J'émergeai difficilement. Ma tête ressemblait à un tambour pulsant douloureusement et mes yeux étaient tellement gonflés que j'arrivai à peine à les entrouvrir. Pleurer était peut-être libérateur, mais question effets secondaires...ça craignait ! C'est en tentant de me redresser que je me rendis compte de deux choses simultanément. Premièrement, qu'essayer de bouger la tête et même le reste de mon corps semblait une très mauvaise idée et que deuxièmement...je me trouvais toujours dans les bras de Lynch et ça franchement...c'était encore pire !
— Eh là, doucement...ça va mieux ? me demanda ce dernier d'une voix douce et ensommeillée alors que j'essayai de me dégager de ses bras, de manière pas très convaincante, il faut bien l'avouer.
Car même si j'étais mortifiée qu'il ait dû me prendre sur ses genoux comme une gamine de dix ans, il fallait bien reconnaître que sentir ainsi des bras autour de moi et pouvoir me reposer quelques instants sur quelqu'un était très agréable et appréciable...même si c'était Lynch. Mais justement parce que c'était lui, je me sentais obligée de protester, au moins pour la forme ! Sinon il s'en servirait sans pitié contre moi, dès que j'aurai un instant de faiblesse.
— Oui, merci...croassai-je d'une voix éraillée et grinçante, tellement ma gorge était serrée et douloureuse. Je suis dé...
— Tu n'as vraiment aucune raison d'être désolée, me dit-il d'un ton gentiment réprobateur, en se redressant légèrement contre le mur.
Son mouvement bien que léger me fit tanguer, faisant tinter ma tête d'une manière très désagréable et douloureuse qui me fit instinctivement porter mes mains à mes tempes. Constatant ma réaction, Lynch resserra ses bras autour de moi pour me stabiliser tandis qu'il prenait une position plus confortable sur le sol dur.
— Non...lâchez-moi, c'est bon vous n'êtes pas obligé...
— Je ne m'oblige à rien du tout et je pense, non j'affirme, que mes genoux sont beaucoup plus confortables que le béton, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie, tout en desserrant son étreinte maintenant qu'il était mieux installé.
— Oui mais c'est...ça me gêne. Vous...
— ça ne t'as pas dérangé de partager un matelas avec Connors parce qu'il n'y en avait plus de disponible ?! m'assena-t-il de sa voix caustique habituelle, me plongeant dans un embarras abyssal. Et bien là c'est exactement pareil. Tu étais en détresse, tu avais besoin de réconfort, j'étais là à ce moment-là...et c'est tout.
— Oui, mais à présent que cela va mieux, rester dans vos bras me parait...inapproprié !
— Inapproprié ?! Si tu le vois comme ça pas de problème, me dit-il avec un petit rire crispé tandis qu'il me saisissait sous les bras et m'aidait à m'assoir par terre à côté de lui.
— Merci, lui dis-je d'une voix gênée et soulagée à la fois.
— Au fait, quand vas-tu enfin te décider à me tutoyer et à m'appeler par mon prénom ? me demanda-t-il en tournant son visage vers moi et en me fixant d'un regard légèrement moqueur.
— Certainement jamais, lui répondis-je du tac au tac dans un élan de sincérité peut être malvenu. Pour moi vous êtes et resterez toujours le professeur Lynch, ajoutai-je pour m'expliquer. Désolée mais je n'arrive pas à vous voir autrement.
Sans compter que depuis le début de cette histoire de fou, vous me traitez comme la dernière des enquiquineuses, ruminai-je en mon fort intérieur. Tandis que je me frottai doucement les yeux pour essayer d'atténuer le gonflement.
— Je peux comprendre, me répondit-il, visiblement satisfait de ma réponse. Bon, puisque nous sommes seuls tous les deux et que nous avons visiblement du temps à perdre...que voudrais-tu savoir ?

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Isolated System - Tome 1
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...