8. Je suis voyant

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C'est une fois arrivé devant la bibliothèque que j'éprouve un besoin extrême de courir derrière le bus, qui vient de me déposer ici, pour repartir, et fuir mes responsabilités.
Je n'ai toujours pas récupéré mon téléphone, j'aimerais appeler pour supplier le patron de me reprendre et ne pas avoir à l'afronter en face. Seulement, c'est loin d'être une option alors, la mine défaite et la démarche hésitante, je pousse la porte du batiment.
La petite cloche située au dessus de la porte, teinte d'enthousiasme le silence que, pour la première fois, je trouve oppressant.
- Bonj... Tu es Tewis je crois ?

C'est la stagière qui me parle je crois, elle est un peu floue parce que je n'arrive pas à fixer mon regard, je cherche desépérement Galia ou Samuel. Je suis dans un état de stress qui m'est totalement étrangé, je métrise assez mal ce genre d'émotions que je ressens très rarement. Samuel est bien là, je peux entendre sa voix de snobinard, il est à côté des bureaux, il discute sûrement avec une collègue. Ce garçon a un problème je pense, c'est étrange mais il a dû passer plus de temps dans cette foutue biblio' que moi quand j'y travaillait ! Tant que j'y suis, c'est un hypocrite et un dictateur ! Maintenant que j'y pense... C'est un vrai connard en fait !
- Pourquoi Samuel est là ?! Je demande rudement à la brune qui cherche mon regard.

- Samuel ? Elle attire soudain mon attention, je la vois remuer les bras en claquant des doigts.

- Un blond insupportable, qui est responsable d'un club de lecture à la con dont je veux refaire parti !

Elle a l'air un peu troublée par ma réponse, et je rèpète en articulant bien chaque syllabe. C'est méchant et je m'en apperçois quand elle lève les yeux au ciel en faisant claquer sa langue, en plein milieu de ma phrase.
Je crois que j'essaie juste de gagner du temps, Samuel est énervant c'est certain, mais je suis sûrement bien pire et, je l'ai toujours supporté. De plus, je ne pense pas pouvoir l'accuser de mon licenciement, c'est moi qui ai rater des heures de travail !
- Pardon, je suis un peu sur les nerfs là !

Je suis ailleurs quand je sens qu'on me tappote sur l'épaule, alors je sursaute et me retourne vivement.
La stagière est plantée devant moi - vraiment devant moi, quelque chose comme cinquante centimètres ! - Je fais un bond en arrière et elle étouffe une exclamation.
- Je te disais que j'avais un truc pour toi et, je ne sais pas ce que c'est, je tiens à le préciser. Je transmet seulement ce qu'on me donne, c'est mon trav... Pardon ! Hum, 'fin voilà !

Et elle me tend une enveloppe tamponnée. Je pourrais aussi bien me passer de lecture, je sais qu'il s'agît de ma lettre de licenciement. Effectivement, je dois avoir un don de clairvoyance car, comme je m'en doutais, c'est bien une lettre adressée par le patron pour Monsieur Tewis Lezèbre (je peux déjà envisager sérieusement cette histoire de reconversion, je dirais la bonne aventure, tant pis) et qui - dans les grandes lignes - dit : "Salut, vous êtes viré parce que vous êtes clairement un poids inutile et encombrant pour mon empire, vous serez gentil de ne plus traîner dans nos pattes et de refermer correctement la porte derrière vous en sortant, bisous !"
Mais ça, c'est un résumé, parce que lire tout le détail de pourquoi vous êtes un raté, ça c'est fun !

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 28, 2017 ⏰

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