T.S - VERT SAPIN. l.s

I

Cette journée aurait pue être une journée banale, marquant une reprise de cours banale, dans un monde banal. Mais depuis quelques années maintenant j'avais l'impression qu'une puissance supérieure s'acharnait à faire de ma vie un désordre pas possible et un gâchis perpétuel. Et tandis que je pensais encore une fois au fait que j'était incontestablement détesté par cet être supérieur, deux billes émeraudes me fixaient avec cette pointe d'appréhension dans le regard et tout un attirail de compétition pour le dessin dans les mains. Dieu !, que je déteste cette personne aussi supérieure soit-elle.

Là, devant moi, un bandeau dans les cheveux, un sourire impeccable et son matériel d'art dans les mains, se tient Harry Styles. Bien sûr, il pourrait passer pour le garçon simple, et voisin de palier de la personne que je représente, mais ce n'est jamais aussi simple. Harry et moi, nous sommes toujours retrouvés dans les mêmes classes depuis notre enfance. Et il va de soit qu'il était la dernière personne que je m'attendais à trouver derrière ma porte, alors que j'avais déménagé à plus de deux cents kilomètres de chez moi pendant l'été, pour commencer ma première année d'étude d'art à Cardiff. Foutu karma.

« Je ne voudrais surtout pas te déranger, tu sais, mais j'ai vraiment besoin de terminer ce projet. »

Une fossette se creuse dans sa joie gauche, et comment suis-je censé résister devant ce spectacle ? Je lui balance un sourire concis alors que je me décale pour le laisser entrer chez moi. Je sens que cette soirée va être longue. Il se débarrasse de ses affaires, qu'il pose négligemment sur le tapis placé entre mon canapé et ma télévision, et laisse son regard parcourir l'intérieur de mon appartement. Le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai bien fait de ranger mon appartement en rentrant chez moi ce soir, après les cours.

« J'aime beaucoup ton appartement, le mien ne ressemble à rien, il est un bordel pas possible. »

Il ne m'a jamais adressé la parole en plus de dix ans passé ensemble dans les mêmes classes, et là, il me parle décoration et m'avoue être un bordélique né. Je ne sais pas trop quoi en penser. J'hausse des épaules. Pas que je veuille me la jouer cool et détendu, je suis juste incapable de desserrer les dents en sa présence. Harry est la personne ordinairement appréciée et pourtant intimidante par sa présence. Il m'intimide moi, juste moi, pas les autres. Parce qu'il est beau et que je suis attiré depuis surement trop longtemps par ses cheveux bouclés et son regard vert sapin pétillant. Foutu Styles.

Le silence qui comble mon chez moi me perturbe et je me surprend à rougir en relevant le regard vers Harry, qui lui me sourit, ignorant tout de la personne que je suis. Je souffle et je me tourne pour pénétrer dans ma cuisine et me servir un verre d'eau. Normalement je devrais en proposer un à Harry, mais je n'arrive pas à parler, c'est plus fort que moi. Foutu timidité à la con. Et pourtant, j'aimerai lui parler, pour qu'il voit que je ne suis pas bizarre, mais je pense que c'est malheureusement déjà trop tard.

« Louis ? »

Mon prénom de sa bouche sonne tellement beau et mélodieux que je m'en veux d'être aussi guimauve pour juste cinq misérable lettres. L'amour rend idiot. Vraiment idiot. Surtout quand il dure depuis longtemps sans retour. En même temps, ce n'est pas comme s'il aurait pue s'en rendre compte, je ne lui ai jamais parlé, et j'ai toujours été le garçon solitaire et en retrait. Comment le découvrir ? A moins d'être un sorcier vaudou c'est carrément impossible.

Je grogne pour lui faire savoir ma présence, et je souffle en levant les yeux au ciel. J'ai le comportement d'un homme des cavernes en chaleur. Reprend toi Tomlinson. J'entend des bruit de pas, et je sais que les bottines marron en daim d'Harry se rapproche de moi, lentement mais surement. Je dépose tranquillement mon verre sur le comptoir de ma cuisine, et remplis de bonne volonté je fais face à mon imprévu, en plaquant un sourire que je suis sur est totalement ridicule.

« À boire ? »