à m'en déplaire. Les surprises n'avaient jamais été ma tasse de thé.

- Mais, c'est toi !

Cette injonction était sortie toute seule, sans même avoir pu la retenir. Je détestais perdre le filtre qui séparait ma bouche de mes pensées.

- Heu... Ouais. Et tu es...

Il essaya de loucher sur l'étiquette collée sur ma robe, que mes longs cheveux dissimulaient à moitié. Rock Man avait ce petit sourire narquois qui avait dû en faire craquer plus d'une -notamment Kate Gibson.

- Jessica. Jessica Salem. Enchantée.

Je lui tendis la main. Amusé, il la serra. Je me rendis compte du ridicule de la situation. J'avais fait la bise à tous les mecs que j'avais croisé ici, et ils étaient de loin plus réjouissants que lui. À vrai dire, il m'intimidait. J'allais passer pour une harceleuse, mais être près d'une personne qui était plus ou moins proche de Daniel me mettait les nerfs à vifs.

Daniel, toujours Daniel...

Quand est-ce que cette obsession prendrait fin ?

- De même. Je m'appelle Evan McKey.

- Tu n'as pas vraiment la tête de quelqu'un qui participe à ce genre d'événements, Evan, commençais-je.

- Tu veux dire que je n'ai pas la tête d'un dépressif ? Tu me vexes, Jessica.

Il partit d'un rire franc, auquel je répondis avec plaisir. Il me mettait à l'aise. C'était quelqu'un de facile à vivre, je le sentais. Mais je ne ressentais rien de sensuel, aucune passion quelconque pour lui.

- Mais si je peux me permettre, tu n'as pas non plus la tête... De ce genre de personne, contrataqua-t-il, sans se départir de son sourire.

Je ne pus que le lui accorder. Prise d'une envie soudaine de me confier, je lui racontais la véritable raison de ma présence ici.

- Donc, résuma Evan, tu es plus ou moins une journaliste infiltrée.

- C'est une façon d'embellir la vérité. Mais toi, que fais-tu ici ?

Il parut quelque peu gêné. J'avais touché un point sensible bien que ma question me parut inoffensive. Enfin, je lui avais déballé que j'étais là sous les ordres de ma meilleure amie ! Et il n'était assurément pas là pour trouver l'amour. J'essayais de détentre l'ambiance, sentant l'air se crisper.

- Tu sais, il n'y a pas de honte à être ici pour un plan cul !

Il retrouva le sourire et rétorqua:

- Tu es l'une des seules personnes intéressantes que j'ai rencontrées, et je peux te dire qu'il y en a eu un paquet. La drague est une option impossible.

Puis il me confia, doucement :

- Ma mère est une organisatrice de ce genre d'événements. Elle nous demande régulièrement de l'aider, parce qu'il y a parfois plus de femmes que d'hommes ou inversement. On comble le vide !

- On ?

- Mes frères et soeurs.

Il n'y avait pas de quoi être gêné. C'est sûr, il n'avait pas le look bon fils mais venir en aide à sa mère et ne pas l'envoyer bouler dès la première occasion, en grande partie pour se donner un style devant ses potes, était une qualité que j'admirais. Je trouvais ça adorable. Et je me permis de lui dire. Il se décontracta, on papota de tout et de rien.