PROLOGUE

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Décembre 2016


_Décroche....Décroche......je t'en prie décroche, sanglote-t-elle en priant intérieurement pour que celui qu'elle appelle entende son appel. La sonnerie du téléphone retentit de façon incessante et persistante au rythme désordonné des battements de son coeur devenant de plus en plus lourds.

_Kai, grouille-toi d'ouvrir cette porte ! Le menacé-je.

_Je fais ce que je peux ! me rétorque-t-il en s'activant.

Je le vois se démener avec le trousseau de clés, je ne tiens plus. L'angoisse, et la peur sont les plus fortes. La sonnerie du téléphone ne fait qu'accentuer cette peur qui me vrille le cœur et qui retentit jusqu'au plus profond de mes entrailles.

_J'arrive, j'arrive....peste Kai face à cette serrure dont-il ne parvient pas  à venir à bout. Putain, c'est pas la bonne clé, lâche-t-il  en serrant la mâchoire.

_Bouge ! Hurlé-je en le poussant violemment.

Je me recule et d'un coup d'épaule je défonce la porte qui vole en éclats. A cet instant, je ne ressens pas la douleur physique juste celle du cœur. Je me précipite dans l'appartement et fonce sur le téléphone que je décroche, mais il s'arrête aussitôt de sonner.

_C'est pas vrai ! je peste de colère contre le sort qui s'acharne sur moi.

La rage à cet instant implose en moi si bien que je tape du poing sur le meuble. Si je m'écoutais, j'enverrais valser ce putain de téléphone contre le mur, mais ma raison me hurle de ne rien faire. Je patiente, la main toujours pressée sur le combiné lorsqu'il se remet à sonner. Je m'empresse de décrocher et de le porter à mon oreille.

-... Keshin...

Ce son est libérateur. Putain, c'est elle ! Je respire ! Je revis ! Mon cœur s'affole alors que mes poumons se gorgent d'air et malgré cela je me sens au bord de la suffocation. Cette voix, je la reconnais à peine. Elle est faible et hésitante...à peine audible, presque un murmure. Il n'y a qu'une personne de tout mon entourage qui m'appelle par mon prénom complet. Une seule personne et la seule que je tolère. Je mets le haut parleur.

_Hope ? Tu vas bien ? Où es-tu.... ? Bordel Hope, tu es où ?

Les trémolos dans ma voix traduisent mon inquiétude et je ne cherche même pas à m'en cacher. Quarante huit heures, voilà quarante huit heures que je suis comme un fou, un camé en manque d'elle, car elle ne m'a pas donné signe de vie et l'entendre de nouveau est un tel soulagement et en même temps un tel supplice de la savoir loin de moi.

Enfin, elle m'a appelé ! Ma voix que je veux chaude, rassurante et réconfortante raisonne à son oreille comme une libération  même si sa voix est faible, tremblante et inquiétante.

-... Kenshin...Oh Kenshin ! Je suis... je ne sais pas... je ne sais pas quoi faire..., sanglote-elle paniquée.

Sa panique et ses larmes à l'autre bout du fil finissent  par m'achever. Elle chuchote plus qu'elle ne me parle, signe qu'elle se cache. Je me cramponne à ce combiné comme si ma vie en dépendait, à me faire mal aux jointures de mes doigts. Je dois garder mon calme, ne pas paniquer pour ne pas la faire paniquer. Sa respiration est lourde et sifflante. Elle semble essoufflée. De toute évidence quelque chose de grave est en train de se jouer.

_Hope, dis-moi que tu vas bien ? Que tu n'es pas blessée ?

Ma voix est suppliante.

_Pour le moment ça va !

LOST PARADISE ( en pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant